De Fleurus au décret de réunion à la France (26 juin 1794-1er octobre 1795)

Après de premiers succès français, les armées restent sur leurs positions durant l’hiver 93-94, avant que les combats ne reprennent de plus belle au printemps. Menées sur un large front par des commandants décidés, les troupes républicaines repoussent des « coalisés » en proie aux divisions. Ainsi Arlon change plusieurs fois de mains avant que le général Jourdan ne s’impose (17 avril 1794) ; ce succès eut une telle importance que la bataille est inscrite sur l’arc de Triomphe, à Paris.
La victoire de Fleurus (26 juin 1794) remportée par Jourdan face à Cobourg est décisive. Le 11 juillet, les hommes de Jourdan et de Pichegru font la jonction à Bruxelles avant de conquérir, au nom de Thermidor après la chute de Robespierre (27 juillet), toutes les terres qui vont jusqu’au Rhin, et même de déborder le fleuve dans les Provinces Unies (juillet 94-janvier 95). La place de Luxembourg tombe après un long blocus (7 juin 1795). Entre-temps, le traité de La Haye (16 mai 1795) laisse la République des Provinces-Unies indépendante et libre tout en la plaçant sous protectorat français ; l’accès à l’Escaut est rendu libre ; les territoires de Venloo et de Maastricht, ainsi que la Flandre zélandaise intègrent la République, qui organise en départements le pays d’entre deux, les Pays-Bas ex-autrichiens et la principauté de Liège.

Références
Duby75 ; Duby137 ; Er55d ; Gross03-34 ; HaHu147


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La seconde restauration autrichienne (mars 1793 - mars 1794)

Enhardie par l’avancée autrichienne et surtout choquée par l’exécution de Louis XVI (guillotiné le 21 janvier 1793), l’Angleterre de William Pitt forme coalition avec les Provinces-Unies et l’Autriche (Ière coalition, 1er février), pour refouler la France des « pays réunis », au moment même où la Prusse lance une offensive à partir du Rhin. Le territoire situé entre Anvers et Luxembourg deviendrait une place d’armes d’où partiraient les troupes chargées de combattre la Révolution. Cet objectif paraît d’autant plus aisé que la Convention doit faire face à l’insurrection de la Vendée, du Midi et de Toulon (mars-août 1793). Or, à peine créé (6 avril), le Comité de Salut public adopte un décret faisant des « pays réunis » partie intégrante de la République. Les discussions entre les alliés concernant leurs prétentions respectives permettent à la France de s’organiser et à l’armée républicaine de passer à une offensive victorieuse (Hondschoote, Dunkerque, Gand, Wattignies). Durant l’hiver 93-94, chaque camp reste sur ses positions.

Références
Duby75 ; Duby137 ; Er55d ; Gross03-34 ; HaHu147


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La « République Belgique » de Dumouriez (6 novembre 1792-18 mars 1793)

Les idées révolutionnaires ont franchi les frontières avant les soldats ; définitivement hostiles aux Autrichiens, les populations des Pays-Bas et de Liège attendent leurs libérateurs avec impatience. S’imposant aux Prussiens à Valmy (20 septembre), les troupes du général Dumouriez disposent des Autrichiens au terme d’une vraie bataille à hauteur de Jemappes (6 novembre).
En contradiction avec les prescrits de la Convention qui veut fondre les terres conquises dans la République française, Dumouriez tente de créer une république belge indépendante, amalgamant la principauté liégeoise et les anciennes terres des Habsbourg, disposant d’une Constitution, et fondée sur des principes neufs de liberté. Ordonnant des élections « libres » destinées à nommer les membres d’une Convention nationale qui se tiendrait à Alost, Dumouriez se heurte aux commissaires venus de Paris pour supprimer les institutions d’ancien régime, intégrer le pays conquis à la France et organiser des plébiscites.
La propagande révolutionnaire – de langue française et hostile à l’Église – soulève l’opposition des campagnes, surtout flamandes. Organisées par les « commissaires de la Convention », les élections en faveur de la réunion de la Belgique à la France sont émaillées d’incidents et la valeur des résultats est entachée d’irrégularités. On ne peut comparer les votes « unanimes » arrachés à Mons, Gand, Bruxelles ou Namur, à ceux enregistrés au pays de Liège. Dès le 23 décembre 1792, le marquisat de Franchimont a réclamé sa réunion à la France. Le 25 février 1793, Liège a plébiscité son annexion à la République, tandis que Bouillon hésite.
Bien qu’occupée à absorber les terres belges et liégeoises, la Convention déclare la guerre à l’Angleterre (1er février 1793), et envoie Dumouriez conquérir les Provinces Unies. Massée derrière la Roer, l’armée autrichienne s’est recomposée et marche sur Maastricht (2 mars), puis Liège. Elle force Dumouriez à faire demi-tour : arrivé à Anvers (6 mars), il décide de s’attaquer au gouvernement révolutionnaire français et à ses commissaires en poste en Belgique, tout en menant bataille aux Autrichiens. À Neerwinden (18 mars), Dumouriez est vaincu et la Convention perd la Belgique. Jamais suivi par les Belges et en butte avec Paris, Dumouriez passe à l’ennemi. Durant la seconde restauration autrichienne, les idées révolutionnaires et leurs défenseurs sont combattus avec violence : à Verviers, Chapuis est exécuté pour l’exemple.

