Code postal
4960

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Ludwig van BEETHOVEN

Buste de Ludwig van Beethoven, kiosque réalisé par l’architecte Fritz Maiter, 1934.

Sur son territoire, la ville de Malmedy possède trois kiosques, décorés et fleuris : ils sont situés place de Rome, place saint Géréon, ainsi que place du Pont Neuf. Datant de 1901, celui de saint Géréon rappelle l’ancienne église bâtie au même endroit pendant plusieurs siècles. En 1923, le kiosque à musique de la place de Rome est construit, à l’initiative et aux frais des habitants du quartier, à l’emplacement de l’ancienne statue en pierre à la gloire de l’empereur Guillaume : surnommée le « Pétèr Prûs » par les habitants, cette statue avait été élevée en 1904 pour commémorer la victoire prussienne de 1870 ; après l’Armistice de novembre 1918, la statue fut enlevée et son socle rasé. 

En 1934, sur les plans de l’architecte malmédien Fritz Maiter, le troisième kiosque, celui du Pont Neuf, est édifié à l’emplacement d’un petit jardin, face à la Chapelle de la Résurrection. De forme circulaire, de style néo-classique, ce kiosque à musique ressemble à un temple monoptère à chapiteaux ioniques. S’appuyant, d’un côté, sur le pignon des maisons des deux rues de la Vaulx et de Derrière la Vaulx, il est formé de six colonnes. Ouvert au public, il est créé en même temps que la société musicale « La Lyre » qui, elle, disparaîtra avec la Seconde Guerre mondiale. À l’intérieur de cet espace, on peut voir le buste de trois illustres compositeurs allemands : Richard Wagner, Amadeus Mozart et Ludwig van Beethoven.

Buste de Ludwig van Beethoven (Malmedy)

Compositeur né à Bonn en 1770, Beethoven occupe une place particulière au firmament de l’histoire de la musique. Lointain descendant d’une famille originaire de Malines, le jeune Beethoven évolue dans un milieu tourné vers la musique : son grand-père était en effet maître de chapelle du prince-électeur de Cologne ; son père était lui aussi musicien et ténor à la même cour. Tentant de produire son fils sur toutes les scènes d’Europe à l’instar des Mozart quinze ans plus tôt, Johann van Beethoven échoue, malgré l’indéniable talent du jeune Ludwig : celui-ci devra à de vrais pédagogues et à un mécène éclairé la chance d’émerger comme pianiste virtuose et compositeur. Introduit à la Cour de Vienne, il y rencontre Mozart qui le présente à Haydn. Désormais, à partir de 1792, Vienne devient le lieu où Beethoven s’épanouit et où il écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de la musique. 

Au-delà d’une œuvre remarquable, il influence la musique occidentale tout au long du XIXe siècle. Musicien adulé, compositeur de la 9e Symphonie, dont un extrait du presto final de l’Ode à la joie est devenu l’hymne de la CEE à partir de 1985, Beethoven est un personnage historique qui fait l’objet de très nombreux bustes ou statues à travers le monde ; s’il est statufié fort logiquement à Bonn, sa ville natale, et à Vienne, là où il passa l’essentiel de son existence, Beethoven est aussi présent dans l’espace public notamment au Mexique, aux États-Unis (New York, Los Angeles), en Hongrie, en Espagne, en Tchéquie, etc. La liste des lieux où se trouvent des bustes et statues du musicien est loin d’être exhaustive. Parmi ces dizaines de villes, on trouve Malmedy, seule cité de Wallonie à rendre hommage au compositeur allemand.

En l’absence de signature sur le buste, on sera amené à déduire que son auteur n’est autre que l’architecte qui a conçu le kiosque. Avec l’appui et le soutien de son père, Édouard (1854-1928), qui est entrepreneur, Fritz Maiter (1881-1954) est un architecte qui a entamé sa carrière de façon spectaculaire car, il n’a pas 20 ans quand il signe les plans de l’Hôtel de ville de Malmedy, souhaité et financé à ses frais par le papetier Jules Steinbach. Cette mairie au hall de marbre blanc affiche sur son fronton une inscription en latin, Civibus (aux citoyens), qui est un pied de nez au Landrat qui souhaitait une inscription en allemand. Diplômé de l’École royale d’Architecture d’Idstein (1898), le jeune Maiter avait déjà construit toutes les maisons de la nouvelle rue Steinbach (1899-1900). 

Comme son père, il est aussi entrepreneur et directeur de la briqueterie familiale, avant de fonder, en 1913, une entreprise de fabrication de blocs de cendrée et de diriger une société de transport. Mobilisé durant la Grande Guerre, il est chargé de l’entretien et de la réparation de voies ferrées pour la Prusse. Au moment de l’Armistice, il est nommé architecte de la ville de Malmedy dont l’annexion à la Belgique va se réaliser à la suite des Traités de Versailles. Il exercera cette fonction jusqu’en 1948. Marié à la liégeoise Christine Collienne, il poursuit sa carrière à la fois au service des autorités communales - il signe notamment la piscine de Malmedy, les kiosques, une école – et conçoit des plans pour plusieurs villas à Malmedy et dans sa région. Supervisant avec minutie l’entretien des voiries et des bâtiments publics de Malmedy, il s’occupe encore de rénovations ou d’interventions sur divers édifices religieux.

En dépit de ses multiples talents, Maiter est-il l’auteur des bustes des trois musiciens ? Le doute est permis. À défaut de certitude ou d’informations contraires, l’hypothèse que les trois bustes soient des productions industrielles de faible qualité est permise. Comparés à nombre de bustes des trois musiciens, ils présentent la particularité de les représenter jeunes, leur visage orienté vers la droite et la tête légèrement redressée, attitude relativement peu courante.


