
Héritière de la défunte cathédrale Saint-Lambert, Saint-Paul est aussi une des sept collégiales historiques construites à Liège aux Xe et XIe siècles. Très bel exemple du style gothique mosan, l’édifice actuel a été reconstruit entre 1230 et 1579. Il est aujourd’hui devenu un lieu de la mémoire du pouvoir princier disparu à la fin du XVIIIe siècle.

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La plaque commémorative des sépultures d’Érard de la Marck, Georges d’Autriche et César-Constantin-François de Hoensbroeck dans le collatéral nord de la cathédrale de Liège
Le portail gothico-renaissant situé du côté de la place Saint-Paul, édifié sous le règne de Corneille de Berghes (1538-1544), porte les armoiries de celui-ci qui surmontent un grand médaillon où est sculptée une « Conversion de saint Paul ». Mais les principaux souvenirs liés aux prélats liégeois conservés dans l’édifice sont toutefois liés à la disparition de la principauté et à la destruction de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert. Dans le fond du collatéral nord, une dalle de marbre située au niveau de la crypte indique l’emplacement du caveau où furent transférés les restes de trois princes-évêques après la Révolution : Érard de la Marck (1505-1538), Georges d’Autriche (1544-1557) et César-Constantin-François de Hoensbroeck (1784-1792). Ils côtoient de nos jours les dépouilles d’évêques de Liège. Les restes d’ Albert de Cuyck (1194-1200) ont rejoint la crypte par la suite.

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Le cénotaphe de Georges-Louis de Berghes dans l’aile sud du cloître de la cathédrale Saint-Paul
Dans le cloître, parmi de nombreuses pierres tombales de chanoines, se trouvent deux monuments funéraires provenant de l’ancienne cathédrale. Le premier est le cénotaphe de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Du monument d’origine réalisé par Guillaume Évrard en 1744, on n’a malheureusement conservé qu’un médaillon représentant le prince-évêque ainsi qu’une paire d’anges portant les symboles du pouvoir : la mitre (pouvoir spirituel) et des faisceaux à l’antique (pouvoir temporel). Ces éléments ont été intégrés à un monument neuf en 2002, reconstruction réalisée d’après une recherche menée en archives. Dans le bas de la composition, faite d’un monolithe noir de forme pyramidale, une plaque commémorative a été insérée. Elle reprend l’épitaphe du prince : « Ci-gît Georges-Louis, des comtes de Berghes, évêque et prince de Liège, troisième du nom, dernier de sa lignée. Il dirigea l’église durant près de vingt années. Il comprit si bien les pauvres et les démunis qu’il les nourrit de son vivant (…) ». Ce monument, autrefois dans le déambulatoire de Saint-Lambert, fut miraculeusement sauvé en partie et échoua au séminaire épiscopal où il décora longtemps un mur du réfectoire jusqu’à son transfert à la cathédrale.

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Le cénotaphe de François-Charles de Velbrück dans l’aile sud du cloître de la cathédrale Saint-Paul
Un second cénotaphe évoque le souvenir du prince-évêque François-Charles de Velbrück (1772-1784). Tout comme pour le précédent, il s’agit d’une œuvre contemporaine réalisée en 2000 incorporant des éléments du mausolée d’origine, réalisé par le sculpteur François Dewandre. De style néoclassique, il se compose également d’un médaillon représentant le défunt et de deux imposants groupes sculptés : une figure féminine tenant une lyre appuyée sur une urne funéraire et un angelot assis sur les attributs des arts (un livre, une palette de peintre, un maillet, un compas, une équerre). Ces figures rappellent le goût de Velbrück pour l’art, la culture et la philosophie des Lumières ainsi que sa grande action de mécène. Une copie de l’inscription commémorative conservée au château de Hex fait partie intégrante de la nouvelle composition : « À la mémoire de François Charles, né des comtes de Velbrück le 11 juin 1719, élu évêque et prince de Liège le 16 janvier 1772 et décédé le 30 avril 1784. Au généreux protecteur des arts, au père des démunis, au compagnon des bons vivants, au soutien de la patrie, les arts recommandent l’immortalité ».
Les ailes du cloître abritent également les très riches collections du Trésor de la cathédrale. Centre d’interprétation d’art et d’histoire de la principauté de Liège, il conserve de nombreuses pièces qui permettent d’embrasser huit siècles d’histoire liégeoise. Parmi les œuvres présentes figurent plusieurs portraits de princes-évêques ainsi que le cercueil d’Érard de la Marck, se trouvant autrefois dans un mausolée grandiose, détruit à la Révolution en même temps que la cathédrale qui l’abritait. Le blason de François-Charles de Velbrück autrefois présent sur son mausolée est également conservé au Trésor.