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Cavens Jean-Hubert

Socio-économique, Entreprise

Malmedy 01/03/1762, Spa 12/06/1833

C’est au milieu du XVIIe siècle qu’un ancêtre de Jean-Hubert Cavens est venu s’installer à Malmedy, bourgade alors déjà réputée pour son industrie du cuir. Mathias Peter Cavens était originaire de Baasem, dans la seigneurie de Cronenbourg, à une quarantaine de kilomètres de Malmedy, et son mariage avec une représentante de la famille d’Arimont va donner naissance à une dynastie qui exercera une forte influence sur la vie de la petite principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. Marchands, tanneurs, propriétaires fonciers, bienfaiteurs des pauvres, prêtres, ces bourgeois exercent aussi diverses fonctions publiques (commissaire, bourgmestre par exemple). On rencontre aussi un Jean-Godefroid Cavens (1725-1800), religieux bénédictin à Malmedy sous le nom de dom Henri, devenu responsable de la fabrique de carton et de papier de l’institution religieuse au milieu du XVIIIe siècle.

Représentant de la sixième génération des « Cavens de Malmedy », Jean-Hubert marque les esprits de ses concitoyens au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Associé aux affaires familiales, l’industriel dispose très tôt de sa propre tannerie et, sous le régime français, sa production annuelle est déjà fort importante. Héritant de participations dans la tannerie de son père, Louis Cavens (1732-1823) – bourgmestre de Malmedy en 1771 et considéré comme l’un des principaux tanneurs de la cité –, il est aussi intéressé, par sa femme, à l’activité de la fabrique de drap Cavens et Cie. Homme d’affaires dynamique, imposant sa haute stature dans les négociations, J-H. Cavens saisit les opportunités du moment (notamment les fournitures aux armées) pour étendre ses activités et en développer de nouvelles : ainsi est-il propriétaire d’une foulerie, d’un moulin à farine, d’un moulin à huile et d’un four à chaux, tout en s’intéressant au secteur de la papeterie et, en tant que commissionnaire, en occupant une série de tisserands à domicile. Important propriétaire foncier, il dispose à la fois de « maisons » autour de Malmedy, de bois et de prairies où il pratique l’élevage tant de bovins que de nombreux moutons. À son échelle, il fait partie des premiers acteurs de la révolution industrielle en train de prendre naissance en pays wallon.

En 1815, il ambitionne d’ailleurs d’établir une foulerie moderne qu’il mettrait à disposition des fabricants drapiers locaux et prévoit la récupération des déchets à transformer en engrais ; d’autres intérêts sont en jeu (ceux de la papeterie Steinbach notamment) et Cavens se contentera de rénover son ancienne foulerie. Après Waterloo, Malmedy est passé sous régime prussien et les difficultés économiques ne manquent pas en raison de la fermeture des frontières des Pays-Bas. Cavens y trouvera un nouvel adjuvant et, signe de la qualité de sa production, une médaille d’argent lui sera décernée à l’exposition de Berlin de 1822.

Peu intéressé par l’exercice d’une fonction publique, Jean-Hubert Cavens se fait mécène en soutenant financièrement les études de jeunes Malmédiens et en transformant l’ancien « Cabinet littéraire » en une nouvelle Société littéraire ; il se montre philanthrope par l’engagement d’ouvriers dans ses propriétés en période de crise et, surtout, celui qui disparaîtra sans postérité fait un don pour construire une maison d’orphelins au cœur de la ville de Malmedy (1830).

Située place de Rome, la maison du Bureau de Bienfaisance, dite « Maison Cavens » se transforme en un impressionnant orphelinat inauguré deux ans après le décès de J-H. Cavens. Transformée en internat pour l’Institut Notre-Dame en 1954, la maison est acquise par la ville de Malmedy en 1968 qui l’affecte à des activités culturelles (musée, bibliothèque), avant qu’elle ne devienne, après rénovation, un centre d’affaires pour les indépendants et les institutions publiques.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Maurice LANG, Généalogie de la Famille Cavens, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1965, t. XXIX, p. 51-146, surtout p. 137-146
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot - Malmedy - Saint-Vith, Malmedy, 1983, t. 47, p. 140