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot – Malmedy – Saint-Vith, Malmedy, 1979, t. 43, p. 36 et errata dans t. 47 (1983), p. 139
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot – Malmedy – Saint-Vith, Malmedy, 1982, t. 46, p. 109
Philippe KRINGS, Fritz Maiter et les cent ans de notre hôtel de ville, dans Malmedy Folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 27-43
http://wc.rootsweb.ancestry.com/cgi-bin/igm.cgi?op=GET&db=wmakemp&id=I4547 
http://ns9.horus.be/code/fr/ipw_info_detail.asp?pk_id_news=1059 (s.v. novembre 2015)

kiosque de la place du Pont Neuf
4960 Malmedy

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Guillaume APOLLINAIRE

Monument érigé à la mémoire du poète Wilhelm Apploniars de Kostrowisky - alias Guillaume Apollinaire, œuvre réalisée par Fernand Heuze sur un dessin d’Oscar Lejeune, 23 juin 1935.

Le court séjour de Guillaume Apollinaire dans la région de Stavelot-Malmedy a fait l’objet de nombreux écrits auxquels se sont ajoutés des commémorations diverses et variées, allant d’une référence commerciale à des colloques, en passant par l’ouverture d’un musée et l’inauguration de monuments. Le plus spectaculaire est assurément celui de Bernister qui commémore le séjour du poète dans la région durant l’année 1899. Il faut pénétrer de quelques dizaines de mètres dans le bois pour apercevoir un ensemble de sept blocs de pierre, géométriques, en calcaire bouchardés, l’ensemble formant une sorte de cromlech « dans un esprit apollinarien ». Au centre, se trouve la plus haute stèle – elle mesure 4 mètres de haut – sur laquelle ont été gravés les mots Guillaume Apollinaire et la fameuse date de 1899 en cette disposition « parallélépipédique » :


GUIL    L    AUM    E
APOL    I    NAIR    E
1899           


Formant le cercle autour de la stèle centrale, six autres blocs de plus petites tailles (permettant de s’asseoir) portent une série d’inscriptions gravées formant une seule phrase, en l’occurrence trois vers de La jolie rousse, texte écrit entre 1912 et 1916 et publié en 1917, le dernier poème des « Calligrammes » :

« Soyez indulgents quand / vous nous comparez à
ceux qui furent la / perfection de l’ordre,
nous qui quêtons / partout l’aventure. »


Cette ronde de bornes n’est pas sans évoquer des bornes frontières en cet endroit situé à la limite des anciens pays de Stavelot et de Malmedy ; cette dernière cité, faut-il le rappeler, venait d’être « annexée » à la Belgique à la suite des récents Traités de Versailles quand le monument est inauguré ; Apollinaire, quant à lui, avait connu la situation ancienne où Stavelot était belge et Malmedy prussienne.


Né à Rome en août 1880, officiellement de père inconnu (en fait le comte Francesco Flugi d’Aspremont), le futur poète reçut de sa mère, la « baronne » Olga-Angélica de Kostrowitzky, plusieurs prénoms, dont Guillaume et Apollinaire qui deviendront sa signature littéraire. Après avoir séjourné à Bologne, Monaco, puis à Paris, la baronne franchit la frontière franco-belge avec son nouvel amant, Jules Weil, suivi par les conséquences de quelques revers financiers. Alors âgé de presque 19 ans, Wilhem ou William, ainsi que son frère Albert les accompagnent (juin 1899). La mère s’installe à Spa, tandis que les deux jeunes gens vont rejoindre le « beau-père » à Stavelot, où il a pris pension chez Constant-Lekeux, « charcutier - restaurateur, 12 rue Neuve ». Laissés seuls dès la fin du mois de juillet, les deux adolescents multiplient les promenades durant l’été, font des rencontres et partagent leur temps avec certains locaux ; mais sans le sou, ils finissent par s’enfuir le 5 octobre : leur mère et son ami ont quitté Spa et son casino depuis longtemps ; depuis le mois d’août, ils sont rentrés à Paris, et personne n’a l’argent pour payer la pension de Stavelot. Ce n’est qu’en 1934 que Christian Fettweis découvre dans un vieil album l’identité des deux frères et publie Apollinaire en Ardenne.


Avant lui, André Billy, Robert Vivier, Marcel Thiry notamment avaient déjà eu l’attention attirée par la familiarité d’Apollinaire tant avec la langue wallonne de Malmedy qu’avec certains lieux, voire des us et coutumes propres à l’est wallon ; le poète n’avait-il pas aussi ressenti la vive opposition qui animaient les Prussiens de Malmedy aux Wallons malmédiens ? Emporté par la grippe espagnole à la fin de la Grande Guerre, il ne pouvait plus répondre aux interrogations de ses contemporains. Indiscutablement, le bref séjour wallon avait marqué l’œuvre du poète maudit qui choisit, à Stavelot, d’abandonner définitivement la version germanique de son prénom, Wilhem, pour adopter celui de Guillaume. Comme l’écrit Maurice Piron, en 1975, grande est « l’influence du séjour à Stavelot sur la sensibilité de celui qui, entre les lignes d’un cahier au nom de Wilhelm Kostrowitzky, essayait les premières signatures de Guillaume Apollinaire. (…) l’expérience des trois mois et demi passés en Wallonie fut féconde pour la genèse elle-même de l’œuvre qui allait naître, puisqu’elle coïncide avec la gestation des premiers thèmes apollinariens et qu’elle l’a, jusqu’à un certain point, conditionnée » (PIRON, p. 73-74).


C’est grâce à Fettweis qu’il n’y a dorénavant plus aucun doute sur le bref séjour d’Apollinaire en Wallonie. Très vite, la volonté de faire connaître « cet épisode historique » va prendre plusieurs formes à l’initiative de la Société des Écrivains ardennais et de la Société des Beaux-Arts de Verviers. Éditrice de l’ouvrage de Fettweis, cette dernière propose d’élever un mémorial le long de la vieille route de Malmedy, à Francorchamps. Unissant leurs efforts, les deux sociétés inaugurent d’abord à Stavelot, le 23 juin 1935, le médaillon et la plaque commémorative dans l’entrée de l’Hôtel Constant ; ensuite, elles inaugurent le Mémorial de Malmedy.