Références
Duby137 ; Duby75 ; Er55d ; Gross03-34 ; HaHu147


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La République des États-Belgiques-Unis (1790)

C’est en 1787 que commence véritablement la révolte des états provinciaux des Pays-Bas contre les réformes progressistes que l’empereur Joseph II veut introduire depuis son avènement en 1781. Avec des intensités et des modalités différentes, ce que l’on appelle couramment la Révolution brabançonne de 1789 connaît des développements singuliers dans chacune des provinces alors réunies au sein des Pays-Bas. Parce qu’elle fut la plus spectaculaire, la plus mobilisatrice et qu’elle se déroula dans le duché de Brabant avant d’influencer les décisions des États généraux, la Révolution brabançonne sert de point de repère traditionnel. Comme l’observent Cl. Bruneel et Maurice-A. Arnould, l’adhésion est loin d’être totale à la révolution bruxelloise : le Brabant wallon, le Borinage, le Limbourg, le pays de Charleroi comme celui de Tournai « manifestent une certaine tiédeur », étant – pour la plupart – davantage en phase avec la tournure des événements qui se déroulent en France ou en principauté de Liège. Le duché de Luxembourg reste quant à lui tout à fait à l’écart, ne participant ni aux événements « brabançons » ni à la création des États-belgiques-unis ; quelques mois plus tard, sur l’exemple de Bouillon et de Paris, la partie occidentale du duché luxembourgeois se mettra au diapason des idées vonckistes mais en puisant son inspiration du côté de Bouillon et de Paris.
Malgré les fortes divergences qui les séparent, les deux camps « brabançons » s’unissent face à l’Autriche et font fuir les régents impérieux (janvier 1790). Dans le même temps, un Acte d’union est adopté par les députés de neuf des dix anciens États : les États de West-Flandre, de Flandre, de Brabant, de Malines, de Gueldre, de Tournai, du Tournésis (ou Tournaisis), de Hainaut et de Namur. Le Luxembourg n’en est pas signataire.
 Il ne s’agit pas d’une profonde révolution institutionnelle, mais plutôt de la persistance d’une confédération des provinces, mais débarrassées d’une autorité supérieure.
Soutenue un bref moment par la Prusse qui voit un intérêt à affaiblir l’Autriche, la fédération belge ne résiste guère aux soulèvements populaires, puis surtout au retour de l’armée autrichienne qui a regonflé ses effectifs à partir de sa forteresse de Luxembourg : en quelques jours (novembre-décembre 1790), les Pays-Bas redeviennent autrichiens. Les leaders de l’insurrection sont contraints à l’exil à l’heure où reviennent les régents impériaux.

Références
BruCl-163 ; TrauLor


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La Révolution liégeoise de 1789

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 à Paris, donne l’impulsion à la révolution des Liégeois contre les représentants de l’ancien Régime. Successeur de Velbruck à la tête de la principauté (1784), Hoensbroech a fait naître contre sa personne une irrésistible opposition populaire qui se saisit du moindre prétexte pour dénoncer davantage le représentant de l’Église que celui du temporel. L’affaire des jeux de Spa avive les esprits.
 La défense des droits de l’homme est le leitmotiv des leaders démocrates liégeois de l’insurrection. Se référant à la Paix de Fexhe, aux traditions et libertés, ils contraignent le prince-évêque à la fuite, s’attèlent à la rédaction d’une constitution, après la prise de l’hôtel de ville de Liège et de la Citadelle (18 août 1789). Au nom du Cercle de Westphalie, la Prusse poste calmement 5.000 hommes de troupes dans la principauté. Des élections ont lieu dans la cité de Liège (juillet 1790) et le soutien de la France est vivement sollicité. Quand le Cercle de Westphalie fait mine de rétablir l’ordre en principauté, des troupes de volontaires prennent le dessus sur les armées de métier (Hasselt 27 mai, Genk 9 août, Visé 9 décembre). Ce sont finalement les troupes autrichiennes – qui viennent de mettre fin à la révolution brabançonne – qui imposent la restauration de l’Ancien Régime et le retour du prince-évêque (12 janvier 1791).
Quant au duché de Bouillon, petit Monaco du nord ayant accueilli des encyclopédistes en fuite (XVIIIe siècle), il prend une part active à la révolution de juillet 1789. Dès mars 1790, les Bouillonnais réunis à Paliseul décident de former une « Assemblée générale » sur le modèle de l'Assemblée nationale française.

Références
H80 ; Hahu147


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)