Brock Renée

Culture, Poésie

Liège 13/09/1912, Tilff 12/03/1980

Poétesse et nouvelliste, Renée Brock est une auteure reconnue par et parmi les grands noms wallons de la poésie, tels Marcel Thiry, Henri Michaux ou autres Géo Norge. Dans ses poèmes, Renée Brock sait « transfigurer le quotidien » et parvient à dégager la beauté des choses les plus simples qui nous entourent. Célébrant l’amour conjugal et maternel, la nature, la vie, voire aussi la hantise du temps, Renée Brock sut renouveler et approfondir des thèmes déjà maintes fois abordés.

Née Renée Sarlet, elle est issue d’une famille bourgeoise de Liège ; dans l’Entre-deux-Guerres, elle suit les cours de l’école primaire des filles du centre de Liège, puis du Lycée Braquaval. Ayant adopté le patronyme de son mari, un industriel liégeois, après leur mariage (1933), elle se montre très tôt douée pour le français et indifférente aux mathématiques. La lecture – Verlaine, Rimbaud, Kipling, Maugham, Colette, Goethe, Maupassant, mais surtout Cendrars et Apollinaire – l’amène à l’écriture. Sous la seconde occupation allemande, alors qu’elle prend part à la résistance avec son mari, en hébergeant notamment des réfugiés juifs, elle rédige les premiers textes qu’elle conserve cependant pour elle-même.

Devenue, après la guerre, secrétaire de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, elle accueille et anime, dans sa villa de Tilff, un salon littéraire, fréquenté par bon nombre de poètes, devenus ses amis, parmi lesquels Marcel Thiry – avec qui elle entretient une correspondance et dont l’influence sera, du propre aveu de l’auteure, déterminante ; elle y reçoit aussi Georges Simenon, Raymond Queneau, Marguerite Yourcenar, Nathalie Sarraute, etc.

Son premier recueil, Poème du sang, paraît en 1949. En 1963, elle écrit sa première nouvelle, Mort de la buse. De sa prose, l’auteure fournit la meilleure définition et décline en ces mots ses principales caractéristiques : dans la nouvelle, « chaque mot doit porter. La chute est rapide… [Elle] peut se montrer rare en anecdotes et parfois s’en passer. Elle peut être ambiguë, elliptique, riche en informulé » (LINKHORN). Prix Émile Polak de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique pour Poème de sang (1949), elle avait reçu le Prix Rossel 1971 pour L’étranger intime. En 1976, elle est l’une des 143 signataires de la Nouvelle Lettre au roi (29 juin), destinée à dénoncer l’extrême lenteur mise dans l’application de l’article 107 quater de la Constitution ; elle plaide ainsi en faveur d’un fédéralisme fondé sur trois Régions : Bruxelles, Flandre et Wallonie.

À titre posthume, des Poésies complètes sont publiées, de même que plusieurs nouvelles, jusque-là inédites, groupées dans L’étoile révolte (1984).

Sources

Renée LINKHORN, dans Christiane P. MAKWARD, Dictionnaire littéraire des femmes de langue française, Karthala, 1997, p. 93-96
Éliane GUBIN, Catherine JACQUES, Valérie PIETTE, Jean PUISSANT (dir.), Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Racine, 2006, p. 495
https://www.servicedulivre.be/Auteur/brock-ren%C3%A9e
http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Ren%C3%A9e_BROCK-73-1-1-0-1.html

Œuvres principales

Caramel et Ottilie, récit pour les enfants (1945)
Poème du sang (1949)
Solaires, poèmes (1950)
L’amande amère, poèmes (1960)
L’étranger intime, nouvelles (1970, rééd. en 1978)
Ceux du canal, nouvelles (1980)
Poésies complètes, poèmes (1982, éd. posthume)
L’étoile révolte, nouvelles (1984, éd. posthume)
Le temps unique, poèmes (1986, éd. posthume)
Les bleus de la nuit, nouvelles (1990, éd. posthume)