De Muelenaere Pierre

Science, Socio-économique, Entreprise

Bruxelles 25/10/1958

Doctorant à l’Université catholique de Louvain grâce à une bourse de l’Irsia, Pierre de Muelenaere travaille à un projet passionnant touchant au domaine complexe de l’intelligence artificielle : à l’heure des premiers développements grand public de l’informatique, cet ingénieur civil en électronique conçoit avec Jean-Didier Legat un système de reconnaissance optique de caractères (OCR) révolutionnaire et un autre de reconnaissance intelligente de documents (IDR), tout aussi novateur. 

Sous la direction du professeur Michel Gevers, les deux doctorants sont incités à passer au stade de la commercialisation. Ensemble, les deux jeunes partent à la recherche de moyens financiers pour lancer une société ; en 1984, ils sont éconduits quand ils sollicitent 10 millions de francs belges auprès de la jeune Région wallonne ; par contre le holding anversois Ackermans se montre intéressé et avance 75 millions pour constituer une société au sein de l’Université catholique de Louvain. 

En 1987, au moment où de Muelenaere défend avec brio sa thèse de doctorat en Sciences appliquées, la spin-off prend le nom d’Iris, anagramme de Image Recognition Integrated Systems. En 1989, l’invention est couronnée par le Prix de l’Innovation de la Région wallonne. Avec une dizaine de chercheurs débauchés au labo de micro-électronique de l’Université catholique de Louvain, les jeunes patrons d’Iris ne sont pas gâtés par les circonstances. Le prototype industriel tarde à venir et le découragement gagne les investisseurs. 

Après le rachat éphémère d’Iris par Prodata, de Muelenaere prend le risque de s’associer avec Pierre Rion, ingénieur chez Prodata et de se porter acquéreurs de la société au terme d'une procédure de Management Buy Out (MBO), avec l’aide de la SRIW. Avec un catalogue de quelques 200 références, dont le Datapen puis l’Irispen comme produits phares, Rion et de Muelenaere prennent le pari d’imposer leur norme au-delà du territoire belge. En quatre ans, les deux investisseurs ont remboursé leur emprunt. 

En 1996, Iris ouvre des filiales en France et aux États-Unis et développe Iris Clinical, spécialisée dans la lecture de formulaires d'analyses pharmacologiques. Les potentialités de l’OCR d’Iris s’étendent aux scanners et s’imposent comme un standard international. Quand le géant informatique HP incorpore la technologie wallonne dans ses produits, le pari est gagné. 

En 1999, la société Iris est introduite à la Bourse de Bruxelles, témoignant de la réussite d’une entreprise wallonne créée à partir d’une excellente idée et managée par des investisseurs locaux intrépides. Le Prix 1999 de la meilleure IPO belge lui est décerné et, en 2002, elle sera honorée du titre d’entreprise de l’année.

Avec des hauts et des bas, les années 2000 sont celles du développement du produit et de nombreux dérivés. Iris emploie un demi-millier de personnes en Europe, à Hong-Kong et aux États-Unis. À la fois prospecteur de marchés et développeur de produits, Pierre De Muelenaere a déposé une série de brevets et a été le principal artisan du succès de son invention. Président et chef de la direction du groupe IRIS, il a notamment établi une série d’accords stratégiques avec des partenaires aussi connus que HP, Canon, Kodak, Adobe, Fujitsu, Siemens... qui contribuent au développement de l'IRIS aux États-Unis et en Asie. Entrepreneur de l'année 2001, il a reçu un second Prix de l'Innovation de la Région wallonne en 2007. 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse