© Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Dethier René

Culture, Littérature

Marcinelle 06/09/1888, Marchienne-au-Pont 01/07/1910

Au tournant des XIXe et XXe siècles, la Wallonie est le théâtre d’un intense bouillonnement littéraire. Plusieurs revues voient le jour, parfois publiées durant quelques mois, parfois plusieurs années. C’est le cas de La Jeune Wallonie, fondée et dirigée par René Dethier, à Charleroi, qui œuvra durant presque dix ans en faveur d’artistes et d’écrivains de langue française.

Étudiant au Collège des Jésuites de Charleroi, à l’Athénée de Chimay, puis à l’Athénée de Charleroi, René Dethier, passionné d’art et de littérature, fréquente le tribun socialiste Jules Destrée et participe aux conférences et autres manifestations organisées par ce dernier. À son contact, et avec d’autres jeunes de Marcinelle, le jeune Dethier, frondeur et impertinent, décide de lancer une revue, sur le modèle de La Jeune Belgique, revue bruxelloise d’art et de littérature. Avec l’aide du Cercle littéraire de Marcinelle-Monceau « Le Sillon », paraît sous cette appellation leur première livraison, un numéro de trente-deux pages. La deuxième publication, datée de juin 1906, change de nom et devient La Jeune Wallonie, sans que le programme ne s’en trouve modifié : « Sans avoir la prétention de se placer sur le même pied que La Jeune Belgique, La Jeune Wallonie sera une tribune de combat indépendante ; elle restera ouverte à toute expression d’art magnifiant la terre wallonne ou l’exaltant dans ses enfants ».

Placée sous la direction de René Dethier, qui succède à ce poste à l’écrivaine ixelloise Nelly Lecrenier, La Jeune Wallonie, qui se hisse rapidement parmi les meilleures revues de combat de l’époque, sort cinq numéros en 1906, auxquels collaborent notamment Jules Destrée, Jules Sottiaux, Henri Carton de Wiart, Louis Delattre, Adolphe Hardy, Constantin Meunier, Marius Renard, Edouard Ned et Maurice des Ombiaux, rejoints plus tard, entre autres, par Albert Mockel, Hubert Krains, Georges Rency et Émile Verhaeren.

Défenseur de la langue française, impulsif, René Dethier réagit volontiers de manière virulente contre les événements et les personnes, ce qui lui vaut divers rappels à l’ordre de Jules Destrée et de Maurice des Ombiaux. Durant ses années à la revue, Dethier mène d’autres activités de front : il assure la promotion des auteurs, anime des lundis littéraires, donne des conférences en Wallonie et en France, sur les sujets qu’il affectionne particulièrement – la femme dans la littérature, les écrivains du Pays noir, Jules Destrée écrivain, etc. –, secondé par son épouse, Berthe « Myosotis », avec laquelle il s’installe à Bruxelles.

Critique littéraire, il publie une dizaine d’essais, notamment sur Arthur Daxhelet, Maurice des Ombiaux, Fernand Séverin, Joseph Chot. Des articles, nombreux, de sa revue, où il présente des écrivains connus ou débutants, René Dethier tire la matière de l’ouvrage Histoire des Lettres françaises en Belgique (1910), rédigé en collaboration avec Joseph Chot.

Bien décidé à vivre de sa plume, René Dethier écrit à un rythme tel que sa santé déjà fragile se dégrade rapidement et qu’il se voit contraint de retourner vivre à Marchienne-au-Pont, où il mourra, en 1910 – il n’a pas vingt-deux ans – emporté par la tuberculose. Sa veuve, sous le nom de Berthe-René Dethier, reprend la direction de La Jeune Wallonie. La revue publie son dernier numéro en juillet 1914. 

Sources

Roger FOULON, Autour de la revue La Jeune Wallonie et de son directeur René Dethier, Bruxelles, Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique, 2008, en ligne sur http://www.arllfb.be/ebibliotheque/communications/foulon141202.pdf  (s.v. mars 2016)
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. I, p. 492

Œuvre principale

Histoire des Lettres françaises en Belgique (1910, avec Joseph Chot)