La province Wallonia de l’ordre des Capucins (1712)

À partir du XVIIIe siècle, le substantif latin Wallonia s’est imposé dans l’ordre des Capucins pour désigner la partie de leur province de Germanie inférieure où l’usage du français prédomine. Au sein de cette Provincia Walloniae, l’autonomie des Capucins liégeois est reconnue à partir de 1704 et cette mention apparaît désormais aussi sur la carte. Par ailleurs, on constate surtout que la Provincia Walloniae s’est fortement réduite par rapport à son étendue de 1618.

Références
Atout17 ; BBtMRW ; Ency03


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Dispositions du traité de Rijswijck (1697) relatives à l’espace wallon

Poursuivant la politique des réunions qui lui a bien réussi, Louis XIV soulève cependant de plus en plus d’oppositions contre lui. L’occupation par ses troupes de l’électorat de Cologne, du Palatinat et de la principauté de Liège s’accompagne d’exactions : l’empire germanique s’unit contre lui alors que sa préoccupation immédiate est de lutter contre les Ottomans. Sur les mers, la France s’attaque aux anglo-hollandais. Ses relations avec le pape sont tendues. Nourrissant des ambitions à la succession du trône d’Espagne, Louis XIV n’hésite pas à attaquer à nouveau les Pays-Bas espagnols qui redeviennent un champ de bataille (1689-1699). Les victoires françaises s’enchaînent, au prix de sièges intelligents et de combats violents : Mons, Namur, ainsi que Fleurus (1690) et Neerwinden (1693). Alors que des fronts s’ouvrent en Savoie et en Espagne, la Suède propose sa médiation et le traité de Rijswijck est signé (1697), complété par celui de Lille (1699). Une partie des dispositions de Ratisbonne sont confirmées, mais les territoires des Pays-Bas espagnols sont restitués à Madrid, dans l’optique de la succession au trône. Avant d’être restituée, la citadelle de Luxembourg est démantelée ; tous les importants travaux de fortification réalisés par Vauban sont détruits. Dinant a cessé d’être française en 1696.

Références
Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1687 ; H85A ; HHWH52 ; Lent346


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Dispositions de la trêve de Ratisbonne (1684) relatives à l’espace wallon

Au lendemain des précédents traités, Louis XIV fait vérifier avec la plus grande des précisions si les dispositions sont bien appliquées sur le terrain. Il crée des « chambres de réunion » chargées d’étudier chaque dossier et de réclamer des terres qui paraissent devoir revenir à la France. La frontière avec les Pays-Bas espagnols, en particulier du côté du duché de Luxembourg, est soumise à un examen serré, puis à un grignotage progressif : la Chambre de réunion de Metz étend les prétentions françaises des régions frontalières au comté de Chiny, puis à Echternach et aux villes de la Moselle. Finalement l’ensemble du duché est revendiqué. En 1682, Louis XIV n’hésite pas à envoyer des troupes, s’empare de Courtrai (1683) mais surtout, après en avoir fait le siège, entre à Luxembourg et s’empare de la forteresse (1684). Par la trêve de Ratisbonne (15 août 1684), cette politique du fait accompli est reconnue par les adversaires de la France qui ne veulent plus recourir aux armes. La place-forte de Luxembourg est fortifiée par Vauban. L’occupation du duché de Luxembourg dure moins de vingt ans (1681-1697).

Références
Bou154 ; Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1687 ; H85A ; Lent345 ; TrauLxb-181 ; VdEss04


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Dispositions du traité de Nimègue (1678) relatives à l’espace wallon

Décidé à combattre les Provinces-Unies, ses anciens alliés, Louis XIV s’engage dans « la guerre de Hollande » (1672-1678) qui amène les troupes françaises jusqu’aux portes d’Amsterdam. Anglais, Suédois, Espagnols et Allemands se jettent aussi dans une bataille qui affole toutes les cours d’Europe. Les événements écartent définitivement Bouillon de la principauté de Liège, et Dinant est occupée par les troupes françaises (1677-1696). La paix de Nimègue consacre la victoire du roi de France surnommé alors « Louis le Grand ».
Si elle rend Maastricht aux Provinces-Unies et les places-fortes de Ath, Binche, Charleroi, Audenarde, Courtrai et Tielt à l’Espagne, la France gagne la tant convoitée Franche-Comté, et toute une série de places-fortes de Flandre et du Hainaut, ainsi que Charlemont-lez-Givet. Pour accéder à cette enclave, la France conviendra avec la principauté de Liège un couloir le long de la Meuse (appelé le rentrant de Givet).

