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Cornet Jules

Académique, Philologie

Saint Vaast 12/03/1865, Mons 17/05/1929

Géologue wallon de réputation internationale, prospecteur au Katanga à la fin du XIXe siècle, Jules Cornet est surnommé le « fondateur de la géologie congolaise ». Mais le Congo ne représente qu’une partie de ses recherches ; l’autre est consacrée à Mons : professeur à l’École des Mines, il révèle tous les secrets du bassin de la Haine. Si ses ouvrages renferment tout son vaste savoir (170 pour le seul bassin de la Haine), on retient généralement qu’il a participé à la découverte, dans le puits Sainte-Barbe de Bernissart, à des ossements qui s’avèreront appartenir à des iguanodons.

Après avoir fréquenté l’école communale de Cuesmes, puis l’Athénée de Mons, celui qui se passionne déjà pour la zoologie et la botanique, en se constituant des herbiers, entreprend des études scientifiques à l’Université de Gand. Docteur en Sciences naturelles (1890), préparateur à la Faculté des Sciences de l’Université de Gand (1884-1891), Jules Cornet est l’assistant du minéralogiste Alphonse Renard. En mai 1891, il opère un choix majeur dans sa carrière quand il accepte l’offre qui lui est faite d’être associé à l’expédition Bia-Francqui qui part explorer, conquérir et « pacifier » les territoires du Congo de novembre 1891 à novembre 1893. Alors que Bia et Francqui poursuivent vers le sud, celui qui est le géologue attitré de l’expédition prospecte scientifiquement le sous-sol du Katanga, élabore les bases de la géologie centre-africaine et décrit surtout l’importance des gisements de cuivre. De retour en Europe, il publie les Peterman’s Mitteilungen, vaste synthèse qui le consacre comme le fondateur de la géologie du Congo, à la suite de Peschuel-Loesche. Il prospecte encore dans les Carpathes, en Espagne et en Laponie. De septembre à octobre 1895, en tant que géologue de la Commission du Chemin de fer du Congo, il retourne très brièvement en Afrique, chargé par le gouvernement belge de faire rapport sur la situation géologique le long de la ligne de chemin de fer à construire de Matadi au Stanley-Pool, Léopoldville. Il s’y rend notamment avec Albert Thys. Ce sera son dernier voyage en Afrique.

S’il ne néglige pas les terres africaines (ses nombreuses publications servent de base aux travaux ultérieurs de tous les géographes et géologues), c’est désormais le bassin de la Haine qui va révéler tous ses secrets à Jules Cornet qui poursuit ainsi les études menées par son père, François Léopold, et par Alphonse Briart. Après avoir décrit « la meule de Bracquegnies » dans une communication remarquée à l’Académie des Sciences de Paris (1900), il devient le spécialiste du bassin de Mons, de Binche à la frontière française et le fruit de ses recherches constantes aura des retombées, à certains moments, pour les industriels de ces régions. L’auteur des Premières notions de géologie (1903) est constamment dans la remise en cause du savoir, comme en témoignent les différents traités qu’il rédige jusqu’à la fin des années 1920, dont sa Géologie, véritable encyclopédie des Sciences de la terre parues en quatre volumes entre 1909 et 1923, ou ses Leçons de Géologie (1927).

Nommé à la chaire de Géologie, de Minéralogie et de Paléontologie de l’École des Mines de Mons (avril 1897), Jules Cornet y sera professeur pendant 33 ans. Dès 1902, il contribue à y créer un diplôme d’ingénieur géologue. Il enseigne aussi à l’Institut commercial de Mons (jusqu’en 1903), est chargé du cours de Géographie physique à l’Université de Gand (à partir de 1904), et deviendra professeur à l’École de Commerce annexée à la dite université. Il contribue à former un cadre de géologues spécialisés, destinés à la « valorisation » des richesses du Congo. Titulaire de la chaire « Commission for Relief in Belgium » à l’École des Mines de Mons (1922-1926), il est encore doyen de la Faculté technique du Hainaut en 1925. Durant ses années passées à Gand, alors que la flamandisation de l’Université était inscrite au programme du Mouvement flamand, il est l’un des fondateurs de l’Union wallonne de Gand.

Lauréat du prix Gosselet 1909, membre de l’Académie des Sciences de Belgique (classe des Sciences, 1912), Prix décennal des Sciences minéralogiques (1920), vice-président de la Société géologique de France (1913 et 1919), membre correspondant de l’Institut de France (1923) et de l’Institut royal colonial belge, Jules Cornet a défini les premiers guides de prospection, appliqué la géostatique avant l’heure, adhéré à la théorie de la dérive des continents et défendu la notion de subsidence, c’est-à-dire de la mobilité verticale des bassins sédimentaires. Il apporte aussi une forte contribution à la connaissance des rivières de Belgique.

Sources

Musée de Tervueren, Archives Cornet
Armand RENIER, Jules Cornet. Fondateur de la Géologie du Congo, s.l., s.d., 12 p.
La Vie wallonne, janvier 1921, n°5, p. 232
François STOCKMANS, dans Biographie nationale, t. 31, col. 225-228
M. BOBERT, dans Biographie coloniale belge, t. I, p. 266-267
Willy STAQUET, Un fleuron intellectuel du Hainaut: la Faculté Polytechnique de Mons, 1990, p. 88-95