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Stèle Didier COMÈS

Stèle à la mémoire de Didier Comès, réalisée à l’initiative du GAPS ,16 novembre 2013.


Au centre du village de Sourbrodt dont il est originaire, une stèle est dédiée au dessinateur de bandes dessinées Didier Comès (1942-2013). C’est le Groupement d’animation et de promotion de Sourbrodt qui a pris l’initiative de rendre ainsi hommage à l’enfant du pays, décédé quelques mois plus tôt. La stèle présente le dessin de la couverture de Silence, l’ouvrage culte de l’artiste.


De dessinateur industriel dans une usine verviétoise, il était passé progressivement à dessinateur pour la presse quotidienne ou hebdomadaire ; tout en réalisant des séries humoristiques (années 1960 et 1970), il signe pour Pilote la première aventure d’Ergün l’Errant, considérée comme une des meilleures « premières œuvres » de science-fiction. Accueilli par le journal Tintin, il ne renie pas le genre humoristique, mais s’engage sur un autre terrain quand il fait paraître L’ombre du Corbeau et surtout Silence en 1979. Sous le label À suivre, celui qui est l’ami et l’héritier spirituel d’Hugo Pratt impressionne les spécialistes de la BD avec ses cases en noir et blanc. En 1981, il reçoit l’Alfred du meilleur album au Festival d’Angoulême. D’autres prix honoreront les rares mais excellents albums de celui qui, en 1983, fut l’un des signataires du Manifeste pour la Culture wallonne. Resté attaché à son village natal de Sourbrodt, même s’il habitait à La Reid, Didier Comès vécut ses derniers phylactères en ayant les yeux fixés sur les Hautes Fagnes.


C’est à Waismes, sur le chemin de Bosfagne, dans la Fagne silencieuse et mystérieuse, qu’une « pierre de Fagne » a été installée à l’initiative d’un groupement privé présidé par Rudi Giet, et avec le soutien des amis et de la famille. L’inauguration a eu lieu le 16 novembre 2013 en présence des autorités communales. Une photo de Didier Comès accompagne une pierre bleue où sont gravés à la fois le portrait de la couverture de Silence et les mots :

« En mémoire à Dieter (Didier) Comes
(1942-2013)
Dessinateur né à Sourbrodt


Amoureux de la Fagne,
de ses mystères,
de son SILENCE

le GAPS »

 

Sources


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
http://www.televesdre.eu/www/waimes_inauguration_d_une_stele_en_hommage_au_dessinateur_didier_comes-82886-999-89.html (sv. novembre 2013)

Chemin de Bosfagne 

4950 Sourbrodt

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Nicolas PIETKIN

À l’annonce du décès de l’abbé Pietkin, en janvier 1921, un important mouvement de sympathies et d’hommages s’est manifesté à l’égard du défenseur acharné de la Wallonie malmédienne. Il est vrai que son décès survenait au moment de l’annexion des communes malmédiennes à la Belgique. Haut-Commissaire royal, chargé en 1920 de la supervision du « plébiscite populaire » destiné à valider les décisions du premier traité de Versailles (28 juin 1919), le général Baltia en personne accompagne le cortège funèbre, représentant ainsi l’ensemble des autorités du pays. Dès ce moment, le bureau permanent de l’Assemblée wallonne annonce son intention d’élever un monument en l’honneur du héros de l’irrédentisme malmédien, du « champion de la culture latine dans les cantons naguère rattachés à l’Allemagne ». Une souscription publique est lancée. Elle connaît un vrai succès – 13 villes wallonnes et de nombreux particuliers – tant l’engagement de l’abbé Pietkin est devenu emblématique.

L’abbé Pietkin

Né à Malmedy en 1849, le jeune Nicolas Pietkin relève alors de la Prusse, puisque les Traités de Vienne de 1815 ont rattaché les Wallons de Malmedy à ce royaume, en se référant aux anciennes limites des diocèses de Cologne et de Liège. Stavelot et Malmedy sont donc séparés, mais les habitants de cette dernière jouissent d’un réel régime de liberté religieuse et linguistique jusqu’au moment où la politique bismarckienne de germanisation fait sentir ses premiers effets (dernier quart du XIXe siècle). Le jeune Pietkin a fait ses études aux Collèges de Malmedy et de Neuss, avant de les poursuivre à l’Université de Bonn où il est diplômé en Philosophie et en Théologie. Ordonné prêtre à Cologne le 24 août 1875, il s’exile pour éviter les excès du Kulturkampf, travaille comme précepteur dans diverses familles, en France et en Belgique, avant de rentrer chez lui, en 1879, bien décidé à tout faire pour préserver la langue française des attaques de la politique officielle allemande. Avec d’autres prêtres des paroisses avoisinantes, l’abbé multiplie les actes de résistance pour défendre l’emploi du français en Wallonie prussienne. Surnommé par les Allemands le Loup des Ardennes, fondateur, avec son neveu l’écrivain Henri Bragard, du Club wallon de Malmedy, membre de la Société de Littérature wallonne où il représente la Wallonie malmédienne, l’abbé Pietkin est arrêté au tout début de la Première Guerre mondiale. Il ne survivra que trois années à l’Armistice et aura juste le temps d’assister au redressement des frontières consécutif au 1er traité de Versailles.