Références
Bou154 ; DCM25 ; Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1659 ; H85A ; HPLg-169 ; Lent345 ; VdEss04


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Dispositions du traité d’Aix-la-Chapelle (1668) relatives à l’espace wallon

Faisant valoir ses droits dans la succession du trône d’Espagne, Louis XIV invoque une ancienne disposition du droit du Brabant pour prétendre à toutes les provinces des Pays-Bas espagnols, ainsi qu’à la Franche-Comté (soit le cercle de Bourgogne).
Concluant la guerre dite de Dévolution, le traité d’Aix-la-Chapelle consacre la plus profonde expansion de la France dans les territoires du nord, en Flandre, en Picardie avec Tournai, en Hainaut (Ath, enclave de Binche), ainsi que l’enclave de Charleroi. La France obtient de surcroît un grand nombre de places fortes.

Références
Bou154 ; Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1659 ; H85A ; Lent344 ; VdEss04


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Dispositions du traité des Pyrénées (1659) relatives à l’espace wallon

Le traité de Westphalie (1648) consacre les traités antérieurs, l’acquisition de l’Alsace par la France et l’acquisition définitive par les Provinces-Unies de la Flandre zélandaise, du Brabant septentrional et de Maastricht (les anciens Pays de la généralité). L’indépendance de la république des Provinces-Unies est également reconnue.
Partout, Provinces-Unies, Angleterre et France tentent d’affaiblir l’Espagne. Ici, la place-forte de Dunkerque est conquise par une coalition franco-britannique (1658). Attribuée à l’Angleterre en 1659, elle est rachetée par la France (1662). Quant aux places fortes espagnoles de Mariembourg, Charlemont-lez-Givet, Philippeville, elles tombent aux mains des Français et, lors du traité des Pyrénées (1659), la France est confirmée dans ses nouvelles possessions de l’Artois, une partie du Hainaut, Gravelines, Thérouanne, une partie du duché de Luxembourg et quelques enclaves, dont Philippeville et Mariembourg.
Ayant perdu la bataille de l’Entre-Sambre-et-Meuse, l’Espagne se replie sur la Sambre. Le village de Charnoy est acheté et transformé en forteresse, donnant naissance à Charleroi (1666), nom choisi en l’honneur de Charles II. Namur est renforcée et devient l’une des dix plus grandes forteresses d’Europe à l’époque : les deux cités sambriennes deviennent une des clés d’accès aux Pays-Bas.

Références
Bou154 ; Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1659 ; H78 ; H85A ; Lent343 ; Pos592 ; VdEss04


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L’Europe du Traité de Westphalie (1648)

