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Baron de Walef

Culture, Littérature

Nivelles (?) 08 ou 09/1661, Liège 22/07/1734

Militaire, Blaise-Henri de Corte, devenu baron de Walef, du nom d’une de ses propriétés, est le principal écrivain liégeois de son époque ; son statut est révélateur « de la condition difficile de l’écrivain wallon au début du XVIIIe siècle ». Ainsi, dans une société marquée par la méfiance du clergé à l’égard des lettres, par une Église toute puissante et par l’absolutisme du pouvoir, toute activité littéraire – en dehors d’une production pieuse – semblait presqu’impossible. Il faut attendre la deuxième moitié du siècle et surtout le dernier tiers pour assister à une renaissance intellectuelle et littéraire dans les provinces wallonnes, en particulier dans la principauté de Liège, qui sortent progressivement de leur léthargie.

Entré au collège des jésuites de Liège, Blaise-Henri de Corte, qui avait développé un goût particulier pour les lettres, se sent attiré par la carrière militaire. Capitaine dans un régiment d’infanterie espagnole, en 1679, il entre au service de la France, en 1682, puis de l’armée impériale, en 1684 ; trois ans plus tard, il lutte de nouveau aux côtés de la France, avant de passer en Angleterre en 1700 et de se trouver au service de la coalition alliée, lors de la Bataille de Ramillies, au terme de laquelle il obtient le grade de général. Se trouvant à Paris à la mort de Louis XIV, en 1715, le Baron de Walef offre ensuite ses services en Italie, en Espagne ensuite, où il reçoit du roi, en 1719, la patente de lieutenant-général de ses armées, ainsi que celle d’inspecteur de l’infanterie et de la cavalerie de ses royaumes : en 1721, il reçoit de surcroît le commandement du royaume de Valence. En 1728, il obtient sa démission.

Durant toutes ces années consacrées aux armes, le Baron de Walef manie aussi la plume ; sa production est variée et abondante : contes, épopées, satires, poèmes, il s’essaie dans tous les genres. Mais ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’il vient à publier ses pièces en vers. En 1779, l’éditeur Lemarié publiera un volume d’œuvres choisies. Parmi les genres abordés, c’est dans la satire que le Baron de Walef s’illustre le plus – encouragé par son contemporain, le poète Boileau, à la lecture duquel il avait pris le goût de l’écriture. Attaquant les médecins, les moines, ses concitoyens, il manifeste une volonté d’écrire contre les mœurs du siècle, de « […] réprimer le vice et faire aimer la vertu », ainsi qu’il le revendique lui-même.

Promu encore au grade purement honorifique de feld maréchal-lieutenant de l’empire, le Baron de Walef témoigne de la diffusion progressive du français dans la principauté de Liège et de l’ironie voire du dédain que celui-ci jette sur le dialecte liégeois.

Sources

Henri HELBIG, dans Biographie nationale, t. 4, col. 898-908
Roland MORTIER, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. II, p. 75-76
Daniel DROIXHE, Une histoire des lumières au pays de Liège. Livre, idées, société, Liège, Les Éditions de l’Université de Liège, 2007, p. 12 ; 28 ; 167
https://data.bnf.fr/10077994/blaise-henri_de_corte/

Œuvres principales

Le Catholicon de la Basse Germanie, satire (1724)
Les Titans ou l’ambition punie, poème épique (1725)
Les rues de Madrid, poème en six chants (1730)
Œuvres nouvelles (5 vol., 1731)
Le triomphe des médecins, satire (1731)
Odes sur les affaires du tems, avec une description en abrégé de la Hollande, par l’auteur des Titans (1731)
Electre, tragédie (1734)
L’anarchie à Liège, satire (s. d., inédit)
Mahomet II, tragédie (s. d., inédit)