La collégiale Sainte-Waudru

Mons

Reconnue patrimoine exceptionnel de Wallonie, la collégiale Sainte-Waudru et son chapitre de chanoinesses ont de tous temps caractérisé l’histoire montoise. Un sanctuaire a existé depuis la fondation d’un monastère par la sainte vers la moitié du VIIe siècle. L’église actuelle a été érigée de 1450 à 1491 et constitue un des chefs-d’œuvre du style gothique dans notre région. Homogène, le sanctuaire comporte une tour occidentale inachevée, une triple nef de sept travées et un vaste chœur entouré d’un déambulatoire ourlé de chapelles. L’édifice étonne tant par sa sobriété que par ses dimensions. Sous l’Ancien Régime, la collégiale et son chapitre ont été mêlés à la petite et grande histoire du comté de Hainaut. Les événements révolutionnaires et le sort réservé à la religion à la fin du XVIIIe siècle ont également placé la collégiale Sainte-Waudru au centre de l’attention.

Le 8 novembre 1792, deux jours après la victoire française de Jemappes, le peuple montois est convoqué à Sainte-Waudru où l’on procède à la nomination de trente administrateurs provisoires de la ville de Mons, sorte de nouveau pouvoir communal. Cette nomination se fait « au nom du peuple comme seul souverain » et sous l’invocation « de la liberté et de l’égalité ». Ces administrateurs prêtent serment le lendemain au balcon de l’hôtel de ville.

Le 11 février 1793, les citoyens de la ville sont à nouveau appelés à se réunir dans la collégiale pour un événement d’une importance plus symbolique encore, se prononcer sur la forme du gouvernement qu’ils souhaitent adopter. Dès 8 heures, tous les membres de la société des amis de la liberté et de l’égalité 2 se rassemblent dans l’église, ainsi que de nombreux militaires français et quantité de bourgeois. Le général Ferrand monte en chaire pour exposer aux Montois combien il est avantageux de se réunir à la République. Les événements prennent une tournure quelque peu houleuse : les membres du club de l’égalité et les militaires se prononcent en faveur d’une annexion alors que les bourgeois sont résolument contre. Le ton monte et ces derniers décident de quitter la vénérable collégiale mais en sont empêchés par des hommes en armes gardant les portes de Sainte-Waudru. Quelques personnes en sortent blessées mais le vote en faveur du rattachement est obtenu. C’est donc par la force et les armes que les Montois proclament leur souhait d’être rattachés à la République ! Le 17 février 1793, un placard des administrateurs provisoires de la ville de Mons annonce l’adhésion « libre et de bon cœur au vœu général de se réunir à la France, exprimé unanimement par le peuple à Sainte-Waudru »…

Le 5 mars 1793, plus de deux ans avant les autres composantes des Pays-Bas autrichiens, l’ancien comté de Hainaut est réuni à la République française et forme le 86e département sous le nom de département de Jemappes, cas unique de rattachement d’une ancienne province qui fut pourtant plus qu’éphémère. Le 27 mars, les troupes autrichiennes font leur retour à Mons après la défaite de Dumouriez à Neerwinden et sa capitulation à Ath.

Frédéric MARCHESANI, 2014