La limite posée sur l’Escaut par le monde germanique n’a guère bougé depuis 925. Et les offensives vers le nord et vers l’est, vers l’Escaut, la Meuse et le Rhin, des différents rois de France se sont toujours soldées par un quasi retour au statu quo sur la Meuse, avec quelques progrès vers le Rhin (Metz, Toul, Verdun, la Lorraine, la Franche-Comté, l’Alsace) et des grignotages – provisoires – dans le nord (les picardes Tournai et Amiens, l’Artois et une partie de la Flandre avec Lille). Les combats entrepris par François Ier contre Charles Quint se sont même soldés par des pertes pour la France. Par les traités de Madrid (1526) et de Cambrai (1529), le roi de France est contraint de renoncer à sa suzeraineté sur Tournai, sur la Flandre et le Tournaisis, ainsi que sur l’Artois. En conséquence, la frontière la plus occidentale du Saint-Empire germanique se déplace pour la première fois depuis 925 ; elle quitte le cours de l’Escaut pour se fixer sur la côte de la mer du nord, à l’ouest de Dunkerque. Elle englobe la Flandre et l’Artois avant de rejoindre son tracé ancien à hauteur du Hainaut.
Ce bouleversement se produit au moment même où un nouveau facteur vient se mêler aux enjeux économiques et militaires traditionnels : la dimension religieuse. Les guerres de religion embrasent notamment nos contrées avant que France et Suède ne contestent l’hégémonie de la maison de Habsbourg. À bout de forces, les protagonistes finissent par accepter de confier à la diplomatie la manière de terminer une guerre de Trente ans. En 1648, la signature à Münster et Osnabrück des Traités de Westphalie consacre la fin d’une conception médiévale visant à forger une Europe chrétienne unifiée, et la naissance d’un « nouveau mécanisme de relations internationales fondé sur les rapports de force » (Blin, p. 5). La souveraineté des familles cède la place à la puissance des États ; les ambitions personnelles cèdent à la raison d’État. Une forme d’équilibre a été instaurée entre les puissances européennes et les territoires situés entre la France, les Provinces-Unies, la mer du nord et les États allemands constituent alors une sorte de sas de sécurité.
 
Références
Blin ; Bou154 ; FH04-235 ; H85A ; GM03-06 ; Piera-207


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Les États généraux des Pays-Bas espagnols et des Provinces-Unies (1630)

Parmi les mesures de réorganisation prises par Charles Quint figure la convocation par le prince des États généraux. Dans les États conquis par les Bourguignons, les États généraux ont été créés, en 1463, par Philippe le Bon. Vraisemblablement inspiré par ce qui se faisait en France depuis le XIIIe siècle, le duc de Bourgogne se sent suffisamment fort pour se dispenser de traiter séparément avec chaque assemblée des États, et convoque les délégués des États en une seule assemblée pour lever subsides et impôts. On fait remonter au 9 janvier 1464 la première convocation des États généraux ; l’assemblée se tient à Bruges. Convoqués régulièrement, les délégués de toutes les provinces de l’époque (Brabant, Flandre, Artois, Hainaut, Hollande, Zélande, Namur, Lille-Douai-Orchies, Boulonnais, Malines) reçoivent les instructions du prince.
Ceux-ci s’étaient réunis spontanément à Bruges pour la première fois le 9 janvier 1464 à l’initiative des États de Hollande. Accorder une trop grande autonomie à cet organe représentatif de toutes les provinces de l’époque risque de nuire à la volonté centralisatrice des Habsbourg ; Charles Quint s’abstient dès lors de lui donner trop d’importance. Il préfère créer trois conseils collatéraux à côté du gouverneur général : Conseil d’État pour les Affaires politiques, Conseil privé pour les Affaires juridiques, Conseil des Finances pour les Affaires fiscales et économiques. Néanmoins, les États généraux continuent de se réunir à Bruxelles et manifesteront particulièrement leur opposition à la politique de Philippe II. Ainsi, en 1576, ils se réunissent à nouveau de leur propre initiative, en des temps troublés et aboutiront à la pacification de Gand.
À la création des Provinces-Unies, les États généraux s’installent à La Haye, où ne siègent plus que les représentants de sept provinces ; ils deviennent l’instrument législatif de la nouvelle république, chargé de la politique commune en totale autonomie. L’essentiel des pouvoirs demeurent cependant dans les États provinciaux. Et comme des territoires font partie des Provinces-Unies sans disposer de leurs propres États provinciaux (partie du comté de Flandre et du duché de Brabant, Maastricht, par exemple), ils sont directement administrés par les États généraux (en tout 20% des Provinces-Unies sont sous ce statut) : d’où leur nom de pays de la généralité.
Entre 1465 et 1787, les États généraux des Pays-Bas sont convoqués à Bruxelles 72 fois. Très réguliers dans un premier temps, ils sont interrompus en 1632. Les souverains préfèrent se tourner vers les états provinciaux et traiter au cas par cas et surtout en ordre dispersé lorsqu’il s’agit de leur demander de l’argent. En 1632, ils étaient encore dix délégués, représentants les anciennes provinces qui étaient dotées d’États provinciaux : Artois, Brabant, Gueldre, Flandre, Hainaut, Namur, Tournai et Tournésis (ou Tournaisis), Luxembourg et Malines. Le Limbourg était représenté par le Brabant auquel se référait aussi l’ancien marquisat d’Anvers. Bien que composant les Pays-Bas (1542-1678), l’ancienne principauté ecclésiastique du Cambrésis ne paraît pas disposer de représentant. À partir de 1713, les communes de West-Flandre restituées par la France aux Provinces-Unies mais intégrées dans les Pays-Bas autrichiens ne retournent pas dans le comté de Flandre. Elles forment une province à part entière qui envoient ses délégués aux États généraux de Bruxelles.
Sous le régime autrichien, les États généraux sont convoqués en 1725 pour adopter la « Pragmatique Sanction », puis en 1787 : en décidant de réformer brutalement les Pays-Bas (l’Artois est devenue française entre-temps) par la création de neuf cercles dirigés par un intendant, Joseph II ravive alors le souvenir nostalgique des États généraux libres et autonomes, qui se lèvent alors contre des réformes qui font fi de la tradition. En janvier 1790 les États généraux des Pays-Bas autrichiens (sauf le Luxembourg toujours occupé) proclameront leur indépendance de l’Autriche et leur union sous le titre d’États-belgiques-unis. Ils sont supprimés en 1795.
Quant à la principauté de Liège, elle ne fonctionne pas selon le principe des États généraux. Néanmoins, les trois États forment la représentation légale du pays et participent à l’exécutif avec le prince-évêque. À côté du clergé et de la noblesse, les députés des « bonnes villes » constituent la seule représentation « géographique » de la principauté.

