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Bosquier Philippe

Culture, Littérature

Mons 26/10/1562, Avesnes 25/03/1636

L’étude de la vie et des œuvres laissées par Philippe Bosquier, écrivain prolifique et prédicateur renommé, est surtout utile pour appréhender les guerres de religion de la fin du XVIe siècle.

D’abord scolarisé au Collège de Houdain, dont la création remonte à 1545 par le Magistrat de la Ville de Mons, Philippe Bosquier termine ses études à Paris, avant de gagner Rome. Entré au couvent des Récollets de Luxembourg, vers 1580, où il fait son noviciat, il poursuit sa formation à Namur, où il étudie notamment l’éloquence sacrée, sous la direction du théologien Henri Willot, et s’initie à la prédication. Nommé gardien du couvent de Luxembourg en 1601, il n’achève pas son mandat, choisissant de parcourir les chemins et les routes du Hainaut, du Cambraisis, de l’Artois, de la Champagne et du pays de Liège pour prêcher « la bonne parole » contre les protestants et contre tout ce qu’il considère comme les vices de son temps. Dans Le petit razoir des ornemens mondains (1589), celui qui se qualifie lui-même de Démosthène montois s’en prend de manière virulente à la mode et aux fantaisies vestimentaires. Si la vulgarité avec laquelle il s’exprime fait déplacer les foules, elle déplaît à sa hiérarchie et à son ordre : Bosquier est muté de Saint-Omer, où il est en poste, pour Avesnes, dans un couvent de Récollets.

Écrivain fécond, Philippe Bosquier n’en est pas pour autant réduit au silence, car ses ouvrages contribuent à sa renommée. Son œuvre mérite d’être étudiée, mais elle est surtout révélatrice de l’importance de la rhétorique dans le débat d’idées de l’époque, et surtout du climat pesant des guerres de religion de la fin du XVIe siècle.

En 1606, il est reçu à plusieurs reprises, par le Pape ; en 1612, c’est au Louvre qu’il rencontre Louis XIII et remet au très jeune roi, en mains propres, un exemplaire de ses sermons. Dans Vegetius Christianus (1615), qu’il dédie à Jacques VI d’Angleterre, Philippe Bosquier expose son projet de croisade contre les Turcs. Familiarisé avec l’italien, il mêle, dans ses ouvrages et sermons, citations d’auteurs classiques, extraits des écritures saintes, des écrits profanes, etc. et a particulièrement traité de la figure du « Fils prodigue », ainsi que l’atteste sa bibliographie.
À la veille de sa mort, Philippe Bosquier lègue toute sa bibliothèque au Collège de Houdain. Toute l’œuvre de Bosquier a été réimprimée, de son vivant, en trois volumes, publiés de 1621 à 1628, sous le titre R. P. F. Philippi Bosquieri, Caesarimontani minoritae observant, prov. Flandriae conventus Audomarensis opéra omnia qvae hactenus prodierunt in duos tomos digesta ab auctore ipso ; nova haec editio, etc.

Sources

Jules DELECOURT, dans Biographie nationale, t. 2, col. 741-743
François DE VRIENDT, dans Laurent HONNORÉ, René PLISNIER, Caroline POUSSEUR, Pierre TILLY (dir.), 1000 personnalités de Mons et de la région. Dictionnaire biographique, Waterloo, Avant-Propos, 2015, p. 668

Œuvres principales

Tragædie nouvelle dicte le petit razoir des ornements mondains : En laquelle toutes les misères de nostre temps sont attribuées tant aux hérésies qu’aux ornements superflus du corps (1589)
L'académie des pécheurs bastie sur la parabole du prodigue évangélis (1596)
Le fouet de l’Académie des pécheurs bastie sur la famine du prodigue évangélis (1597)
L’esclavage des pécheurs, ou l’Enfant prodigue devenu porcher (1599)
Orbis terror, seu Concionum de finibus bonorum et malorum libri duo (1603)
Orbis afflicti divinæ consolationes (1603)
Orator terrae sanctæ, et hungariæ (1611)
Harangue funebre, sur la mort de son excellence messire Charles de Croy, duc de Croy et d’Arschot &c (1612)
Vegetius Christianus (1615)
Panegyricus servo suo vincto dictus (1616)
Chrysostomi Italorum, id est R.P.F. Cornelii Mussi, etc., Conciones aliquot Romæ habitæ canticum magnificat (1616)