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Caganus Camille

Culture, Poésie, Théâtre

Liège 15/05/1915, Liège 20/07/1958

Dans l’Entre-deux-Guerres, de multiples mouvements littéraires et artistiques voient le jour en Wallonie, et notamment à Liège, où la revue L’Horizon Nouveau, est fondée par une poignée d’étudiants, en mars 1937. Collaborateur de la première heure de ce mensuel littéraire, artistique et sportif – dont la publication est brutalement interrompue en mai 1940 –, le poète et dramaturge Camille Caganus est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes, pièces de théâtre et mémoires, dont certains sont marqués par ses années de captivité, en Allemagne, durant la Seconde Guerre mondiale, en tant que prisonnier de guerre.

Lauréat du tournoi national d’éloquence universitaire de Bruxelles, licencié en Philologie romane de l’Université libre de Bruxelles (1936), Camille Caganus publie ses premiers poèmes, en 1938, et est le directeur d’un groupe théâtral universitaire qui interprète quelques pièces wallonnes à Paris. Il est encore l’auteur d’une anthologie de La poésie française contemporaine au pays de Liège, avant d’être mobilisé en tant qu’officier de réserve, en 1939. Comme nombre de Wallons de sa génération, il est pris dans la tourmente de mai 1940. Combattant lors de la Campagne des 18 Jours, il est fait prisonnier de guerre et, à l’instar de 65.000 autres Wallons, ne retrouvera la lumière qu’après cinq années de captivité. Prisonnier à l’Oflag VII B, il rédige divers articles dans le journal du camp, intitulé L’Éventail, et anime quelques revues derrière les barbelés. De sa captivité, il ramènera plusieurs plusieurs manuscrits et des recueils de vers publiés en période de paix : Regards dans une cage, Le temps qui s’use, Des hommes perdus, ainsi que des souvenirs qui lui permettront d’écrire Théâtre en captivité.

Après la libération de son camp par les Américains, de retour à Liège, Camille Caganus entre dans l’enseignement, pour un temps seulement. Nommé programmateur littéraire à la RNB - Liège, où il est mieux connu des auditeurs sous le pseudonyme de Jacques Tristan, il met en ondes des pièces de théâtre françaises et wallonnes ; il est aussi l’auteur de nombreux jeux radiophoniques. Bien davantage que dans les autres régions, le théâtre liégeois se caractérise, entre 1950 et 1970, par un effort de rajeunissement en matière de mise en scène et d’interprétation. Pour impulser cet élan de modernisation, Camille Caganus fait figure de meneur de jeu.

Comédien, auteur dialectal, créateur du Théâtre dialectal populaire (1955) avec Jenny d’Inverno, il participe au deuxième congrès culturel wallon qui se tient à Liège, en octobre 1955. Au lendemain de son décès, un Prix Camille Caganus est institué (1959) ; il s’agit d’un concours de jeux radiophoniques couronnant une œuvre littéraire écrite exclusivement pour la radio ; l’initiative en revient au Caveau liégeois, société littéraire wallonne de défense de la langue dialectale.

Sources

Paul DELFORGE, Philippe DESTATTE, Combattants de ’40. Hommage de la Wallonie aux Prisonniers de Guerre, Charleroi, Institut Destrée, 1995, p. 62 et 158
Émile LEMPEREUR, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 231
Martine WILLEMS, Hommage à Jean Rathmès (1909-1986), Liège Société de Langue et de Littérature
wallonnes, 2013

Œuvres principales

Écoute un rêve, poèmes (1938)
La poésie française contemporaine au pays de Liège (1939)
Le temps qui s’use... : Eichstätt – 1940-1941, poèmes (1941)
Théâtre en captivité : souvenirs et réflexions (1945)
Regards dans une cage : Eichstätt, août 1941, poèmes (1946)
Des hommes perdus, poèmes (1946)
Ma mort est ta lumière, théâtre, trois actes et cinq tableaux (1954)