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de Mandeville Jean

Culture, Littérature

Saint-Alban (?) premier quart du XIVe siècle, Liège 17/11/1372

L’identité de celui qui s’annonce comme un grand voyageur du XIVe siècle échappe aux historiens. Les principales sources dont on dispose sur Jean de Mandeville, émanant de colophons de certains manuscrits et d’un fragment du Myreur des Histors de Jean d’Outremeuse, ne livrent sur lui que des renseignements fragmentaires et contradictoires : pseudonyme de Jean de Bourgogne, clerc, médecin, astrologue, meurtrier contraint de fuir son Angleterre natale, etc., son identité a suscité bon nombre de discussions. Dans son Livre des merveilles du monde (1356), l’auteur se présente lui-même comme un chevalier anglais parti de Saint-Alban pour la Terre sainte, en 1322, avant d’aboutir à Liège où il se mit à rédiger le récit de ses pérégrinations.

Si Jean de Mandeville a joui d’une incroyable popularité durant quatre siècles, sa gloire prend fin abruptement, dans les années 1880, quand des chercheurs démontrent le pillage dont s’est rendu coupable l’auteur : en réalité il n’a fait, pour tout voyage, que le tour d’une bibliothèque, plagiant les travaux de voyageurs « sérieux » – tels Guillaume de Boldensele et Odoric de Pordenone –, pillant des livres d’histoire et des encyclopédies, en intégrant légendes et autres fables.

Taxé de vulgaire compilateur pendant plusieurs générations, Jean de Mandeville est réhabilité en 1950, quand un Américain se penche sur le personnage et son œuvre, et reconnaît dans cet auteur du XIVe siècle le créateur d’un genre nouveau, le « roman de voyages ».

Lançant notamment un appel à la circumnavigation, Jean de Mandeville laisse une œuvre originale, même si elle emprunte beaucoup à ses prédécesseurs. En effet, au-delà de savoir si Jean de Mandeville a visité ou non les contrées qu’il mentionne, l’importance de son œuvre réside dans le témoignage, neuf celui-ci, que celle-ci donne d’un « état de la science géographique au milieu du XIVe siècle ». Et cette nouvelle dimension explique le succès que Mandeville a connu durant le Moyen Âge et les premiers siècles de l’époque moderne.

Sources

Henri PIRENNE, dans Biographie nationale, t. 13, col. 313-323
Nathalie BOULOUX, « Jean de Mandeville, Le Livre des merveilles du monde, édition critique par Christiane Deluz », dans Médiévales, n° 45, automne 2003, en ligne sur http://medievales.revues.org/956
Christine DELUZ, « Le livre de Jean de Mandeville (1356), plagiat ou réécriture ? », dans Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133ᵉ année, n° 2, 1989, pp. 394-403, en ligne sur http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1989_num_133_2_14738 (s.v. janvier 2016)

Œuvre principale

Livre des merveilles du monde (1356)