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Albert Lovegnée né Albert Van Helelrijck

Culture, Littérature, Militantisme wallon

Huy 19/04/1916, Seraing 23/10/1993

Connu en littérature sous le nom d’Albert Lovegnée, Albert Van Hemelryck a produit une œuvre abondante de poète, de prosateur, d’érudit. Grand Prix du Prince de Monaco pour son œuvre française, il a été le gardien reconnu de la vieille langue liégeoise dont il connaissait parfaitement le lexique et dans laquelle se coulait l’inspiration la plus intime de ses poèmes. Auteur prolixe et pourtant méconnu, cet ouvrier fut par ailleurs un militant wallon actif.

Issu d’un milieu aisé – son père tient un commerce florissant à Huy –, Albert Van Hemelryck étudie à l’Athénée et accomplit son service militaire dans sa ville natale (1936). Mobilisé en mai 1940, il tente de rejoindre l’Angleterre avant de se retrouver en Normandie où il vit quelque temps dans une ferme. De retour en Wallonie, il rencontre, dans la Résistance, Dieudonné Boverie qui sera un fidèle compagnon tout au long de son existence. Résistant dans la région de Huy-Waremme, il se cache à Liège pendant un an et partage son refuge avec un professeur français de Philologie classique qui lui donne le goût des langues anciennes. Déjà auteur de quelques écrits de jeunesse qui sont détruits dans l’incendie de sa maison à la Libération, Albert Van Hemelryck deviendra progressivement un écrivain et un poète qui emploiera tout aussi bien la langue wallonne que la langue française, sous le pseudonyme d’Albert Lovegnée.

Exerçant le métier de pontier aux fours à chaux à l’Espérance Longdoz de 1949 à 1973, il trouve un rythme d’écriture dans cet emploi exigeant qui lui accorde une heure de repos toutes les deux heures. Durant les cinq dernières années de sa carrière professionnelle, il sera chargé de la conservation des archives du Musée du Fer et du Charbon, qui dépend alors de la société Cockerill.

L’Héritier du Sable le révèle en 1962 mais c’est surtout L’oratorio vermeil, publié en 1969 sous les auspices du Centre culturel wallon, qui reçoit les éloges de la critique. Robert Goffin préface cette œuvre considérée comme une magnifique préface à la libération de la Wallonie. Grand Prix du Prince de Monaco pour son œuvre française, il reçoit le Prix biennal de littérature wallonne de la ville de Liège pour L’Ogive du plus haut Sang (1974) et pour son œuvre en wallon, dont il assure d’ailleurs souvent lui-même la traduction française. Gardien de « la vieille langue liégeoise », Albert Lovegnée publie, à partir de 1978, une quinzaine de recueils dans la collection de la « Défense et l’Illustration de la Langue du Pays de Liège » (DILPL), dont le premier s’intitule L’Heure des loups.

Interpellé par l’aspect politique de la question wallonne, Albert Van Hemelryck participe à la Grande Grève de l’hiver ‘60-’61, et adhère au Mouvement populaire wallon. Habitant Flémalle-Haute, il entre en contact avec André Cools avant de rompre brutalement avec le Parti socialiste belge lorsque les communes fouronnaises sont déplacées dans la province du Limbourg. Par l’intermédiaire de Victor Van Michel, il s’affilie alors au Parti d’Unité wallonne et plaide définitivement en faveur de l’indépendance d’une république wallonne. Président de la régionale de Liège du Front wallon (1964), responsable des sections d’entreprise de la fédération liégeoise, membre-fondateur de la société Renaissance wallonne (décembre 1964), il renonce à se présenter à Liège, en mai 1965, laissant le terrain politique au seul Parti wallon des Travailleurs de François Perin. Par contre, il emmène une liste sénatoriale dans l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron… au nom du Rassemblement pour la Défense des Libertés démocratiques. Chroniqueur littéraire du journal Forces wallonnes, vice-président de la Société des Amis de l’Art en Wallonie, co-fondateur du Rassemblement wallon (1968), co-fondateur, avec Jacques Rogissart, du journal La Cognée, au ton poétique et effervescent (1969-1974), celui qui signe des pseudonymes « Lancelot de Javel » ou « plume au vent » et « Albert Lovegnée » apporte aussi des articles à Wallonie libre, prend part à des conférences et tient des meetings. Prix de Wallonie libre 1985, Albert Lovegnée est encore membre de l’Union wallonne des Écrivains et des Artistes. C’est là qu’il publie des études consacrées à Louis Hamal (1978), à Olbert de Leernes (1979), à Renier de Huy. Le père des plus beaux fonts du monde (1981), à Godefroid de Huy (1985) et au Wallon Rogier del Pasture (1986). Il est encore l’auteur d’une étude sur la Sidérurgie et les Wallons au XVIe siècle (Musin, 1977) et sur Le Wallon Guillaume Dufay (Institut Jules Destrée, 1980).

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1590-1591