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Bivort Henri (Joseph)

Socio-économique, Entreprise

Jumet 20/09/1809, Jumet 14/01/1880

Un ancêtre papetier, originaire de Namur, avait acquis la concession de plusieurs veines de charbon à Charleroi, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Associé à la famille Puissant notamment, il avait fondé la Société Notre-Dame au Bois de Jumet, mieux connue par la suite sous le nom d’Amercœur. Implantée désormais à Jumet, la famille Bivort y déploie ses activités dans le domaine des mines et du commerce des fers. À la troisième génération, trois fils s’orienteront l’un, Clément (1819-1875) vers le secteur des charbonnages, l’autre, Édouard (1814-1886) vers la prêtrise, tandis que l’aîné, Henri-Joseph, fait fortune dans le domaine de la verrerie, une activité pratiquée à Jumet depuis plusieurs générations.

Associé à l’entrepreneur allemand Auguste Bennert (1811-1884), Henri Joseph Bivort rachète, en 1845, la Société de Charleroi pour la fabrication du Verre et de la Gobeleterie, constituée en 1836 avec le soutien de la Banque de Belgique et qui a été mise en liquidation. Ses installations produisaient déjà du verre au début du XVIIIe siècle et avaient été acquises par la famille Houtart en 1785. Henri Bivort semble avoir appris le métier du verre et franchi patiemment toutes les étapes du métier au sein de ladite Société de Charleroi, avant de la reprendre grâce à la fortune familiale et à l’apport technique de Bennert. Il s’agit par conséquent pour les deux entrepreneurs de donner une nouvelle vie à une activité traditionnelle.

Dans un premier temps, les « Verreries Bennert & Bivort » produisent surtout du verre plat ; beaucoup plus tard, elles s’orienteront dans la fabrication de bouteilles. Attentif aux perfectionnements techniques de son temps, introduisant rapidement l’emploi des fours à gaz, s’occupant personnellement de la formation des ouvriers verriers, Henri Bivort concourt dans les expositions internationales et y reçoit plusieurs prix. À l’occasion de l’exposition internationale de Sidney, où une médaille de bronze est décernée à la verrerie de la Coupe, La Gazette de Charleroi n’hésite pas à écrire que « cet établissement, le plus important du monde entier pour la fabrication du verre à vitre, se maintient parfaitement à la hauteur de sa réputation internationale ».

Après le retrait de Bennert en 1877, Henri Bivort dirige seul la société jusqu’à son décès. Son fils, Joseph (1854-1902), lui succède et donne à la verrerie de la Coupe une expansion plus considérable encore, toujours tournée vers l’exportation. À l’entame du XXe siècle, elle a étendu son implantation au cœur de Jumet, où elle occupe sept hectares de terrain. Continuant à pratiquer le soufflage à la bouche du verre à vitre, un millier d’ouvriers assurent alors une production annuelle dépassant les trois millions de m².

Maître-verrier prospère, chevalier de l’ordre de Léopold pour les services rendus à l’industrie, croix de la Légion d’honneur (1879), conseiller communal catholique de Jumet (1848-1854, 1859-1866), Henri Bivort se fera construire un château à la mesure de sa fortune, entouré d’un vaste parc (1870). Dans le quartier de la Bruhaute, seul le parc – devenu public – a survécu aux outrages du temps.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont La Gazette de Charleroi, 19 janvier 1880, p. 2-3
Jean-Louis DELAET, Clément Bivort, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 55-56
http://www.charleroi-decouverte.be/index.php?id=413 (s.v. mai 2016)