Destrée (Olivier-) Georges

Culture, Littérature, Poésie

Marcinelle 10/08/1867, Louvain 30/10/1919

« À la fin du XIXe siècle, une renaissance de spiritualité chrétienne traverse la pensée européenne, en réaction contre le positivisme, le matérialisme et le naturalisme. Résultat d’un doute idéologique qui mène à un climat général de détresse, le mythe de la science comme source de progrès et de bonheur humain s’estompe progressivement. Guidés par un désir d’authenticité et de purification, nombre de poètes se persuadent d’un au-delà possible et estiment que la poésie a pour mission de l’explorer et de le révéler » (VERLEYSEN). Parmi ceux-ci, Georges Destrée, frère cadet de Jules Destrée, se convertit au catholicisme et, moine bénédictin, il prend le nom de Dom Bruno, en souvenir de son cousin et ami Paul Tiberghien, qui a quant à lui intégré l’ordre des Chartreux, fondé en 1084 par saint Bruno.

Élève au Collège communal puis à l’Athénée de Charleroi, Georges Destrée se passionne très tôt pour la lecture et dévore les histoires des frères Grimm, les romans de Balzac et les contes d’Andersen. Inscrit à la faculté de Droit de l’Université libre de Bruxelles, il commence une collaboration active à la revue La Jeune Belgique, pour laquelle il donne des chroniques d’art, d’abord, et signe divers articles avec son frère, des poèmes, ensuite, dont le premier, Le prince qui sommeille, est publié dans le numéro de juin 1889. C’est également au cours de ses années d’études que Georges Destrée fait précéder son prénom de celui de son père Olivier. 

Auteur, avec son frère, d’un premier recueil, Journal des Destrée, paru en 1891, il se passionne pour les poètes anglais du XIXe siècle et est séduit par le mouvement préraphaélite dominé par le peintre et poète Rossetti, auquel il consacre une étude, publiée en 1894, qui est la première monographie à paraître en français sur le mouvement britannique. Olivier-Georges Destrée est particulièrement séduit par l’idéal commun qui a rallié les artistes britanniques : il voit en eux des croisés de l’art, réunis sous la bannière de Rossetti, dont il admire la vie « aussi noble et pure que celle des parfaits chevaliers de la Table ronde qu’avaient chantés Sir Thomas Malory et Tennyson » (BROGNIEZ).

C’est cette même année 1894, à Londres, alors qu’il est chargé par le gouvernement belge d’une mission à l’Exposition des Arts et Métiers, qu’Olivier-Georges Destrée « fait l’expérience » du catholicisme, via l’activité missionnaire auprès des lépreux et la personnalité du Père Damien. Multipliant les séjours et voyages – en Flandre, en Angleterre, toujours, en Italie et dans le Nord de la France –, il lit l’Évangile qui est pour lui une révélation. Suivant des cours de catéchisme à la Société Saint-Vincent-de-Paul-des-Minimes (1896), il rejoint les rangs de la revue Durendal, défendant la doctrine de l’art pour l’art comme « tremplin vers un art catholique », avant de décider d’intégrer l’ordre de saint Benoit (1898). D’abord reçu à Maredsous où il prend le nom de Bruno, il est envoyé, à l’automne 1899, à l’abbaye du Mont César à Louvain. Ordonné prêtre en 1903, dom Bruno devient maître des novices (1904), directeur des oblats séculiers (1906), et confesseur des Carmélites de Louvain (1909). En 1911, il aide son frère à organiser l’exposition Les arts anciens du Hainaut, lors de l’Exposition internationale de Charleroi. 

Les dernières années de sa vie sont marquées par la Guerre, au cours de laquelle Dom Bruno et  toute la communauté du Mont César sont déportés, en août 1914, à l’abbaye de Maria Laach, en Rhénanie. De retour à Louvain en novembre 1914, il reprend ses activités avant qu’une péritonite l’emporte. Recueil de poèmes, chroniques, ouvrages d’art religieux et vies de saints composent l’essentiel de l’œuvre d’Olivier-Georges Destrée.

Sources

Idesbald VAN HOUTRYVE, dans Biographie nationale, t. 33, col. 247-251
Laurence BROGNIEZ, « Georges-Olivier Destrée et la religion de l’art : de l’esthète au converti », dans Alain DIERKENS (éd.), Problèmes d’histoire des religions : dimensions du sacré dans les littératures profanes, vol. 10, Bruxelles, Éditions de l’université de Bruxelles,‎ 1999, p. 33-42
Catherine VERLEYSEN, Maurice Denis et la Belgique, 1890-1930, Louvain, Presses universitaires de Louvain, 2010

Œuvres principales

Journal des Destrée, poèmes (1891)
Poèmes sans rimes, poèmes (1894)
Les Préraphaélites : notes sur l’art décoratif et la peinture en Angleterre, étude (1894)
Trois poèmes : Sainte Dorothée de Cappadoce ; Sainte Rose de Viterbe ; Saint Jean Gualbert, poèmes (1898)
La Mère Jeanne de Saint-Mathieu Deleloë : une mystique inconnue du XVIIIe siècle (1904)
Au milieu du chemin de notre vie, poèmes (1908)
Les Bénédictins, étude (1910)
L’Âme du Nord, brochure (1911)
Impressions et souvenirs, poèmes (1913)