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Brialmont Hubert

Conception-Invention

Seraing 06/11/1807, Seraing 17/07/1885

La carrière du Sérésien Hubert Brialmont est celle d’un jeune apprenti-dessinateur engagé par les Cockerill et qui devient, à la fin de sa carrière, ingénieur-conseil de la Société Cockerill, non sans accrocher à son actif quelques belles réalisations techniques.

Fils de Mathieu Brialmont (-1819), frère cadet de Mathieu L. J. (1789-1885) – après avoir pris une part active dans la Révolution de 1830, ce militaire fut ministre de la Guerre sous le gouvernement Rogier (1850-1851) et finit sa carrière lieutenant-général –, Hubert Brialmont est aussi l’oncle de Henri Alexis (1821-1903), député dont le nom évoque le système militaire défensif mis en place par la Belgique au XIXe siècle.

En dépit des titres acquis par les Brialmont, le jeune Hubert grandit dans un milieu modeste ; il se forme à l’École communale de Seraing et quelques cours spéciaux à Liège lui permettent de décrocher un premier emploi, comme apprenti-dessinateur, « chez Cockerill » (1824). Sur le modèle de ses patrons, il s’emploie à compléter ses compétences, tant par l’expérimentation que par une étude assidue des développements scientifiques de son temps. À la fin des années 1830, Brialmont se retrouve à la construction de la partie mécanique de la « machine dite du Haut-Pré ». Depuis 1834, et à l’initiative de Charles Rogier, la Belgique est dotée d’un ambitieux projet de chemin de fer destiné à relier les principales villes du pays, en passant par Bruxelles. Du côté de Liège, la liaison est confrontée à la difficulté de sortir de la vallée et de grimper sur le plateau de Hesbaye. Pour vaincre l’obstacle, Henri Maus a conçu un plan incliné, et les deux puissantes machines à vapeur de 320 chevaux sur lesquelles a travaillé Brialmont vont permettre, à partir de 1842, d’actionner des câbles qui tractent les trains.

Qualifié à l’époque de « dessinateur », Brialmont attache aussi son nom à l’imposant pont métallique lancé sur la Meuse, entre Seraing et Jemeppe ; il signe les plans de ce modèle de pont suspendu, à la conception originale, qui mesure 120 mètres de long. Achevé en 1843, il sera payant tout au long du XIXe siècle et, jusqu’à sa mort, Brialmont restera le président de la Société du Pont de Seraing gérant son exploitation.

En 1842, Hubert Brialmont est nommé chef de service des ateliers de construction et de chaudronnerie, au moment de la restructuration des activités de John Cockerill, récemment décédé à Varsovie. Avec l’aide du gouvernement, la « Société Anonyme pour l’Exploitation des Établissements de John Cockerill » voit, en effet, le jour à cette date et est placée sous le pilotage de Gustave Pastor. Associé au redéploiement de la Société Cockerill, Hubert Brialmont coopère à de multiples projets : il crée des machines soufflantes pour haut-fourneau ; en 1852, il est le véritable lauréat du concours de Semmering, organisé par le gouvernement autrichien : avec la locomotive la Seraing, il gravit avec succès ce col escarpé qui sépare la Basse-Autriche et le Land de Styrie ; bien que proclamé 3e, c’est à la Société Cockerill – et non à la société allemande victorieuse – que furent commandées 16 locomotives identiques à la Seraing ; quinze ans plus tard, la machine connaîtra un grand succès en Angleterre.

Nommé ingénieur en chef de la construction des usines de Seraing en 1864, Brialmont se retire de la vie professionnelle en 1870, avec le titre d’ingénieur-conseil de la Société Cockerill. Deux ans plus tard, Jean Kraft lui succède comme ingénieur en chef. Son œuvre sociale est par ailleurs appréciée par ses contemporains ; il était notamment membre de la Commission de Salubrité publique de Seraing.

Sources

La Meuse, 22 juillet 1885, p. 2 et 20 juillet 1886, p. 2 ; La Gazette de Charleroi, 22 juillet 1886 ; Le Courrier de l’Escaut, 6 décembre 1852
Suzy PASLEAU, John Cockerill. Itinéraire d’un géant industriel, Liège, éd. du Perron, 1992, en particulier p. 87-88
Robert HALLEUX, Cockerill. Deux siècles de technologie, Liège, éd. du Perron, 2002
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 151
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 214, 481, 540