Références
Duby174b ; Faid-170 ; FH04-235 ; Prn02-59 ; trauLxb-162-165 ; Wel_EG-95

 


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Les Pays-Bas espagnols, la principauté de Liège et les Provinces-Unies (1621)

De 1609 à 1621, l’armistice conclu entre les États sécessionnistes calvinistes et les archiducs Isabelle et Albert est respecté. À la mort de ce dernier (1621), les Pays-Bas des archiducs deviennent espagnols. Sa veuve fait fonction de gouvernante. En 1648, la paix de Munster est signée entre l’Espagne et la république des Provinces-Unies, reconnaissant la situation géopolitique née d’un conflit armé long de 80 années, ayant débuté avec la révolte des gueux et s’achevant au traité de Westphalie (Guerre de Quatre-Vingts ans, 1568-1648).

Références
Ar73 ; Duby174a, 174b ; GM02-252 ; WPH01-214


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La province Wallonia de l’ordre des Capucins (1618)

Quand, au milieu du XVIe siècle, les Jésuites espagnols arrivés à Louvain doivent dénommer la nouvelle province de leur Compagnie, ils reprennent, eux qui prêchent en latin, le terme romain de Belgae. En 1564, la province de Germania inferior est divisée entre la province du Rhin et la « provincia belgica ». En 1612, cette dernière est divisée en Flandro-Belgique et Gallo-Belgique (gallo-belgica).
À partir du XVIIe siècle, l’ordre des Capucins réorganise l’administration de sa province dite de Germanie inférieure. Dès 1616, le critère de la langue est ici aussi utilisé pour établir une distinction entre la Provinciae Flandriae pars et la Provincia Gallo-Belgiae sev Walloniae. Les Capucins suivent ainsi l’exemple des Jésuites. Le substantif latin Wallonia est utilisé dès 1618 par les Capucins et finit par s’imposer : la Provincia Walloniae supplante l’appellation Provincia Gallo-belgiae.

Références
Atout18 ; BBtMRW ; Ency03 ; MVW06 ; WPH3-73


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