no picture

Delneufcour Pierre (Joseph)

Socio-économique, Entreprise

Mons 30/06/1788, Mons 26/02/1855

Dans la première moitié du XIXe siècle, Pierre Delneufcour est un ingénieur des mines qui, par ses connaissances, va contribuer au développement et à l’expansion des exploitations houillères du pays wallon, en particulier dans les bassins du Couchant et du Centre.

À Paris, capitale de la République dont la citoyenneté lui avait été attribuée en 1795, le jeune Delneufcour poursuit des études d’ingénieur ; dans la capitale de la Première République puis du Consulat, il suit en fait son père, Pierre-François-Joseph, qui représente le département de Jemappes au Conseil des Anciens puis au Conseil législatif. À son retour dans le département de Jemappes, il s’intéresse aux activités industrielles de son père, devenu notamment actionnaire du charbonnage de l’Agrappe, à Frameries ; il dirige cette exploitation et, à partir de 1815, il y introduira la lampe Davy, une première, qu’il s’efforcera de perfectionner. L’esprit d’entreprise et d’innovation anime alors l’ingénieur : au moment du blocus continental imposé contre le Royaume-Uni, le jeune Delneufcour se lance dans la création de la première sucrerie du département de Jemappes qui raffine le sucre des betteraves (1812) ; la première du pays wallon avait vu le jour peu de temps auparavant à Liège. Par ailleurs, il est aussi à l’origine d’une fabrique d’huile et de savon, à Mons, où il introduit une importante innovation : pour la première fois, une machine à vapeur y est en effet utilisée dans ce type de fabrication.

À plusieurs reprises, sous le régime désormais hollandais, sans qu’il soit toujours permis de distinguer la part du père et celle du fils, Delneufcour lance l’idée de projets à réaliser et en développe les motivations, qu’elles soient techniques ou économiques. Ainsi, à diverses reprises (1816-1818), plaide-t-il en faveur de la construction d’un canal qui permettrait de relier Mons à l’Escaut ; présentant des notes et des cartes, il se fait alors le porte-parole de plusieurs pétitionnaires, généralement des patrons charbonniers. Dans une brochure publiée en 1816, il évoque les effets d’un impôt sur le charbon de terre, et suggère la création d’une administration des mines et celle, à Mons, d’une École destinée aux ingénieurs.

Quand l’Administration des mines est mise sur pied, Delneufcour y est engagé. L’ingénieur y fera toute sa carrière, tout en continuant à apporter des innovations : par exemple, un procédé pour améliorer l’extraction du charbon. Promu ingénieur sous le régime hollandais, il est nommé en 1831 à la direction du corps des ingénieurs des mines dans le premier district : ses services en faveur de la révolution de 1830 ont été appréciés : sous-lieutenant de la garde nationale depuis 1813, il a formé la compagnie d’artillerie de la garde urbaine de Mons et l’a commandée durant les Journées de Septembre 1830. Ayant abandonné ses activités industrielles propres dans les années 1820, Delneufcour achèvera sa carrière dans l’administration en 1853, au rang d’ingénieur de Ière classe, niveau auquel il avait été nommé en 1839.

Convaincu que l’extraction sous-terraine peut se poursuivre sans limite et sans danger, il a fait partie des ingénieurs qui, sous la conduite de Ph. Van der Maelen, dressent la carte des concessions houillères du Couchant (1849). Son apport au secteur des mines est tel que, lors de sa mise à la retraite, tous les exploitants des mines du Couchant et du Centre lui rendront un hommage appuyé. Vice-président du Comité de Salubrité publique (1849-1855), membre de la Chambre de Commerce de Mons (1847-1855), membre de la commission provinciale du Hainaut de statistique (1851-1855), membre fondateur de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut (1833-1855), il fut aussi le vice-président de la Commission administrative du Musée communal de Mons, fondé en 1839.

Sources

Roger DARQUENNE, dans Biographie nationale, t. 38, col. 165-168
Albert MILET, Un jacobin montois, P.-F.-J. Delneufcour (1756-1827), dans Annales du Cercle Archéologique de Mons, Mons, 1999, t. 78, p. 159-223
Willy STAQUET, Un fleuron intellectuel du Hainaut: la Faculté Polytechnique de Mons, 1990, p. 10-11
Mémoires et publications de la société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, Année 1844-1845, Mons, Hoyois, 1844, p. 185-186
La Meuse, 2 avril 1875 ; Indépendance belge, 11 janvier 1847, 20 novembre 1849, 6 février 1851, 4 octobre 1853, 6 août 1855 ; Gazette de Charleroi, 7 août 1891