Delchef André

Culture, Lettres wallonnes

Liège 15/03/1835, Liège 04/07/1902

Compositeur de la pièce de théâtre Li Galant dè l’siervante, André Delchef est considéré comme un précurseur du mouvement dramatique wallon. Jouée pour la première fois en 1858, sa pièce remporte un tel succès qu’elle stimule d’autres créations en wallon ; en 1885, Tâtî l’ Périqui de Remouchamps symbolise l’envol d’un théâtre wallon dont on dénombre, en un demi-siècle, des centaines de productions différentes, aux qualités variables.

Issu de la petite bourgeoisie liégeoise, André Delchef n’avait pas vocation à faire carrière dans la littérature wallonne. Fabricant d’armes, à la tête d’une activité qui se transmettait de père en fils, il se rend très régulièrement en France pour son commerce et il est accaparé par ses affaires. Écrire en wallon ne devait être pour lui qu’un délassant passe-temps, comme la musique où la chanson qu’il poussait souvent. Couronnée par la toute jeune Société liégeoise de littérature wallonne, sa première œuvre, Li Galant dè l’siervante, lui imposera des obligations. 

Jouée au Théâtre royal de Liège (mars 1858), sa comédie en deux actes et en vers est accueillie également avec ferveur par le public qui apprécie cette peinture de mœurs mettant en scène des bourgeois et leurs domestiques, dans leur quotidien. Elle s’inspire du vaudeville parisien, mais le recours au parler wallon, la limpidité de l’intrigue et le caractère des personnages valent à André Delchef une réputation définitive. D’aucuns le surnomment le Labiche liégeois.

Démentant l’expression wallonne selon laquelle au trwèzin me côp, on veut lès maîsses, aucune autre composition de Delchef ne pourra égaler la première, même si Lès deûs néveûs (1860) et Pus vîs, pus sots ! (1863) présentent d’indéniables qualités. Introduit dans tous les cercles wallons de l’époque, André Delchef est le premier président de l’Association des Auteurs dramatiques wallons (1882-1899) et aussi l’auteur d’une Histoi¬re de la Littérature wallonne à Liège de 1830 à 1880. Auteur de paroles d’opéras et de plusieurs chansons, Delchef composa un chant patriotique wallon, couronné au concours de la Société liégeoise de Littérature wallonne.

Amoureux de la France, favorable à l’émancipation de la femme, lauréat de concours de tirs, major de la garde civique de Liège, le patron de la firme « André Delchef et Cie » est le père de Marguerite Horion-Delchef, qui sera, notamment, la présidente de l’Union des Femmes de Wallonie.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 74
Charles DEFRECHEUX, Joseph DEFRECHEUX, Charles GOTHIER, Anthologie des poètes wallons (…), Liège, Gothier, 1895, p. III et IV
Marguerite HORION-DELCHEF, La Vie wallonne, juin 1935, CLXXIX, p. 305-309
L’Action wallonne, 15 mars 1935, n°3, p. 3
Wallonia, 1910
La Meuse, 1858-1914
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 434-435

Œuvres principales au théâtre

Li Galant dè l’siervante (1858)
Lès deûs néveûs (1860, médaille d’or au concours de littérature wallonne) 
Pus vîs, pus sots ! (1863)
Li Narenne dè curé d’Moitrou (1875)
Jambe dè Bois (1876)
Pauline Closon (1882)
L’Orphéon de Gembloux (1887)
Li Canne dè Méd’cin (1890)
Nos petits borgeû (1900)