YSAYE Eugène

Liège
boulevard Piercot – 4000 Liège

Buste d’Eugène Ysaye, réalisé par Louis Dupont, 23 octobre 1936, puis 27 septembre 1947.

Situé dans les jardins de la partie centrale du boulevard Piercot, au cœur de Liège, un buste en calcaire blanc d’Eugène Ysaÿe (1858-1931) rend hommage à l’illustre musicien. Réalisée par Louis Dupont, l’œuvre a été inaugurée en 1935 ; sur une dalle ont été gravés les noms d’illustres violonistes qui ont apporté leur contribution à l’érection du monument Ysaÿe. Par la suite, le buste connut divers avatars et c’est pour la troisième fois qu’une cérémonie a lieu le 27 septembre 1947, dans le cadre des Fêtes de Wallonie, pour remettre le buste en place, face au Conservatoire de Liège, tandis que, le soir même, était inauguré le « Studio Ysaÿe » au Conservatoire, en même temps qu’était donné un concert Ysaÿe. Selon Pierre Henrion, le buste inauguré en 1947 est une troisième sculpture commandée à Louis Dupont, suite à la destruction du buste de 1936 et d’une deuxième version installée en 1939.
Entré au Conservatoire de Liège à l’âge de 7 ans, le jeune Ysaÿe attire l’attention du maître verviétois Henri Vieuxtemps qui va désormais guider ses pas. Premier Prix au Conservatoire de Liège (1873), Ysaÿe obtient une bourse grâce à Vieuxtemps qui l’introduit auprès du Polonais Wieniawski, soliste à la cour de Saint-Pétersbourg. Il fait venir ensuite le jeune virtuose à Paris, sous sa direction (1877). Premier violon à Berlin (1880), Ysaÿe reçoit des compositions spécialement écrites pour lui de  Debussy, Saint-Saëns, Fauré… Continuateur de Vieuxtemps, Ysaÿe conservera, malgré sa célébrité, l’esprit de son maître, défendra et imposera la musique de ses amis et des jeunes qu’il aura, à son tour, reconnus (notamment quand il est professeur au Conservatoire de Bruxelles de 1886 à 1898). Il exerce ainsi une influence déterminante sur la musique de son temps en Wallonie. Véritable étoile internationale, il écrit aussi des pièces pour violon mais ce sont surtout ses Six Sonates pour violon seul qui constituent « le chef-d’œuvre d’un homme à la fin de son automne » (J-J. Servais). Compositeur de l’opéra Pier li Houyeu (1931), « maître de Chapelle de la Cour de Belgique », il a créé et donné son nom à un concours de très grande réputation, le Concours Ysaÿe (1937), qui deviendra par la suite le Concours musical international reine Elisabeth (1951).
C’est à cet enfant du pays que les autorités liégeoises rendent hommage en soutenant l’initiative d’un Comité Eugène Ysaÿe. Ensemble, ils choisissent le sculpteur Louis Dupont (1896-1967). Natif de Waremme, élève d’Adrien de Witte, il a travaillé sur quelques bustes et bas-reliefs comme le bas-relief Hubert Stiernet (1925), le buste Jean Varin (1927) ou le médaillon Georges Antoine (1929), mais il n’a pas encore une grande expérience lorsque lui est confié le buste du musicien. Ceux qui ont collaboré avec lui sont sûrs de son talent. N’a-t-il pas reçu une bourse du gouvernement (1921) et le Prix Trianon (1928) ? Le buste que son ciseau découpe dans la pierre ne déçoit personne. Il est posé sobrement sur un socle en pierre très simple où est gravé le seul nom Ysaÿe. Par la suite, avec Adelin Salle et Robert Massart, Dupont travaillera sur l’important chantier des bas-reliefs du Lycée de Waha (1937), avant de réaliser Le Métallurgiste du monument Albert Ier à l’île Monsin (1939). De nombreuses autres commandes parviendront à l’artiste après la Seconde Guerre mondiale, principalement des bas-reliefs, avant que ne lui soient confiés le monument national de la Résistance (1955), puis les reliefs sur les bâtiments de la faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège (1958). Dessinateur, médailliste et statuaire, professeur de sculpture à l’Académie de Liège (1949-1967), Louis Dupont recevra en 1954 le Prix de Sculpture décerné par la province de Liège pour l’ensemble de son œuvre.

Louis Dupont : exposition du 29 avril au 21 mai 1983, Liège, Province de Liège, Service des affaires culturelles, 1983
Salon de la libération : musée des beaux-arts, du 1er juin au 15 juillet 1946... (hommage à la résistance liégeoise) : la peinture française, de David à Picasso, art wallon contemporain, le peintre Jacques Ochs, les sculpteurs Louis Dupont, Robert Massart, Adelin Salle, Liège, imprimerie Bénard, 1946
http://ysaye.kbr.be/
José QUITIN, Biographie nationale, t. 33, col. 763-778
Paul DELFORGE, Cent Wallons du Siècle, 1995
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, été 1970, p. 5
http://www.sculpturepublique.be/4000/Dupont-EugeneYsaye.htm (s.v. août 2013)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 532-533
La Vie wallonne, 1947, n°239, p. 221
Pierre HENRION, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996

Buste Eugène Ysaye

Buste Eugène Ysaye

Paul Delforge