Leur initiative malmédienne a reçu les adhésions officielles de Paul Valéry, Henri de Régnier, Lucien Descaves, André Gide, Gaston Rageot, Francis Jammes,  Francis Carco, Paul Léautaud, André Billy, André Rouveyre, Jules Romains, Tristan Derême, Émile Zavie, André Salmon, Henri Duvernois, Joseph Delteil, Luc Durtain, Jacques Boulenger, Max Jacob, Valéry Larbaud, Ivan Goll, Marius Ary Leblond, ainsi que de Jean Cocteau. Tous ne sont pas présents le jour de l’inauguration, mais tant les autorités de Stavelot que celles de Malmedy ont mobilisé leur population pour accueillir les délégations et représentants officiels (comme le consul général de France, Fernand Sarrien, ou le gouverneur de la province de Liège, voire Lucien Christophe, représentant officiel du ministre belge de l’Instruction publique, ainsi que Charles Delchevalerie, André Billy, Olympe Gilbart ou Marcel Thiry), en présence de Jacqueline Apollinaire, la veuve du poète. La seule absence remarquée est celle de Paul Claudel, ambassadeur de France à Bruxelles qui a refusé d’inaugurer le monument. Une fois tout ce beau monde rassemblé, un fort cortège quitte à pied l’hôtel de ville de Malmedy pour gravir le chemin conduisant au sommet de la butte de Bernister culminant à 500 mètres d’altitude.

 

Monument Guillaume Apollinaire

Le Mémorial Apollinaire a été dessiné par Oscar Lejeune et exécuté par le sculpteur verviétois Fernand Heuze (1883-1955), plusieurs fois sollicité dans l’Entre-deux-Guerres pour réaliser des monuments dans les Hautes Fagnes (par exemple, les monuments Legras et Frédéricq). Artiste discret, Heuze est comme ses collègues l’auteur de plusieurs monuments aux victimes de la Grande Guerre (par exemple celui d’Aubel avec son joueur de clairon du 12e de ligne en 1921, ou celui de Charneux). Par ailleurs, il enseigne à l’Académie de Liège. Dans son atelier, il initie son fils – parfait homonyme, né en 1914 – à la sculpture, mais c’est vers la peinture que celui-ci se dirigera, tout en étant un membre actif du comité de Verviers des Amis de la Fagne. Quant à Oscar Lejeune (Verviers 1904-1970), s’il dirige le théâtre du Parc de 1947 à 1969, il était aussi « un ami de la Fagne » et l’un des accompagnateurs de Christian Fettweis lorsque les promeneurs firent une courte halte, en 1934, dans l’hôtel-pension des Constant-Lekeux, à Stavelot, et y découvrirent qu’Apollinaire y avait séjourné en 1899. Docteur en Droit, catholique, cet amateur de théâtre se plie d’abord à la gestion des affaires commerciales familiales (de 1926 à 1943, le Verviétois est dans le « textile »), avant de se consacrer entièrement à sa passion, en tant que directeur d’un théâtre professionnel. Fondateur et responsable de la Société des Beaux-Arts de Verviers (1929-1940), Oscar Lejeune organise de grandes expositions et des concerts, et soutient des initiatives telles que celles qui honorent Apollinaire à Stavelot et Bernister.



http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:2vduF-JT0EEJ:www.wiu.edu/Apollinaire/Archives_Que_Vlo_Ve/1_13_5-11_Quelques_articles_sur_le_monument_de_Bernister.doc+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=be
Guy PEETERS, sur http://www.spa-entouteslettres.be/apollinaire.html (s.v. mars 2015)
La Vie wallonne, 15 juin 1925, LVIII, p. 409-412 
La Vie wallonne, 1950, IV, n°252, p. 299
La Vie wallonne, 1974, I, n°345, p. 41-42
L’Intransigeant, 6 janvier 1935
Victor MOREMANS, dans La Gazette de Liège, 24 juin 1935
André PAYER, dans Comédia, 3 juillet 1935
L’Œuvre, 11 décembre 1935
Maurice PIRON, Guillaume Apollinaire et l’Ardenne, Paris, Jacques Antoine, 1975
Postface de Marcel THIRY, dans Maurice PIRON, Guillaume Apollinaire et l’Ardenne, Paris, Jacques Antoine, 1975, p. 118-119
Christian FETTWEIS, Apollinaire en Ardenne, Bruxelles, Librairie Henriquez, 19

34
Cor ENGELEN, Mieke MARX, Dictionnaire de la sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. III, p. 809
Lettre de Guillaume Apollinaire à James Onimus, juillet 1902, dans Œuvres complètes de Guillaume Apollinaire, Balland-Lecat, II, p. 714
Guy ZELIS, Les intellectuels catholiques en Belgique francophone aux 19e et 20e siècles, p. 262-278
Pascal KUTA, Grande Guerre : l’image du souvenir en Wallonie, photos de Guy Focant, Namur, IPW, 2014
R. COLLARD et V. BRONOWSKI, Guide du plateau des Hautes Fagnes, Verviers, éd. des Amis de la Fagne, 1977, p. 302

 

lieu-dit Thier de Liège
4960 Malmedy-Bernister

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque et médaillon Guillaume APOLLINAIRE

Plaque commémorative et médaillon Guillaume Apollinaire, 23 juin 1935 ; médaillon refait en 1950.
Médaillon refait par Léon Remy.

