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Dejardin Auguste-Joseph

Culture, Lettres wallonnes

Liège 12/05/1819, Bruxelles 10/09/1895

Pendant de nombreuses années, Auguste-Joseph Dejardin a écrit des poésies en wallon ; sa production a été intense, mais ce notable – il exerça comme notaire – ne destinait pas ses compositions littéraires au grand public. Il consentit à trois exceptions. En 1842, paraît Li fleûr des Batlî del Moûze ; en 1856, à l’occasion d’un banquet offert à l’ingénieur Mueseler, il compose une wallonnade ; enfin, en janvier 1888, il autorise de rendre public Les Flamingants, une chanson politique.

La défense opiniâtre du wallon était un passe-temps de premier ordre pour ce fils de notaire, aussi fortement attaché à la ville de Liège. Il y avait fait ses études au Collège, avant d’être nommé notaire à Esneux, puis d’être appelé à Liège, où il devient le notaire de la ville.

Plutôt que de mettre en avant ses propres œuvres, Auguste-Joseph Dejardin a entrepris de collationner des chansons et poésies wallonnes anciennes et de publier, en 1844, avec François Bailleux, un recueil reprenant les meilleurs textes antérieurs à 1830 : il en a sélectionnés trente-six. Vingt-cinq ans plus tard, il rend aussi public, sous forme de dictionnaire, des spots et proverbes en wallon : en concurrence avec Defrecheux, Delarge et Alexandre, son dictionnaire reçoit la médaille d’or de la Société liégeoise de Littérature wallonne (1869) ; vingt-deux ans plus tard, ayant poursuivi sa quête, une seconde édition pouvait paraître avec un contenu doublé.

Ardent défenseur du wallon, Dejardin est l’un des fondateurs de la Société liégeoise de Littérature wallonne, le 27 décembre 1856, dont il devient le vice-président en 1869. En 1878, il succède à Charles Grandgagnage à la présidence et reste en fonction jusqu’en juin 1895, imprimant aux travaux de la Société un essor considérable. 

Dans les Annuaires de la Société, il dresse le fameux Calendrier liégeois et, en 1887, il établit la table des matières des numéros de son Bulletin. En 1886, témoignage de sa préférence pour les travaux discrets et de longue haleine, il fait paraître un Examen critique de tous les dictionnaires wallons puis, en 1889, une concordance des chants populaires du pays de Liège avec ceux des provinces de France. Membre effectif de la Société Franklin (1869-1882), il avait noué des liens particuliers avec l’abbé Renard, écrivain wallon de Nivelles, et ses amis du Brabant.

Laissant à d’autres le soin de faire de la politique, Auguste-Joseph Dejardin sursoit à sa ligne de conduite habituelle quand, en décembre 1887, un projet de loi est déposé au parlement, visant à imposer l’emploi du flamand aux officiers à l’armée. Durant quelques semaines, les débats sont très vifs et la savante Société liégeoise de Littérature wallonne adopte même à l’unanimité une pétition de protestation qu’elle adresse au Sénat. À titre personnel, Dejardin compose la chanson Les Flamingants qui est alors interprétée à plusieurs reprises lors de meetings ou de banquets.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
La Meuse, 9 janvier 1888 ; La Meuse, 11 et 13 septembre 1895
Joseph DEFRECHEUX, dans Annuaire de la Société liégeoise de Littérature wallonne, Liège, 1895
Charles DEFRECHEUX, Joseph DEFRECHEUX, Charles GOTHIER, Anthologie des poètes wallons (…), Liège, Gothier, 1895, p. 7-8
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 70