Michel Couturier, intégration artistique. 2006
Ath, chemin du Vieux Ath, 2c (ancienne sucrerie). Hall d’entrée accessible aux heures de bureau
Commandée suivant l’avis de la Commission des Arts de Wallonie, l’installation de Michel Couturier dans le hall d’entrée de l’ancienne sucrerie de Ath s'inscrit à la suite d'une série de réalisations qui se rapportent à la sensibilité du paysage contemporain qu’il soit urbain ou rural.
L’artiste a ici travaillé l’image d’une figure féminine qui semble avoir été empruntée à un récit fabuleux. « C’est, explique Couturier, peut-être une déesse, une nymphe ou le personnage d’une histoire ancestrale. Elle déambule dans un paysage bucolique et grandiose proche d'Ath, mais traversé par la ligne de béton de l'autoroute A8 qui rappelle que nous ne sommes pas dans une image d’Epinal mais au XXIe siècle. Autre lien entre la beauté immémoriale et la réalité d’aujourd’hui : les fossés d'écoulement des eaux de pluie prennent l'allure de rivières, le modeste tunnel, celui d'une porte vers les entrailles de la terre. Nous sommes bien dans le monde contemporain et dans une nature qui conserve non seulement sa beauté mais aussi son sens et son importance historiques. » La pièce ne s’appuie pas plus sur la nostalgie d’un temps béni que sur la glorification de notre époque. En fait, elle tisse un lien entre les deux. « C’est pourquoi, poursuit l’artiste, le paysage est traité avec une égale attention accordée à la moderne autoroute et au paysage ‘classique’. Notre réalité contemporaine n'est-elle faite aussi bien de l'une que de l'autre ? Les deux images évoquent des croyances oubliées, un rapport ancien à la terre. En faisant référence à une symbolique qui a été reprise à différentes époques, jusqu'aux plus récentes, il s'agit d'appréhender le rapport à la terre et au paysage. »
Imprimées sur un support textile souple et translucide, les photographies sont suspendues au plafond du hall d’entrée du bâtiment, l'une en regard de l'autre. Leur installation est aussi calculée en fonction du lieu. Elle prend en compte la destination de l’édifice, occupé par la Direction des Aides Agricoles. Et le regardeur peut en faire l’expérience de près comme de loin, aussi bien du rez-de-chaussée que des circulations tant horizontales que verticales.
Pierre Henrion