Le court séjour de Guillaume Apollinaire dans la région de Stavelot-Malmedy a fait l’objet de nombreux écrits auxquels se sont ajoutés des commémorations diverses et variées, allant d’une référence commerciale à des colloques, en passant par l’ouverture d’un musée et l’inauguration de monuments. C’est ainsi que le 23 juin 1935 furent notamment inaugurés un médaillon et une plaque commémorative dans l’entrée de l’hôtel du… Mal-Aimé, à Stavelot.
Pourtant, dans un premier temps, les Stavelotains eurent motivation à se montrer mécontents du passage dans leur ville du poète et de son frère. En quittant l’hôtel où ils avaient passé toute la saison 1899, Guillaume et Albert laissèrent quelques effets personnels qui n’auraient pas suffi à rembourser l’ardoise de 600 francs de l’époque qu’ils laissèrent à l’hôtelier. En découvrant par la suite l’identité de leur hôte, les autorités locales s’empressèrent de ne retenir que la partie la plus positive des événements. Sous le médaillon, on trouve une inscription somme toute sibylline, une phrase que comprenne qui pourra :


« A L’AUBE DU 5 OCTOBRE
1899, LE POÈTE GUILLAUME
APOLLINAIRE QUITTA CETTE
MAISON OÙ IL VÉCUT UNE
SAISON DE SA JEUNESSE. »


Ce serait une erreur d’y apercevoir du reproche. Le temps a passé. L’honneur d’avoir accueilli l’illustre Apollinaire efface toutes les dettes.


Né à Rome en août 1880, officiellement de père inconnu (en fait le comte Francesco Flugi d’Aspremont), le futur poète reçut de sa mère, la « baronne » Olga-Angélica de Kostrowitzky, plusieurs prénoms, dont Guillaume et Apollinaire qui deviendront sa signature littéraire. Après avoir séjourné à Bologne, Monaco, puis à Paris, la baronne franchit la frontière franco-belge avec son nouvel amant, Jules Weil, suivi par les conséquences de quelques revers financiers. Alors âgé de presque 19 ans, Wilhem ou William, ainsi que son frère Albert les accompagnent (juin 1899). La mère s’installe à Spa, tandis que les deux jeunes gens vont rejoindre le « beau-père » à Stavelot, où il a pris pension chez Constant-Lekeux, « charcutier - restaurateur, 12 rue Neuve ». Laissés seuls dès la fin du mois de juillet, les deux adolescents multiplient les promenades durant l’été, font des rencontres et partagent leur temps avec certains locaux ; mais sans le sou, ils finissent par s’enfuir le 5 octobre : leur mère et son ami ont quitté Spa depuis longtemps ; depuis le mois d’août, ils sont rentrés à Paris, et personne n’a l’argent pour payer la pension stavelotaine.

 

Plaque commémorative Guillaume Apollinaire

Rendu enragé par ce coup fourré, l’hôtelier qui sera contraint de retarder le mariage de sa fille déposera plainte auprès du procureur du roi de Verviers et brûlera tous les papiers abandonnés dans la chambre par ces « étrangers escrocs ». La justice prononcera un non-lieu et ce n’est qu’en 1934 que Christian Fettweis va découvrir dans un album de cartes et de photos de la pension Constant, une carte illustrée adressée à Willem Kostrowitzy, le 31 août 1899 par un certain Auguste. Racontant avec force détails le bref séjour ardennais des deux frères en cette fin de XIXe siècle, il dénoue un mystère en publiant Apollinaire en Ardenne. Avant lui, André Billy, Robert Vivier, Marcel Thiry notamment avaient déjà eu l’attention attirée par la familiarité d’Apollinaire tant avec la langue wallonne de Malmedy qu’avec certains lieux, voire des us et coutumes propres à l’est wallon ; n’avait-il pas aussi ressenti la vive opposition qui animaient les Prussiens de Malmedy aux Wallons malmédiens ? Indiscutablement, le bref séjour wallon avait marqué l’œuvre du poète maudit qui choisit, à Stavelot, d’abandonner définitivement la version germanique de son prénom, Wilhem, pour Guillaume. 

Emporté par la grippe espagnole à la fin de la Grande Guerre, il ne pouvait plus répondre aux questions de ses contemporains. Pendant plusieurs années, on émit des hypothèses sur l’itinéraire d’Apollinaire en Wallonie et la date de 1902 était souvent avancée, sans preuve. Une fois le double mystère levé (l’identité des logeurs indélicats et le séjour d’Apollinaire en Wallonie), la Société des Écrivains ardennais s’empresse de faire connaître son intention de marquer l’événement à Malmedy (18 mars 1934), tandis que la Société royale des Beaux-Arts de Verviers (qui a édité l’ouvrage de Fettweis) propose d’élever un mémorial le long de la vieille route de Malmedy, à Francorchamps. Unissant leurs efforts, et avant le Mémorial de Malmedy, les deux sociétés inaugurent à Stavelot, le 23 juin 1935, le médaillon et la plaque commé

morative dans l’entrée de l’Hôtel Constant, qui deviendra l’hôtel du Luxembourg, avant d’adopter définitivement le nom d’hôtel du Mal Aimé. Devant un public averti, les discours se clôturent par une interprétation de la Brabançonne et de la Marseillaise.


