L'hôtel de ville de Liège

Liège
Place du Marché, 2, 4000 Liège

Construit entre 1714 et 1729 à l’emplacement de l’ancienne maison de ville gothique détruite par les Français en 1691 et situé en face du Perron, symbole des libertés urbaines liégeoises, l’hôtel de ville est un imposant bâtiment en U de deux étages alternant la brique et la pierre calcaire. Au sommet de la composition se trouve un fronton triangulaire portant le millésime de 1718, date de la première réunion des bourgmestres, ainsi que les armes du prince-évêque Joseph-Clément de Bavière et celles des deux bourgmestres de l’époque, Michel-Nicolas de Lothier et Louis-Lambert de Liverlo. Surnommé « La Violette », le bâtiment est accessible par un imposant escalier à double rampe et triple volée. Le hall d’entrée est orné de huit colonnes, de quatre pilastres en pierre noire et d’une tribune soutenue par quatre atlantes en chêne. L’hôtel de ville comporte de nombreux salons richement décorés dont la majestueuse salle du Conseil communal et l’ancienne salle des mariages, décorées de stucs, marbres, tapisseries et toiles peintes. L’hôtel de ville de Liège est reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie depuis 2002.

La salle du Conseil communal - Guy Focant © SPW-Patrimoine

1913 : la formation du Comité d’Action wallonne de Liège. Le Comité d’Action wallonne entend regrouper toutes les Ligues wallonnes actives dans l’arrondissement de Liège et défendre la cause wallonne via la création et le soutien de nouveaux groupes utiles à celle-ci. Constitué dans la salle du Conseil communal le 16 novembre 1913, il regroupe plusieurs associations parmi lesquelles les Amitiés françaises de Liège, la Ligue wallonne de Liège ou l’Union des femmes de Wallonie. En différend avec l’Assemblée wallonne, le Comité verra naître en son sein en 1923 la Ligue d’Action wallonne de Liège, plus radicale. Au fil des années, les deux associations finiront par se confondre.

L’Assemblée wallonne réunie à Liège (1919)

© Province de Liège – Musée de la Vie wallonne - FHMW 

1919 et 1922 : deux réunions de l’Assemblée wallonne. L’Assemblée wallonne, qui se réunira à deux reprises à Liège dans l’Entre-deux Guerres, est le premier organisme wallon unifié. Sorte de parlement du Mouvement wallon, elle est créée en 1912 et étudie toutes les questions en rapport avec la Wallonie. Issue du Congrès wallon du 7 juillet 1912, elle fonctionne en constituant des commissions chargées de réfléchir chacune sur un thème différent. Sans couleur politique, elle se réunit deux fois par an sous la présidence de Jules Destrée. Volontairement inactive au cours de la guerre au contraire des mouvements flamingants les plus radicaux, elle se retrouve à Liège le 27 avril 1919 et élimine tout collaborateur qui se trouverait parmi ses membres. L’hôtel de ville de Liège accueille encore l’Assemblée wallonne le 27 mai 1922, en plein débat politique sur la flamandisation de l’Université de Gand.

De 1892 à 1930, d’autres temps forts. Liège, ancienne capitale d’État, a toujours joué un rôle moteur dans le Mouvement wallon et son hôtel de ville a été le témoin de nombreux événements importants. À partir de 1924, il accueille la réception des fêtes de Wallonie et des discours d’une grande importance politique y sont prononcés. Le bourgmestre et les autorités se réunissent alors sur le balcon devant la foule massée place du Marché et, après les discours, assistent au passage d’un cortège folklorique. La séance matinale du troisième Congrès wallon, le 20 novembre 1892, se déroule dans l’ancienne salle des mariages. Les Congrès tenus à Liège sont l’occasion d’une réception d’ouverture ou d’une soirée où les autorités communales convient les congressistes. Ce fut notamment le cas à l’occasion du premier congrès de la Concentration wallonne le 27 septembre 1930, à l’invitation du bourgmestre Xavier Neujean.

Enfin, l’hôtel de ville fut le théâtre privilégié d’un événement symbolique de la plus haute importance pour les Wallons qui résistèrent à l’envahisseur en 1914 dans les forts de la ceinture liégeoise : le 24 juillet 1919, en présence des Souverains, les autorités communales recevaient la Légion d’Honneur des mains du Président français en personne, Raymond Poincaré. Cette cérémonie fut également l’occasion pour les Amitiés françaises de Liège de remettre une épée au Maréchal Foch, sur laquelle étaient ciselés un coq et le perron liégeois.

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
Plaque commémorative :