Biver Camille

Culture, Littérature

Arlon 02/02/1917, Mohammedia (Maroc) 09/08/1981

Artiste éclectique, Camille Biver est l’un des acteurs du renouveau littéraire de la province de Luxembourg dans les années 1950. Comme nombre de Wallons de sa génération, il a été pris dans la tourmente de mai 1940. Combattant lors de la Campagne des 18 Jours, il a été fait prisonnier de guerre et, à l’instar de 65.000 autres Wallons, n’a retrouvé la lumière qu’après cinq années de captivité. Il se consacre alors pleinement à l’écriture, à la scène et à l’animation culturelle. 

Étudiant à Arlon, à l’École des Frères Maristes (1930-1932), puis à l’Athénée (1933-1936), Camille Biver termine sa scolarité à l’École des Cadets de Namur, établissement qui prépare les jeunes à une carrière militaire. Paradoxalement, c’est là qu’il croise la route d’un professeur, le grammairien Maurice Grevisse, qui voit en lui « une belle plume ». Publiant son premier recueil à l’âge de dix-sept ans, il tente avec succès le concours d’entrée à l’École militaire et intègre, en 1937, la 83e promotion de la section Infanterie-Cavalerie. Nommé sous-lieutenant en novembre 1939, il passe, à sa demande, au Ier Régiment cyclistes-frontière. Chef de peloton de la 6e puis de la 5e compagnies, il participe à la résistance de l’armée belge sur la Lys en mai 1940 et est fait prisonnier, au moment de la capitulation, le 28 mai. S’ouvrent alors pour cet officier cinq longues années de captivité. Durant cette période passée dans différents oflags, Camille Biver trouve dans l’écriture matière à maintenir son moral et à quelque peu « divertir » ses compagnons d’infortune : il écrit chansons, sketches, pièces de théâtre, etc. Cœurs, sa pièce de théâtre en trois actes, est jouée à l’Oflag II A, à Prenzlau. Délivré par les Soviétiques alors qu’il est aux portes de la mort – il ne pèse plus que trente-huit kilos –, Camille Biver est transféré au sanatorium de Tombeek où les médecins ne lui donnent aucune chance de survie. Durant près de quatre ans, il séjourne en Suisse, reçoit divers soins et opérations. À nouveau, l’écriture est un adjuvant : il collabore à plusieurs revues et journaux suisses et français ainsi qu’à La Libre Belgique, à La Nation belge, au Ligueur, etc.

Invalide de guerre, Camille Biver est retraité à trente-deux ans, un tournant dans la carrière de ce militaire qui, avec l’aide d’une bourse offerte par l’État belge, entre au conservatoire et obtient le Premier Prix d’art dramatique. Personnage-clé de la culture et de la littérature luxembourgeoises, il fonde une revue, à Arlon, Le Jeune fauve, qui connaît quatorze numéros publiés au début des années 1950, et à laquelle collabore Georges Bouillon qui en assurera la relève, en créant La Dryade, active pendant trente-deux ans.

En 1953, après son mariage avec la comédienne Georgette Noguet, Biver s’installe à Bruxelles et reprend l’ancien théâtre Diable à quatre, qu’il rebaptise Le coup de lune ; il travaille aussi à la radio, à la télévision – il présente notamment des longs métrages ramenés de l’étranger pour l’émission Les sentiers du monde –  pour divers journaux, et dirige avec son épouse le Laboratoire des variétés, école qui forme des artistes. À cette époque, il publie divers romans et pièces de théâtre pour un public d’adolescents, notamment Le roman d’Hellen Keller (1957), L’an 2000 (1957) et Revolver et Vermicelle (1956). L’action de ce dernier récit se déroule entre Florenville et Bouillon ; l’un des personnages, l’ancien officier blessé pendant la guerre et pensionné pour invalidité, n’est pas sans rappeler l’auteur.

C’est dans la poésie que le lecteur trouve la meilleure partie de l’œuvre de Camille Biver. Ses poèmes, confidences et aveux, « révèlent beaucoup d’angoisse dans l’interrogation de soi, beaucoup de doute, une sorte de lassitude parfois, des combats intérieurs, un mélange d’espérance et de renoncement, et particulièrement une aspiration à l’innocence issue des gouffres les moins purs, et que nous connaissons tous » (JACQUEMIN). Poète tourmenté, Camille Biver l’est également en chansons. Récompensé à Paris du Grand Prix des Amis de la Chanson, en 1973, Camille Biver trouve la mort au cours d’un séjour au Maroc, en 1981.

Sources

Valérie GABRIEL, À la découverte d’un écrivain arlonais, Camille Biver, et d’une de ses œuvres, Le roman d’Hellen Keller, Virton, IESP de la Communauté française, Travail de fin d’études présenté en vue de l’obtention du grade de régent littéraire, 1994
A. ANTOINE, « Le courage d’exister… Camille Biver ou la vie intense et "naïve" », dans La Dernière Heure, 24 août 1981
https://www.servicedulivre.be/Auteur/biver-camille

Œuvres principales

Banalités, poèmes (1935)
Candeurs, poèmes (1936)
Chansons pour te faire sourire, chansons (1937)
Mes vingt ans tout frissonnants, poèmes (1938)
À pleines dents, poèmes (1940)
Cœurs, théâtre (1945)
Saxo, radio-drame (1946)
Cricri, radio-drame (1947)
Une faible femme, radio-drame (1947)
Les poètes… c’est bête, poèmes (1948)
Je n’ai jamais aimé personne, poèmes (1949)
Pourquoi le rouge est la couleur de l’amour, contes (1949)
Vers le cœur d’un frère inconnu, poèmes (1954)
Douze sonnets, poèmes (1955)
Revolver et vermicelle, roman (1956)
L’an 2000, roman (1957)
Le roman d’Helen Keller, roman (1957)
Le nègre aux yeux bleus, poèmes (1960)
En effeuillant la marguerite, roman (1963)
Le dernier bandit d’honneur, roman (1963)
L’île déserte, théâtre (1964)
Cellule zéro, suivi de Le refus d’aimer, théâtre (1965)
Ne tirez pas sur la vedette, roman (s. d.)
La soixantaine, 33 tours
Vois de son maitre, 45 tours
Chansons pour tous, 45 tours
Tziganes, bohémiens et gitans, long métrage
Nomades et djellabas, long métrage
Nomades et montagnards, long métrage
Mystérieux Berbères, long métrage
Les seigneurs de l’Atlas, long métrage 
En Russie, à l’aventure, long métrage