Durant l’offensive Von Rundstedt de décembre 1944, un éclat d’obus endommage le « souvenir Apollinaire ». Lors d’un passage à Stavelot en 1949, Carlo Bronne et Marcel Thiry interrogèrent les Stavelotains sur leurs intentions de restaurer la plaque ; on les envoya vers « le tombier », le tailleur de pierres tombales local qui tenait aussi café sur la grand place : c’était le même qui avait gravé la première plaque. Ayant déjà reçu un billet d’un « apollinariste » inconditionnel, il remit son prix au duo d’écrivains et l’affaire fut faite. Le médaillon dû à Léon Remy fut remis sur une nouvelle plaque gravée et une inauguration officielle se déroula le 22 octobre 1950, tandis que se tenait dans le même temps une exposition. Professeur à l’Athénée de Stavelot, Léon Remy était membre associé de l’Institut archéologique liégeois (1949). Dans les mois qui ont suivi s’est constituée l’asbl « les Amis de Guillaume Apollinaire » (novembre 1953), puis s’est ouvert un Musée Apollinaire grâce à l’activité du journaliste Camille Deleclos et du peintre Armand Huysmans. À partir de 1958, des biennales se déroulent à Stavelot, véritables journées d’études apollinariennes.


http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:2vduF-JT0EEJ:www.wiu.edu/Apollinaire/Archives_Que_Vlo_Ve/1_13_5-11_Quelques_articles_sur_le_monument_de_Bernister.doc+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=be
Guy PEETERS, sur http://www.spa-entouteslettres.be/apollinaire.html (

s.v. juin 2014)
La Vie wallonne, 15 juin 1925, LVIII, p. 409-412 
La Vie wallonne, IV, n°252, 1950, p. 299
La Vie wallonne, I, 1974, n°345, p. 41-42
Christian FETTWEISS, Apollinaire en Ardenne, Bruxelles, Librairie Henriquez, 1934
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 344
Postface de Marcel THIRY, dans Maurice PIRON, Guillaume Apollinaire et l’Ardenne, Paris, Jacques Antoine, 1975, p. 117-118

rue de l’Hôtel de ville 34
4960 Stavelot

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument PETERS

Monument abbé Péters

Dans le prolongement de la rue de la Tannerie, à hauteur de la place du Parc, un espace a été aménagé pour accueillir le buste en bronze de l’abbé Péters, exécuté par les Allemands en 1943. Depuis cette esplanade, l’axe de vision permet d’apercevoir nettement les deux tours de l’ancienne abbatiale et cathédrale Saints-Pierre-et-Paul et Saint-Quirin de Malmedy, église à laquelle l’abbé était particulièrement attaché.

Originaire de Verviers, Joseph Péters (1894-1943) avait terminé des études de théologie au Petit Séminaire de Saint-Trond et au Grand Séminaire de Liège quand il est ordonné prêtre (1921). La Grande Guerre l’avait conduit sur la route des Pays-Bas, chemin obligé pour rejoindre l’armée belge sur le front de l’Yser, mais il est arrêté et emprisonné à Holzminden, n’étant libéré qu’en raison de son état de santé délicat. 

Professeur au Petit-Séminaire de Saint-Roch à Ferrières pendant dix ans, il est ensuite désigné comme aumônier de la JEC à Malmedy et loge alors au n° 16 de la rue du Parc. Désigné en 1937 comme professeur de religion à l’École moyenne des Filles de Malmedy, il contribue à l’intégration de cette ancienne région prussienne dans son nouveau cadre institutionnel. En effet, lors des négociations qui aboutissent à la signature du premier traité de Versailles (28 juin 1919), il a été donné suite à une partie des revendications de gains territoriaux énoncés par la Belgique : après un plébiscite populaire un peu particulier, les cantons wallon de Malmedy et germanophones d’Eupen et Saint-Vith sont transférés et placés sous la souveraineté belge

Dans les années 1930, au moment où quelques éléments isolés manifestent, à Malmedy, des positions en faveur du régime hitlérien et d’un retour du canton à l’Allemagne, l’abbé Péters va faire partie de leurs contradicteurs. Cet engagement résolu, Péters le maintient au lendemain de l’invasion allemande de mai 1940 et de l’annexion décidée par Berlin. Le 18 mai 1940, en effet, les territoires d’Eupen, Saint-Vith, Moresnet et Malmedy sont annexés au Reich et intégrés à la Rhénanie. La nationalité allemande est imposée aux habitants. En l’absence de messages émanant des autorités belges, les populations concernées vont rester longtemps démunies. Quelques rares personnalités locales émergent cependant pour dénoncer le diktat allemand et ses conséquences, notamment le recrutement des jeunes dans l’armée allemande. Dans sa paroisse (là où le monument est érigé), l’abbé Péters est de ces résistants.

De sa chaire de vérité, il multiplie les prêches antinazis, refusant de pratiquer la langue allemande qu’il connaît pourtant, pour protester contre l’interdiction du français. Dans ses interventions auprès de la jeunesse, il continue ses mises en garde contre les dangers du nazisme et de la propagande des Jeunesses hitlériennes. Tant bien que mal, il tente de détourner les jeunes de l’embrigadement massif. Placé sous surveillance dès 1941, l’abbé est accusé de faire obstacle au recrutement des jeunes malmédiens sous l’uniforme allemand. Le 1er octobre 1942, il est arrêté et incarcéré à la prison d’Aix-la-Chapelle, puis transféré à la prison de Plötzensee. L’acte d’accusation stipule : « Démoralisation de la puissance militaire, en relation avec une complicité avec l’ennemi, traître à son pays ». Condamné à mort, il est décapité à Berlin le 1er juillet 1943.

À la Libération, plusieurs hommages locaux sont rendus à l’abbé Péters. Ainsi, par exemple, la rue du Parc est-elle rebaptisée de son nom, qui figure aussi en bonne place sur les monuments aux morts réalisés dans les années 1940. En 1953, une plaque commémorative est inaugurée dans la cour de l’école moyenne des filles, là où il avait enseigné. On peut y lire « Je donne volontiers ma vie pour la jeunesse de Malmedy ». 

Mais c’est à l’entame des années 2000 qu’un citoyen malmédien entreprend de rendre hommage à celui qui l’avait empêché de répondre aux sirènes d’apparence séduisantes de la Jeunesse hitlérienne. Comme son frère Camille, Roger Colette (-Lansival) entrait dans l’adolescence au moment des événements qui le marquèrent durablement. Sur les conseils de l’abbé (dont Roger était l’acolyte), les parents Collette envoyèrent Camille se réfugier du côté belge. Roger lui-même fut accueilli à la frontière franco-belge. S’il évita l’incorporation dans l’armée allemande, le jeune Roger entré en résistance fut dénoncé et ne parvint pas à échapper à la mort, au camp d’Ellrich-Buchenwald. 

