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de Louvrex Mathias-Guillaume

Académique, Droit

Liège 15/11/1665, Liège 13 ou 15/09/1734

Jurisconsulte comme son père, dont il hérite aussi du titre de « noble écuyer du Saint-Empire », Mathias Guillaume de Louvrex jouissait d’une solide réputation, en principauté de Liège et en dehors, en raison de son expertise en matière de droit civil et de droit canon. Consulté régulièrement par des avocats « étrangers », il s’était également fait un nom par la valeur de ses jugements et décisions. En éditant, entre 1714 et 1735, quatre volumes d’un impressionnant Recueil des édits, règlements, privilèges, concordats et traités du pays de Liège et du comté de Looz, son principal ouvrage, il laisse une trace durable de ses intenses activités. Consulté par les juristes jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, moment où il devient obsolète, son Recueil devient une source précieuse pour les historiens à partir du XIXe siècle.

Formé à Liège par les Jésuites anglais, avant d’entamer des études de Philosophie et de Droit à l’Université de Louvain, Louvrex est couvert d’éloges quand il achève sa formation en Droit à l’Université de Pont-à-Mousson (1687). Avocat à la cour de l’official de Liège, il s’y forge rapidement un nom. La sagesse de Louvrex est certainement cause de son élection en tant que bourgmestre de Liège en 1702, à un moment où la cité est tour à tour occupée par les troupes de Louis XIV, puis par celles de l’empereur. Il s’était pourtant gardé d’entrer en politique.

Désigné négociateur, Louvrex confirme l’étendue de ses talents, puisqu’il amène les belligérants à respecter la fameuse « neutralité liégeoise ». Les nouvelles conditions n’ont plus rien de commun avec les anciennes, mais elles s’avèrent réellement efficaces. S’appliquant tant à la cité de Liège (1702) qu’à l’ensemble de la principauté (1703), elles apportent – moyennant des charges financières nouvelles – une réelle tranquillité au pays de Liège, propice au développement du commerce et de l’industrie pendant plusieurs années.

À la suite de cet accord, l’éminent jurisconsulte liégeois est invité à siéger au sein du Conseil privé du prince-évêque (1703-1726), Joseph-Clément de Bavière et ses successeurs. En 1713, il est encore envoyé comme diplomate pour défendre les intérêts de la principauté, lors de la négociation du Congrès d’Utrecht, qui aboutira au Traité du même nom et à une série d’autres dits de la Barrière (Rastadt, Anvers), destinés à en finir avec l’état de guerre permanent dans lequel l’Europe vivait depuis plusieurs années.

L’avocat deviendra magistrat au moment où il est nommé par le prince au Tribunal des Échevins (1709-1734). Succédant au fils de Sébastien Laruelle, il est l’un des quatorze « échevins » inamovibles de la Souveraine Justice, dont la compétence s’étend à la cité et à l’ensemble de la principauté de Liège.

Bien que fortement occupé à la publication de son Recueil, Louvrex se consacre aussi à l’histoire de Liège. Depuis les travaux éclairés de Jean Chapeaville et de Barthelemy Fisen, la principauté ne dispose plus de bons chroniqueurs-historiens pour relater les événements marquants de son temps. Jean-Erard Foullon s’est éteint, quant à lui, en 1668, en laissant inédite une Historia Leodiensis qui s’interrompt à l’année 1612. Convaincu par son ami et éditeur, le baron de Crassier, de mener le projet de Foullon à bonnes fins, Louvrex met son expertise et son approche critique au service de l’écriture des événements qui se sont déroulés entre 1612 et 1689, le baron Crassier parachevant le troisième volume de ce triptyque paru entre 1735 et 1738. Bien que ne partageant pas ce point de vue, Alphonse Le Roy a fait observer que Polain doutait de la contribution de Louvrex et de Crassier à cette écriture, jugeant qu’il était impossible que des patriciens, proches du prince-évêque, accordent autant d’importance aux actes des partisans des droits du peuple contre les empiètements du prince.

Plusieurs années après le décès de Louvrex, le catalogue de sa bibliothèque, qui était exceptionnelle, a été imprimé au moment de sa mise en vente (1792). Livres et manuscrits de valeur furent achetés par le dernier prince-évêque de Liège, le comte de Méan, plus tard archevêque de Malines.

Sources

Alphonse LE ROY, Mathias de Louvrex, dans Biographie nationale, t. 12, col. 512-516
Simone DAVID-CONSTANT, Mathias de Louvrex, dans Nouvelle Biographie nationale, t. II, p. 114-119