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Bivort (de la Saudée) Clément

Socio-économique, Entreprise

Jumet 01/10/1819, Fontaine l’Évêque 18/09/1875

Directeur général de la SA Charbonnages de Monceau-Fontaine, Clément Bivort était, au moment de son décès, à la tête de l’une des deux plus importantes sociétés du bassin charbonnier de Charleroi ; avec 9 sièges d’exploitation, elle employait alors 4.000 ouvriers mineurs. Vice-président de l’Association charbonnière des bassins de Charleroi et de la Basse-Sambre, Clément Bivort était par conséquent un patron wallon important au milieu du XIXe siècle et dont l’engagement catholique ne se limitait à la politique.

Un ancêtre papetier, originaire de Namur, avait acquis la concession de plusieurs veines de charbon dans le pays de Charleroi, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Associé à la famille Puissant notamment, il avait fondé la Société Notre-Dame au Bois de Jumet, mieux connue par la suite sous le nom d’Amercœur. Implantée désormais à Jumet, la famille Bivort y déploie ses activités dans le domaine des mines et du commerce des fers. À la troisième génération, trois fils s’orienteront l’un vers la verrerie, un autre vers l’exploitation charbonnière et le troisième vers la prêtrise. L’aîné, Henri-Joseph (1809-1880), fonde la verrerie de la Coupe avec l’entrepreneur allemand Auguste Bennert. Chanoine honoraire de la cathédrale de Tournai, le cadet, Édouard (1814-1886), devient le premier curé de la paroisse de Gohyssart (Jumet) qui va bénéficier des largesses financières de ses deux frères, Henri-Joseph et Clément.

Jeune stagiaire à la division métallurgique de la SA des Hauts Fourneaux, Usines et Charbonnages de Marcinelle et Couillet, Clément est repéré par les cadres de la Société générale : en 1842, il est chargé de la direction de la SA des Charbonnages de Monceau-Fontaine et il ne va cesser d’en accroître la production (en associant la concession du Martinet en 1855 et celle du Bois des Vallées à Piéton vingt ans plus tard) et les bénéfices. Dans le même temps, il exerce aussi la direction de la Société d’Amercœur, propriété relevant pour moitié de sa famille.

Conseiller communal de Monceau-sur-Sambre (1846-1860), puis conseiller provincial du Hainaut, élu dans le canton de Fontaine-l’Évêque (1860-1875), membre du Cercle catholique de Charleroi, Clément Bivort consacre une partie de sa fortune et de son temps à la défense de ses fortes convictions catholiques. Patron paternaliste, il est farouchement hostile aux idées socialistes et agit pour que les œuvres chrétiennes disposent d’un monopole dans l’encadrement moral et matériel de la classe ouvrière. Membre fondateur de la Société Saint-Vincent de Paul à Charleroi (1855), fondateur du cercle ouvrier Saint-François-Xavier, il finance la construction de l’église de Gohyssart, « véritable phare catholique au cœur d’un quartier ouvrier comptant une importante population protestante » (1865), celle d’une école des frères maristes à Jumet (1871), d’une école primaire à Monceau-sur-Sambre (1873) et d’une autre à Forchies-la-Marche.

Membre de la Commission administrative de la Caisse de Prévoyance pour ouvriers mineurs du bassin de Charleroi (1861), il est l’un des fondateurs de la Fédération des Sociétés ouvrières catholiques (1867). À cette occasion, il avait été aidé par un industriel alors installé à Saint-Nicolas-Waes, Gustave de Jaer, qui le pousse à prendre la présidence. C’est chose faite en 1871, année où la Fédération regroupe 40 sociétés et est activement soutenue par Mgr Dechamps, parce qu’elle est un moyen de lutter contre l’influence de l’Association internationale des Travailleurs (AIT). Président de la Fédération de 1871 à son décès, en 1875, Clément Bivort est aussi le vice-président de la Ligue nationale belge. Peu avant sa disparition, il soutenait le projet de créer un nouveau journal catholique à Charleroi.

Disposant d’une solide fortune, Clément Bivort avait acheté l’ancien château de Fontaine-l’Évêque, ainsi que son parc, et avait fait procéder à leur restauration.

Sources

Le journal de Bruxelles, 20 septembre 1875 ; L’Union de Charleroi, Courrier de l’Escaut, 21 septembre 1875 ; Le Bien public, 26 septembre 1875, p. 2
Jean-Louis DELAET, Clément Bivort, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 55-56
Éliane GUBIN et Jean-Pierre NANDRIN, La Belgique libérale et bourgeoise. 1846-1878, dans Nouvelle Histoire de Belgique, Bruxelles, Complexe, 2005, p. 146
Emmanuel GÉRARD et Paul WYNANTS (dir.), Histoire du Mouvement ouvrier chrétien en Belgique, Louvain, LUP, 1994, t. 2, p. 20, Kadoc-Studies 16
http://www.charleroi-decouverte.be/index.php?id=413 (s.v. mai 2016)