En guise d’hommage à l’attitude volontariste de l’abbé, Roger Collette prend l’initiative d’honorer sa mémoire et fait réaliser, à ses frais, l’esplanade ainsi que le buste de l’abbé Péters. L’ensemble est inauguré le 30 juin 2002.
 

Non signé, le buste en bronze repose sur un piédestal en pierre bleue, de conception simple. Une première plaque mentionne :

Abbé
J.PETERS

1894 - 1943

Toujours sur la face avant, sur le pied, une autre plaque, plus discrète, identifie le généreux donateur :
« l’aménagement de cette place
ainsi que le monument ont été offerts par
Roger Colette-Lansival
en juin 2002 »

Le buste a été réalisé par la firme allemande Plein-Bronzen, établie à Speicher, tandis que le socle est l’œuvre de la marbrerie malmédienne Victor Meyer.




Informations aimablement communiquées par Raymond Jacob, responsable du cercle historique de Malmedy (juin 2014)
Raymond JACOB, L'abbé Péters, résistant malmédien, dans Malmedy - folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 91-116, coll. « Malmedy - folklore »
Raymond JACOB, Le monument de l'abbé Péters, dans Malmedy - folklore, Malmedy, 2003-2005, t. 60, p. 53-58, coll. « Malmedy - folklore »
Jacques WYNANTS, Eupen-Malmedy (les « Cantons de l’Est » belges) : la question de la nationalité ; les conséquences, dans Sylvain SCHIRMANN (dir.), Annexion et nazification en Europe : Actes du colloque de Metz, 7-8 novembre 2003, Université de Metz, p. 14-16, en ligne http://www.memorial-alsace-moselle.com/f/fiches/colloque_metz/MEMORIAL_COLLOQUE_basse_reso.pdf 
http://www.malmedy.be/fr/Tourisme/A-visiter/lieux-et-sites/monument-abbe-peters.html (s.v. mai 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t.

Place du Parc
4960 Malmedy

carte

Paul Delforge

IPW

Panneau armorié à Malmedy

Situé autrefois sur le pont d’Outrelepont, un panneau armorié se trouve aujourd’hui au n° 15 de l’avenue Monbijou. Il porte à la fois les armoiries de la principauté de Stavelot-Malmedy, du comté de Logne et du prince-abbé Alexandre Delmotte. D’une hauteur d’environ 1,50 mètre il fut placé à mi-longueur du pont au moment de sa construction en 1765.

Avenue Monbijou 15
4960 Malmedy

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Marie-Anne LIBERT

Afin de marquer le centième anniversaire de la disparition de la botaniste Marie-Anne Libert (1782-1865), le Cercle naturaliste de Malmedy organise toute une série d’activités entre janvier et juin 1965. Après une messe de Requiem et la pose d’une plaque commémorative sur sa maison natale (17 janvier), une exposition (5-19 avril), une soirée littéraire (26 mai) et une nouvelle exposition (5 juin), le Cercle naturaliste Marie-Anne Libert de la Région de Malmedy inaugure, le 6 juin, un monument en présence des édiles locaux et d’autorités académiques comme le professeur Marcel Florkin. Le lieu choisi est le parc des Tanneries récemment aménagé par les autorités communales. Le mémorial est dans un cadre arboré, avec un important parterre de fleurs sur l’avant. Après cette manifestation, le Cercle éditera encore un livre collectif retraçant le parcours de la botaniste.

Monument Marie-Anne-Libert

Née en 1782 dans un village faisant encore partie de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy, Marie-Anne Libert ne prend pas aucune part active dans les révolutions politiques qui marquent les premières années de son existence. Dans les années qui précèdent son décès – le 13 janvier 1865, Malmedy était une localité prussienne – elle s’intéressera au passé de la principauté et écrira quelques articles d’histoire et d’archéologie ; mais là n’est pas l’essentiel des activités de celle qui s’exprime en français et étudie aussi les langues anciennes. Passionnée de botanique comme son mari, le médecin verviétois Simon Lejeune (1777-1838), elle le seconde dans une mission que le préfet du département de l’Ourthe lui a confiée : dresser le tableau méthodique du règne végétal de la circonscription. On retrouve ainsi la contribution de la jeune femme dans les différents ouvrages que publie Simon Lejeune. 

Auteur de la collection de Plantae Cryptogamicae quas in Arduenna collegit MA Libert, quatre fascicules parus dans les années 1830, elle donne ensuite une description détaillée du champignon responsable de la maladie de la pomme de terre. Elle est en effet l’une des premières à identifier la responsabilité du mildiou, dans un mémoire publié en 1845 ; en 1876, le mycologue allemand Anton de Bary en fera la démonstration. D’autres avancées sont encore à mettre à l’actif de la botaniste qui inspire le nom du Cercle naturaliste de la région de Malmedy créé en 1951.

Ce cercle confie à Jacques de Biolley (Bruxelles 1911 – Uccle 1990) le soin de réaliser le monument. Créateur de monnaies, dessinateur, le sculpteur est un autodidacte qui signe ses principaux bas-reliefs dans la région de Stavelot et Malmedy. Lointain descendant des industriels verviétois faisant commerce de la laine depuis le début du XVIIIe siècle, arrière-petit-fils du vicomte Raymond de Biolley (1789-1846), le sculpteur Jacques de Biolley est surtout connu pour son buste du violoniste Henri Koch (Liège, 1972). À Malmedy, il réalise surtout le médaillon carré, en bronze, où il représente le profil gauche de la botaniste. Daté de 1964, il est incrusté sur une imposante pierre sur laquelle trouve aussi place la dédicace :