Monument Nicolas Pietkin

Sa disparition en janvier 1921 est l’occasion d’une mobilisation publique importante. Trois ans après la fin de la guerre, de nombreuses sociétés wallonnes et ligues de défense de la langue française ouvrent des listes de souscription. De commune entente avec l’Assemblée wallonne et l’Union nationale wallonne, Malmedy érigera le monument, sous le patronage du lieutenant général Baltia. 

Œuvre du sculpteur Georges Petit (1879-1958), la stèle quadrangulaire, en pierre bleue, haute de sept mètres, accueille à son sommet un groupe en bronze vert représentant la Louve romaine, symbole de la culture latine ; sur la partie inférieure, orné d’une croix et entouré d’une couronne de chêne et de laurier, un médaillon de bronze d’un mètre vingt reproduit les traits de l’abbé Pietkin. 

L’inscription principale indique :

Au patriote malmédien
Nicolas Pietkin
Curé de Sourbrodt
Défenseur de la civilisation latine
La Wallonie reconnaissante
1849-1921

Monument érigé par souscription publique,
à l’initiative de l’Assemblée wallonne sous le
patronage du général baron Baltia, haut com-
missaire du Roi et des villes de Charleroi,
Huy, Ixelles, Liège, Mons, Namur, Nivelles,
Pepinster, Spa, Stavelot, Tournai et Verviers.

Sur les faces latérales, en relief, apparaissent deux citations empruntées à l’abbé Pietkin, dans son chant Todis Walons ! écrit en 1898 :
Efants d’ Mâm’dî, nos-autes nos èstans fîrs,
Come nos vîs péres, d’èsse co todis Walons !

Nihil Walloniae a me alienum puto

Le sculpteur Georges Petit

Né à Lille, de parents liégeois, le sculpteur Georges Petit a grandi à Liège où il a reçu une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts. Élève de Prosper Drion, Jean Herman et Frans Vermeylen, il deviendra plus tard professeur de cette Académie. Très tôt, la maîtrise dont fait preuve le sculpteur lui vaut de nombreuses commandes officielles. Marqué par la Grande Guerre, l’artiste y puise une force qui se retrouve dans ses réalisations des années 1917 à 1927, période où s’inscrit le monument Pietkin. Ensuite, comme épuisé par tant de souffrances, il choisit la peinture de chevalet et devient plus léger, sans tomber dans la facilité. Les visages humains tendent à disparaître et tant les paysages que les traditions wallonnes l’inspirent : en peinture, comme dans ses médailles (qui sont très nombreuses et d’excellente facture), voire dans les quelques sculptures qu’il exécute encore, comme la Tradition commandée par le Musée de la Vie wallonne. Parmi toutes les œuvres de Georges Petit, le monument Pietkin (le médaillon était achevé dès 1925) est certainement celui dont l’existence est la plus chahutée.

La stèle est en effet inaugurée le 3 octobre 1926 dans un climat passionné. Une partie du clergé local a en effet protesté contre l’architecture générale du monument et son caractère païen. À l’initiative de l’abbé Toussaint, curé de Waimes, relayé dans un premier temps par La Libre Belgique et la Gazette de Liège, une campagne d’opposition aux « deux Romains tétant la Louve » a mobilisé l’opinion : immorale, indécente, païenne, les qualificatifs employés pour désigner la stèle cachent pourtant mal la germanophilie de l’abbé Toussaint. Quand celle-ci est dénoncée, plusieurs signataires de la protestation du clergé malmédien se rétractent. La journée d’inauguration sera dès lors consensuelle, sous les auspices de l’Assemblée wallonne et de son secrétaire général, Joseph-Maurice Remouchamps. Parmi les personnalités qui ont fait le déplacement figurent un représentant officiel du gouvernement belge, les consuls de France et d’Italie, des parlementaires wallons, ainsi que les bourgmestres de Liège et Verviers et un représentant officiel de la ville de Namur, notamment. Le général Baltia s’était fait excuser. L’inauguration est mise à profit pour rééditer le chant Todis Walons écrit par Pietkin en collaboration avec Guillaume Bodet (10 septembre 1898) et pour rappeler la mémoire d’autres défenseurs de la culture française : les curés Joseph Dethier, Henri Herbrand, Henri Robert, les instituteurs Jules Koch, Louis Thunus, François Dethier, Martin Bodarwé et Joseph Serexhe, ainsi qu’Olivier Lebierre et le papetier Steinbach. Les autorités de Sourbrodt ont mobilisé la population ; les drapeaux sont nombreux, aux couleurs belges, wallonnes, malmédiennes, françaises et italiennes. L’histoire du monument ne s’arrête cependant pas là.

