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Bayot Alphonse

Académique, Philologie

Chapelle-lez-Herlaimont 25/09/1876, Louvain 08/07/1937

Romaniste, philologue et dialectologue, Alphonse Bayot est l’éditeur et le commentateur de textes anciens, ainsi que de dialectologue. Professeur à l’Université catholique de Louvain, Alphonse Bayot s’est montré particulièrement attentif aux questions liées à la Wallonie qu’il s’agisse d’histoire littéraire et dialectale ou de son affirmation.

Après des études moyennes au Collège épiscopal de Chimay et chez les Pères Jésuites de Tournai et de Charleroi, Alphonse Bayot entreprend des études de Philologie romane à l’Université catholique de Louvain. Sa thèse de doctorat (1898) est consacrée à une légende répandue dans le Hainaut, Le roman de Gillion de Trazegnies ; elle paraît à Louvain et à Paris, en 1903. Une bourse d’étude attribuée par le Gouvernement lui permet de compléter sa formation de romaniste à Bonn, Paris, Toulouse et Florence. Attaché à la section des manuscrits de la Bibliothèque royale (1903), il se familiarise avec les problèmes de paléographie et de critique, et rédige diverses notices relatives à des manuscrits, qui paraissent dans la Revue des bibliothèques et archives de Belgique. Il publie une reproduction photocollographique du manuscrit unique, avec une transcription littérale de Gormont et Isembart (1906), l’une des plus anciennes épopées françaises, un travail augmenté et publié, en 1914, dans la collection des Classiques français du Moyen Âge et reconnu comme modèle d’érudition. Disciple de l’abbé Rousselot qui l’avait formé, à Paris, à la phonétique expérimentale, Bayot est l’auteur d’une riche bibliographique tout en étant un maître à penser pour plusieurs générations de jeunes universitaires.

Chargé de cours (1904) puis professeur à l’Université catholique de Louvain, Alphonse Bayot y enseigne la grammaire comparée des langues romanes, les notions de grammaire historique du français, l’histoire approfondie des littératures romanes ou encore l’encyclopédie de la philologie romane. Titulaire de la chaire d’italien à l’Institut supérieur de Commerce de l’État à Anvers, à partir de 1908, il assure encore le cours de littératures étrangères à l’Institut supérieur de jeunes filles de Bruxelles, au lendemain de la Grande Guerre et jusqu’en 1931. Auteur d’une importante synthèse d’histoire littéraire sur La légende de Troie à la Cour de Bourgogne (1908), il collabore avec l’historien de Borman à l’édition des Œuvres de Jacques de Hemricourt, dont il étudie les manuscrits et la langue. C’est l’édition complète du Poème moral, un traité de vie chrétienne écrit, vers 1200, sur le territoire actuel de la Wallonie, qui confirme la renommée d’Alphonse Bayot. Après sa mort, Pierre Groult publie, en 1943, une édition d’un poème italien du XVe siècle, mise en chantier par celui qui fut également reconnu comme fin pédagogue et enseignant remarquable.

À côté de travaux de paléographie et de manuscrits, il multiplie des études de toponymie, d’étymologie et de géographie linguistique. Ainsi donne-t-il des articles sur des mots du wallon ancien et des toponymes du Hainaut aux revues Wallonia, Bulletin de Dialectologie romane, Bulletin de la Société liégeoise de Littérature wallonne ou encore Les dialectes belgo-romans. Auteur d’une Toponymie de la ville de Chimay (1925), il est récompensé, pour cet ouvrage, par la Société liégeoise de Littérature wallonne.

En février 1908, lorsqu’avait été fondé le Cercle d’Études wallonnes au sein de l’Université, Alphonse Bayot avait été choisi pour en assurer la présidence (1907-1913). Il en rédige le programme qui n’est pas sans rappeler celui de la Ligue wallonne de Liège : « étudier les manifestations variées de l’intellectualité wallonne, soit à la lumière de la science, soit dans leurs rapports avec l’esthétique ». Aidé par les dynamiques Léon Debatty et Paul Collet, Bayot est aussi le directeur des Carnets du Cercle d’Etudes wallonnes avant la Grande Guerre. À l’époque, il donne aussi des conférences sur les parlers wallons dans la région de Charleroi. Après l’Armistice, Alphonse Bayot reste attaché à la défense de la Wallonie : en témoigne sa présence parmi les huit membres du comité de rédaction de La Terre wallonne (1921), avec notamment Elie Baussart et Léon Debatty. Membre des éphémères Amis de la Terre wallonne, il participe à leurs réunions et partage leurs idées : opposition à toute idée séparatiste, volonté de développer à la fois la conscience nationale et régionale, rejet de tout bilinguisme officiel ou imposé en Wallonie (1923-1925).

Sources

Omer JODOGNE, dans Biographie nationale, t. 31, col. 57-59
Fernand DESONAY, « Alphonse Bayot », dans Revue belge de Philologie et d’Histoire, t. 16, fasc. 3-4, 1937, p. 1061-1068
François PIROT,  dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 162
http://www.arllfb.be/composition/membres/bayot.html (s.v. mars 2015)
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 132-133

Œuvres principales

Le roman de Gillion de Trazegnies (1903)
Gormont et Isembart (1906)
La légende de Troie à la Cour de Bourgogne (1908)
Œuvres de Jacques de Hemricourt (3 t., 1910-1931)
Toponymie de la ville de Chimay (1925)
Martin Le Franc. L’Estrif de fortune et de vertu (1928)
Le Poème moral. Traité de vie chrétienne écrit dans la région wallonne vers l’an 1200 (1929)