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de Thier-Ziane (chevalier) Charles

Socio-économique, Entreprise

Liège 13/05/1875, Spa 06/12/1966

Depuis des siècles, l’eau de Spa assure la notoriété de la cité ; ce sont à la fois les bains et l’eau qui est embouteillée qui assurent la célébrité d’une ville qui devient le salon de l’Europe au XVIIIe siècle. Une série de mesures sont alors prises pour protéger les sources aquifères et, peu avant la Grande Guerre, la SA Compagnie fermière des Eaux et des Bains de Spa voit le jour. Après les hostilités et alors que les « Grands » de ce monde négocient notamment à Spa les conditions d’un retour à la Paix, la Compagnie fermière se transforme en « Spa Monopole » à l’initiative du chevalier de Thier-Ziane (avril 1921). L’intervention du banquier et industriel liégeois est à l’origine de l’aventure industrielle du groupe Spadel, l’une des sociétés phares de la Wallonie du XXIe siècle.
Descendant d’une ancienne famille noble de la principauté de Liège, fils d’un magistrat (conseiller à la Cour d’Appel de Liège), Charles de Thier semble avoir effectué des études commerciales, avant d’entrer au Comptoir Musin (1900), banque liégeoise qui fusionne avec la maison de change Fontaine et avec la firme G. Bosson et Cie, en 1910, pour donner naissance à la Caisse liégeoise de Change et de Banque, installée dans le Passage Lemonnier. De Thier en est d’emblée l’administrateur délégué. C’est à ce titre qu’il est chargé de sauver la Compagnie fermière des Eaux de Spa, laissée sans direction suite à l’invasion allemande d’août 1914. Après l’Armistice, Charles de Thier parvient à doter de 2,5 millions de francs le capital une nouvelle société, Spa Monopole, dont il prend le contrôle et la direction.

Les eaux de Spa connaissent alors une nouvelle vie. La source Reine est exploitée ; une nouvelle usine voit le jour ; un logo « Pierrot à saute-mouton » est créé (1924) ; un Spa citron (1925) précède les « pastilles de Spa » (1927) ; conservant l’exploitation des cures, la société transforme l’établissement thermal et met en avant les vertus curatives de l’eau de Spa ; un Institut d’hydrologie médicale voit le jour (1931) ; la revue Spa médical et historique est diffusée à partir de 1935 ; à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la production journalière de bouteilles n’a plus rien de comparable à ce qui se faisait au début de l’investissement du chevalier de Thier. Cette expansion, la société spadoise la doit cependant à l’arrivée d’un nouvel administrateur, en 1923, l’industriel bruxellois Ernest du Bois dont la participation au capital de la société ne va cesser d’augmenter dans l’Entre-deux-Guerres. Accédant à la présidence de la société en 1949, de Thier conserve ce titre jusqu’à son décès en 1966, mais la nouvelle génération des du Bois a déjà repris en main l’avenir de Spa Monopole.

Administrateur de sociétés, Charles de Thier, marié à Gabrielle Ziane (1875-1919), avait aussi été l’un des fondateurs des Tramways Est-Ouest de Liège (1898), ce qui l’a placé parmi les administrateurs de la nouvelle société des Tramways liégeois en 1927, et à la vice-présidence de la nouvelle société des Tramways unifiés en 1951. Entré en 1936 dans le capital de la société Finance et Industrie, dirigée par Ernest du Bois, Charles de Thier était aussi administrateur de la Générale immobilière.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Léon Maurice CRISMER, La fabuleuse histoire des Eaux de Spa, Spa, 1983
Valérie MONTENS, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 138-139
http://www.spadel.com/groupe/historique (s.v. mai 2016)