MARIE-ANNE LIBERT
BOTANISTE
1782-1865

L’idée d’élever un monument à Marie-Anne Libert avait déjà été émise en 1913. Conseillers communaux, Alfred Brindels et Henri Bragard soutiennent en effet le projet d’élever un monument à Saint-Remacle auquel seraient associées des personnalités wallonnes marquantes : l’industriel papetier Jules Steinbach, l’historien Augustin-François Villers, le philanthrope Jean-Hubert Cavens et la botaniste Marie-Anne Libert sont explicitement cités. L’arrière-pensée politique d’un tel projet défendu notamment par Henri Bragard (du Cercle wallon de Malmedy) n’échappe pas au pouvoir de tutelle allemand : le landrat von Korff confisque l’idée du monument et le détourne en décidant de le dédier au prince François d’Arenberg (député de Malmedy au parlement prussien puis au Reichstag, entre 1882 et 1907), récemment décédé. Henri Bragard mène alors bataille – avec succès – pour faire échouer ce projet prussien que les années suivantes feront tomber dans l’oubli. 
 

 

La Vie wallonne, IV, 1964, n°308, p. 263-264
La Vie wallonne, III, 1965, n°311, p. 203-206
André LAWALRÉE, J. LAMBINON, F. DEMARET, Marie-Anne Libert (1782-1865). Biographie, généalogie, bibliographie, (préface de R. BOUILLENNE), Liège, 1965
Catherine JACQUES, dans Dictionnaire des femmes belges, Bruxelles, Racine, 2006, p. 375-376
François CRÉPIN, dans Biographie nationale, t. 11, col. 724-727
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 302
http://gw.geneanet.org/bengos?lang=fr;pz=benoit+philippe+paul+marie+ghislain;nz=gosuin;ocz=0;p=jacques+antoine+francois;n=de+biolley (s.v. mai 2014

parc des Tanneries
4960 Malmedy

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Paul Delforge

SPW-Patrimoine

Monastère et cathédrale Saints-Pierre-Paul-et-Quirin

L’ancien monastère bénédictin de Malmedy possède une longue histoire remontant au VIIe siècle. 

La ville se développe autour de son abbaye, qui subit de nombreuses épreuves à travers les temps. Détruite par des raids normands et hongrois aux IXe et Xe siècles, elle est également plusieurs fois la proie des flammes. 

Le prince-abbé Guillaume de Manderscheidt est à l’origine de nombreux travaux, principalement après l’incendie de 1521. Il rénove les bâtiments sinistrés, ajoute le quartier abbatial et reconstruit la tour de l’abbatiale de 1535 à 1539. 

Les bâtiments conventuels conservés de nos jours datent de 1708 comme le renseignent les restes d’une inscription en ancrage située dans le cloître. Amputé du « quartier du prince », disparu suite à l’incendie de 1689, le monastère présente toutefois une belle unité architecturale. 

Il se compose de quatre ailes et deux avant-corps latéraux élevés en calcaire et moellons divers sur deux niveaux coiffés de hautes bâtières d’ardoises. 

Le vitrail moderne portant les armoiries de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy © IPW

Les bâtiments, annexés à la cathédrale, forment un grand cloître entourant une cour intérieure. 

Le bâtiment cessa d’être un monastère à la Révolution pour connaître depuis de nombreuses affectations. Il abrite aujourd’hui, dans une partie des bâtiments restaurés en 2005, le Trésor de la cathédrale de Malmedy, témoin de la riche histoire de la cité et de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. Y sont notamment conservés de nombreux objets liturgiques liés à l’histoire principautaire ainsi qu’une belle collection de portraits des derniers princes-abbés. 

Plus récemment, le monastère est devenu le « Malmundarium », cœur touristique et culturel de Malmedy. Espace de mémoire, d’art et d’histoire, il présente de nombreuses facettes de l’histoire malmedienne parmi lesquelles une imposante ligne du temps, l’« Historium », retraçant quatorze siècles d’histoire depuis 648 jusqu’à nos jours.

 

Le monument funéraire de Joseph de Nollet. © IPW

Témoin privilégié de l’histoire de Malmedy, le monastère est indissociable de son ancienne église abbatiale, aujourd’hui cathédrale. 

Bien que résidant la plupart du temps à Stavelot, le souverain était abbé de Malmedy et siégeait donc dans l’église dédiée aux saints Pierre, Paul et Quirin. 

Le bâtiment actuel, construit de 1776 à 1782, est le successeur de plusieurs églises abbatiales. Consacré en 1784, il a été élevé sur les plan

s de l’architecte Charles-Antoine Galhausen. 

L’ancienne abbatiale, détruite par le feu en 1689 comme le monastère suite au passage des troupes de Louis XIV, attendait un nouveau souffle depuis près d’un siècle. 

L’imposante façade présentant deux tours carrées sous coiffe à lanternon octogonal annonce à elle seule les proportions de l’édifice. 

La façade principale, tout comme les façades latérales, sont assez épurées ainsi que l’intérieur décoré tout en pureté et sobriété par le stucateur-ornemaniste François-Joseph Duckers qui réalisa notamment les bas-reliefs de la coupole.

Le monument funéraire de Dieudonné Drion © IPW


 Siège spirituel du prince-abbé à Malmedy, la cathédrale conserve encore des traces manifestes de son appartenance à la principauté abbatiale : deux tombeaux en marbre noir et blanc sont murés dans le chœur. 

Le premier, à droite, porte les armoiries de la principauté ainsi que celles du prince-abbé Joseph de Nollet (1672-1753). 

Le second, à gauche, porte également les armoiries principautaires ainsi que celles du prince-abbé Dieudonné Drion (1669-1741). 

Les vitraux de la nef, bien que récents, témoignent eux aussi du passé prestigieux de la ville. Installés après les bombardements de 1944, ils présentent plusieurs devises et armoiries de princes-abbés de Stavelot-Malmedy, parmi lesquelles celles de Joseph de Nollet et de Jacques de Hubin. Le vitrail de la croisée du transept représente quant à lui les armoiries de l’ancienne principauté.