Durant l’hiver 1940, des habitants de la région témoignent de leurs sympathies nazies en endommageant le monument Pietkin. La louve romaine est abattue et les traits de Pietkin sont burinés. Généralement, on attribue aux soldats allemands la détérioration du monument en juin 1940, mais, après la guerre, les auteurs sont clairement identifiés et condamnés par la Cour d’Appel de Liège (16 mai 1952) à payer des dommages et intérêts. Influencées par l’opinion publique et quelques articles de journaux surtout wallons, les autorités locales vont jusqu’au bout de la procédure judiciaire et entament les travaux de restauration du monument Pietkin au milieu des années 1950. Se gardant d’inviter officiellement les milieux wallons qui ont maintes fois plaidé en faveur de la restauration du monument, l’administration communale de Robertville inaugure, le 2 juin 1957, la haute colonne de pierres surmontée de la louve romaine, symbole de la latinité, et portant en médaillon l’effigie de l’abbé Pietkin. Des manifestations à portée symbolique différente se déroulent épisodiquement au pied de ce monument situé sur la route de Botrange.

Sur le bas du monument actuel, on retrouve les inscriptions similaires à celles de 1926, à savoir :

Monument érigé par souscription publique à
l’initiative de l’Assemblée wallonne sous le
patronage du lieutenant général baron Baltia
haut commissaire royal et des villes de 
Charleroi, Dinant, Huy, Ixelles, Liège, Mons, Namur, 
Nivelles, Pepinster, Spa, Stavelot, Tournai et Verviers.
MCMXXVI

L’inscription suivante résume la restauration de la manière suivante :


Détruit en 1940
a été reconstruit en 1956 à l’initiative
de l’administration communale
de Robertville




La Vie wallonne, 1ère année, n°6, 15 février 1921, p. 282-282
La Terre wallonne, 1924, t. 10, n°56, p.121
La Vie wallonne, septembre 1926, LXXIII, p. 31-51, 52-54
La Terre wallonne, 1927, t. 16, n°95-96, p. 365
Le Gaulois, 4 mars 1950, n°183, p. 4
La Wallonie nouvelle, 1938, n°28, p. 2
La Vie wallonne, II, 1957, n°278, p. 134-139

 

Rue de Botrange
4950 Sourbrodt (Waismes)

carte

Paul Delforge

Bruxelles, KIK-IRPA

Pyramide TRANCHOT

Après la paix de Lunéville de 1801, les régions situées à l’ouest du Rhin deviennent françaises. Napoléon donne ensuite rapidement l’ordre d’effectuer des relevés des territoires situés sur la rive gauche du fleuve, dans le but de réaliser une nouvelle cartographie. 

L’entreprise est confiée à l’astronome Joseph Tranchot, colonel dans le corps des ingénieurs géographes. Son bureau est établi à Aix-la-Chapelle entre 1801 et 1807, à Trèves ensuite jusqu’à la chute du régime. Au cours de leurs 12 années de travail, les ingénieurs-géographes font des relevés topographiques des trois quarts du territoire initialement prévu.

Le site de la Baraque Michel conserve une trace de cette campagne. Proche du signal de Botrange, la « pyramide Tranchot » marque un point géodésique choisi par l’astronome pour l’établissement de sa carte en 1801. La borne, en forme de pyramide tronquée, est taillée dans le calcaire et porte, sur une de ses faces, l’inscription « Botrange / A / Tranchot » au-dessus de laquelle sont gravés un triangle et trois cercles imbriqués les uns dans les autres.

Baraque Michel
4950 Waismes

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

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Bornes de l’ancien duché

La baraque Michel et le territoire de Waimes sont riches en bornes-frontières 19. Parmi celles-ci, une borne de 1755 marque la limite entre les duchés de Limbourg et de Luxembourg. Elle se trouve quelque peu en aval de la source de la Helle entre les Wéz et les Waidages et est accompagnée de deux autres bornes datées de 1815 et 1830, au lieu-dit « trois bornes » marquant encore aujourd’hui la frontière entre Belgique, Pays-Bas et Allemagne. 

Plus loin se trouvent les bornes de l’Eupendergraben, situées le long du fossé entre le Spoorbach et la Getz. Ce fossé fut creusé en 1744 pour marquer la frontière entre le duché de Limbourg et le duché de Juliers, ancien duché du Saint-Empire romain germanique, membre du cercle de Westphalie.

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013