Bodart Roger

Culture, Journalisme, Poésie

Falmignoul 10/03/1910, Bruxelles 02/06/1973

Poète et essayiste, Roger Bodart a été profondément marqué par la vallée mosane près de Dinant, ses innombrables grottes, ses rochers, ses forêts ; son œuvre poétique s’en ressent fortement. Personnage-clé de la vie culturelle, ardent défenseur de la langue et de la poésie d’expression française, il contribue également au rayonnement des lettres belges à l’étranger.

Installé dans la capitale, quand son père, instituteur de l’école de Falmignoul, est nommé directeur d’un orphelinat bruxellois, Roger Bodart étudie à l’Athénée de Schaerbeek, avant d’entrer, en 1928, à la Faculté de Droit de l’Université libre de Bruxelles ; c’est là qu’il rencontre la future romancière et essayiste Marie-Thérèse Guillaume, qui deviendra son épouse. C’est également durant ces années qu’il fait la connaissance de l’écrivain montois Charles Plisnier avec qui il noue une solide amitié.

Récompensé, à la fin de ses études, du Prix de la Conférence du Jeune Barreau et du Prix du Conseil de l’Ordre, Roger Bodart s’inscrit au barreau de Bruxelles et, dans le même temps, devient journaliste à l’INR (1937). C’est lui qui annonce l’invasion allemande sur les ondes, le 10 mai 1940.

Conseiller au service des Lettres du ministère de l’Éducation nationale et de la Culture, à partir de 1946, le fonctionnaire voyage en Europe, en Afrique – son périple de plusieurs mois sur ce continent marque considérablement son œuvre –, et aux États-Unis, où il veille à la diffusion de la littérature francophone de Belgique. Chroniqueur régulier dans les pages littéraires du Soir notamment, animateur culturel, il crée un cycle de conférences, à Bruxelles, et fonde avec Sarah Huysmans – la fille du ministre Camille Huysmans – les Midis de la Poésie qui connaissent, d’emblée, un franc succès. Co-fondateur du Fonds national de la Littérature, initiateur de la fondation de bourses aux écrivains, de subsides, etc., Roger Bodart se montre à l’écoute des futurs talents et leur obtient aides, première publication, apparition aux Midis de la Poésie, etc.

Parallèlement, il se consacre lui-même à l’écriture. La poésie est un genre qui a toujours retenu son attention. Ses premiers vers sont précoces : en 1925, il n’a que quinze ans. Son premier recueil, Les mains tendues, paraît en 1930 : on y rencontre déjà son talent, sa sensibilité et sa virtuosité technique. Dans Les hommes dans la nuit, son deuxième recueil, Roger Bodart mêle à ses vers les souvenirs de sa région natale. C’est avec Office des ténèbres, sorti en 1937 et couronné du Prix Polak, qu’il se fait une place parmi les poètes qui comptent en Belgique. Fortement marqué par le décès de son père, survenu en 1936, il aborde ici le thème de la mort. 

Son ouvrage majeur, La route du sel, sorti en 1965, est la clé de voûte de son œuvre. « On peut dire qu’ici, oui, il refait vraiment le monde, que la poésie retrouve son plein sens premier, ce n’est pas une récréation, mais une recréation » (RICHTER). De manière générale, « ancrée dans l’événement, dans l’espace, dans le temps », la poésie de Roger Bodart, « enraciné[e] dans la circonstance, l’a toujours dépassée pour faire référence à un lointain ailleurs » (ARLLFB).

Essayiste, Roger Bodart a également été l’auteur de nombreuses monographies, consacrées à des écrivains, tels que Du Bos, Maeterlinck, Thiry et autres Verhaeren. Ses derniers recueils, La longue marche (1975) et Le signe de Jonas (1977) sont des publications posthumes. En 1992, sa fille, Anne Richter, publie une anthologie de ses meilleurs textes, dans la collection Orphée.

Sources

Jean-Marie KLINKENBERG, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 53
Anne RICHTER, Roger Bodart : La Route du Sel et autres poèmes, Paris, La Différence, 1993 (Collection Orphée)
https://www.servicedulivre.be/Auteur/bodart-roger
https://maisondelapoesie.be/poetes-list/bodart-roger/

Œuvres principales

Les mains tendues, poèmes (1930)
Les hommes dans la nuit, poèmes (1932)
Office des ténèbres, poèmes (1937)
La tapisserie de Pénélope, poèmes (1946)
Charles Du Bos, essai (1946)
Montherlant ou l’armure vide, essai (1946)
Dialogues européens, essai (1950)
Dialogues africains, essai (1952)
Le chevalier à la charrette, poèmes (1953)
Expédition Elata, de l’Orénoque au Rio Negro, essai (1956)
Le nègre de Chicago, poèmes (1958)
Maeterlinck ou l’absurde dépassé, essai (1960)
Le songe d’Amédée Ponceau, essai (1962)
Maurice Maeterlinck, essai (1962)
Marcel Thiry, essai (1964)
La route du sel, poèmes (1965)
Les poètes du Bois de la Cambre, essai (1965)
L’impromptu du Pont d’Oye, essai (1966)
Verhaeren, hier et aujourd’hui, essai (1966)
Le tour, poèmes (1968)
La longue marche, poèmes (1975, éd. posthume)
Le signe de Jonas, poèmes (1977, éd. posthume)