Place du Châtelet
4960 Malmedy

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Salle de la fraternité Henri BRAGARD

La salle de La Fraternité est indissociable de la figure d’Henri Bragard, l’un des principaux artisans de la résistance de Malmedy contre la germanisation forcée, sous le régime prussien. Neveu de l’abbé Pietkin, autre grande figure de la Wallonie malmédienne, Henri Bragard est le cofondateur du Club wallon en 1898. Dès 1902, il dispense des cours de français à La Fraternité, alors société catholique ouvrière. 
 
Présent au Congrès wallon de Liège en 1905 et membre de l’Assemblée wallonne, premier parlement – officieux – de Wallonie en 1914, Henri Bragard s’oppose au pouvoir prussien chaque fois qu’il menace le caractère wallon de Malmedy. Durant le conflit de 1914-1918, enrôlé de force dans les troupes impériales, il restera fidèle à ses idéaux.

Après le rattachement de Malmedy à la Belgique, le 10 janvier 1920, il milite pour la promotion de la culture et de l’identité wallonnes dans sa ville. Auteur de langue wallonne et journaliste, il s’investit aussi dans le riche folklore local.

Célébré de son vivant comme le promoteur du Mouvement wallon à Malmedy, opposant au nazisme dans l’entre-deux-guerres, Henri Bragard est arrêté par la Gestapo en 1943. Il mourra, un an plus tard, en déportation.

Rue de la Tannerie 1
4960 Malmedy

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Bibliothèque Nicolas Pietkin

La bibliothèque Nicolas Pietkin porte le nom d’un des principaux défenseurs de la civilisation latine dans la Wallonie malmédienne. Né à Malmedy en 1849, sous le régime prussien (1815-janvier 1920), il est nommé curé à Sourbrodt en 1889. Durant la période de germanisation forcée, sous Bismarck et ses successeurs, Il ne cessera de lutter contre les mesures imposées par le Kulturkampf à l’encontre l’Église et contre l’interdiction du français. 

Fondateur du Club wallon en 1898, avec son neveu Henri Bragard, Nicolas Pietkin est membre de la Société liégeoise de littérature wallonne dès 1902 et membre d’honneur du Musée de la Vie wallonne dès sa création en 1913. Surnommé « Le loup des Ardennes » par les Prussiens, l’abbé Pietkin est arrêté et brutalisé en août 1914 pour ses sympathies envers la culture française et la Wallonie. Décédé en 1921, il eut la satisfaction de voir Malmedy revenir à la Belgique. 

En hommage, l’Assemblée wallonne, premier parlement   officieux – de Wallonie, ouvrit une souscription pour lui élever le Monument à la Louve de Sourbrodt, inauguré le 3 octobre 1926. Endommagé par des sympathisants nazis pendant l’hiver 1940, ce monument est restauré et inauguré une nouvelle fois le 2 juin 1957.

 

Place du Châtelet
4960 Malmedy

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Photo G. Focant - SPW-Patrimoine

Église des Capucins à Malmedy

Classée et récemment restaurée, l’ancienne église des Capucins de Malmedy a été construite entre 1623 et 1626 en moellons et ardoises. Très simple, le bâtiment comprend un vaisseau d’une seule nef de quatre travées terminée par un choeur à chevet plat, le tout éclairé par de grandes baies cintrées. Dès la fin de l’année 1789, le bâtiment est lié aux événements révolutionnaires et change d’affectation au gré des successions de régimes au XIXe siècle. 

C’est à cet endroit qu’est installée une éphémère assemblée nationale de la principauté abbatiale. Inspirés par leurs voisins liégeois et franchimontois, les Malmédiens réclament la réunion d’une assemblée nationale. Celle-ci s’ouvre le 9 novembre 1789 par une messe célébrée dans l’église des Capucins où l’on procède ensuite à la vérification des pouvoirs. La session est ouverte par les seuls Malmédiens, les députés de Stavelot ayant refusé de participer à une assemblée dont le siège avait été fixé à Malmedy sans leur aval. Ils prennent toutefois part aux débats dans l’après-midi du 9 novembre. Cette première séance est un véritable succès de foule et doit par conséquent se tenir dans le jardin du couvent. On y choisit soixante mandataires qui représentent chaque subdivision de l’ancienne principauté abbatiale : 18 Malmédiens, 22 Stavelotains et 20 Lognards siègent ainsi dans le réfectoire du couvent. Parmi ses premières actions, la rédaction du catalogue des griefs populaires à transmettre au prince-abbé Célestin Thys. Ce dernier perçoit l’installation de cette assemblée comme une violation de ses droits souverains mais souhaite éviter le recours à la force. L’assemblée doit pourtant s’ajourner sine die dès le 19 novembre, suite à l’arrivée de troupes envoyées par le prince-électeur de Cologne afin de rétablir toutes les prérogatives du prince-abbé. Le jour même, un traité du directoire du Bas-Rhin et de Westphalie dissout l’assemblée nationale qui comptait à peine dix jours d’existence !

La suite des événements révolutionnaires et l’annexion de l’ancienne principauté de Stavelot-Malmedy à la France sonnent le glas de l’installation des Capucins à cet endroit. Le 18 septembre 1797, le couvent est fermé et mis en vente comme bien national avant d’être racheté par les Capucins eux-mêmes. La ville de Malmedy le rachète ensuite en 1802 afin d’y installer les services de la mairie et d’y créer une école. Après la chute de Napoléon, sous le régime prussien, le couvent abrite le bureau des poids et mesures. Enfin, après le transfert de l’hôtel de ville dans un nouvel édifice, l’ancien couvent des Capucins est démoli en 1902 pour faire place à un nouveau bâtiment scolaire. Seule subsiste l’église, dernier témoin des diverses affectations du lieu.

Place Saint-Géréon
4960 Malmedy

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014