Dispa Benoît

Politique, Député wallon

Liège 18/09/1963

Député wallon : 2019-2024 ; 2024-

Dès 1964, Gembloux a procédé à une première fusion en intégrant les communes d’ErnageGrand-ManilLonzée et Sauvenière. Douze ans plus tard, par la fusion des communes imposée par le ministre de l’Intérieur, naît le « grand Gembloux » par l’incorporation de BeuzetBossièreBotheyCorroy-le-ChâteauGrand-LeezIsnes et Mazy, formant ainsi la 4e ville du Namurois, avec près de 20.000 habitants. Au soir des élections communales d’octobre 1976, c’est à une majorité absolue PSC que les rênes de la ville namuroise sont confiées. Six ans plus tard, le PSC (12 sièges sur 25) est contraint de partager le pouvoir avec un PS, où l’échevin Gérard Jaumain nourrit de plus hautes prétentions, alors que Marcel Jaspart est sur le départ. Et dès octobre 1988, elles se concrétisent : Jaumain s’empare du maïorat en s’alliant avec les libéraux de Charles Poswick et de Patrick Bioul, privant le bourgmestre sortant, le PSC Marchal, de son intention d’accomplir une demi-mandature, avant de passer le relais à Gérard Bouffioux. Le scrutin d’octobre 1994 confirme un scénario qui aurait pu se poursuivre longtemps si le décès inopiné de Gérard Jaumain, en 1995, n’était venu bouleverser l’échiquier politique local. 

En vue des élections de 2000, la section du « nouveau PSC » de Gembloux décide de consulter préalablement la population pour écrire son programme ; il s’agit de constituer une liste de renouveau et d’ouverture, en présentant « la Liste du Bailli », appellation symbolique qui fait référence à l’ancienne Maison du Bailli, bâtiment qui abrite alors en son rez-de-chaussée la salle du Conseil et le bureau du bourgmestre. Président de la section PSC de Gembloux depuis 1995, Benoît Dispa joue la carte « Gérard Bouffioux » comme bourgmestre, entouré de jeunes et nouveaux candidats, les anciens étant placés en fin de liste. En obtenant 12 sièges, la Liste du Bailli s’allie à écolo (2 sièges) pour renvoyer le bourgmestre PS Dominique Notté et les libéraux dans l’opposition. Le coup est rude pour la majorité sortante et un recours est introduit par une candidate MR auprès de la députation permanente pour invalider le résultat. Après cinq mois d’attente, le Conseil d’état valide les résultats et, dans le Collège échevinal présidé par Gérard Bouffioux, Benoît Dispa qui vient d’être élu conseiller communal pour la première fois, devient d’emblée échevin, en charge des Finances, de la Communication et de la Participation ainsi que de la Jeunesse.

Romaniste formé aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur puis à l’Université catholique de Louvain, professeur à l’Université de Namur, Benoît Dispa dispose déjà d’une certaine expérience de l’action politique : il a été chef de cabinet adjoint et conseiller budgétaire auprès du ministre fédéral Jean-Pol Poncelet (1995-1998). Échevin à 36 ans, celui qui exerce comme premier auditeur à la Cour des Comptes (1999) fait d’emblée appel au Centre régional d’aide aux communes (Crac) afin de mieux souligner la mauvaise situation budgétaire de la ville. L’argument n’est pas que politique car, durant quatre ans, Gembloux est placée sous plan de gestion et finalement la population semble rassurée, ainsi qu’en témoignent les résultats du scrutin communal d’octobre 2006 où s’applique pour la première fois le Décret wallon sur la Démocratie locale. 

Troisième candidat sur la liste BAILLI, Benoit Dispa rassemble sur son nom 2.201 voix de préférence, contre 1.278 à Marc Bauvin, la tête de liste, et 980 à Gérard Bouffioux, 13e candidat qui ne brigue pas le renouvellement de son mandat. Sur les autres listes, personne ne fait mieux, même si la liste BEFFROI de Patrick Bioul (2.124 vp) enlève 12 sièges, avec 40,41%. En très léger recul (36,79%, -0,73%), le BAILLI a perdu un siège (11), mais comme écolo progresse de 5% (4 sièges, +2) et décide de poursuivre l’expérience avec Benoit Dispa, celui-ci devient le nouveau bourgmestre de l’ancienne capitale de la coutellerie (15 sièges sur 27), en s’appuyant sur un programme décrit comme un « vrai contrat d’avenir local ». Six ans plus tard, en octobre 2012, la liste Bailli se maintient à 36,81% et garde ses 11 sièges. En tant que tête de file, Benoît Dispa totalise 3.134 vp, un résultat que seule Sabine Laruelle (2.263 vp), alors ministre fédérale, est venue contester, sa liste MR réalisant 28,5% (8 s.), tandis que le PS est en-dessous de 19% (5 s.). écolo en léger recul (13,6%) perd un siège et ne retrouve pas le Collège, la liste Bailli décidant de se tourner vers le MR pour former un tout nouveau Collège communal, où seul Benoît Dispa faisait partie de l’ancienne équipe. En octobre 2018, la liste Bailli atteint les 40% et obtient 13 sièges sur les 29 que compte désormais le Conseil communal ; Benoît Dispa obtient 3.347 voix de préférence et n’est bousculé par aucun autre candidat. En l’absence de Sabine Laruelle, le MR perd près de 11% (5 s., -3) ; alors que le PS est en recul (13,5%, -5%, 4 s.), seul écolo progresse (21,5%, + 7,8%, 6 s.) et c’est vers lui que se tourne le groupe Bailli pour former un nouveau pacte de majorité articulé autour de quatre axes : la gouvernance et la participation, le développement partagé, le vivre ensemble et la transition écologique. Entamant son troisième mandat de bourgmestre, Benoît Dispa est en charge de l’état civil, des Relations extérieures, de la Communication, de la Culture et de la Cohésion sociale.

Parmi les nombreux chantiers qui transforment Gembloux durant le premier quart du XXIe siècle, le projet d’un nouvel hôtel de ville est l’un des axes majeurs de la modernisation d’une ville qui se dote de nouvelles infrastructures sportives, qui construit du logement public, se veut pôle attractif d’entreprises, soigne sa mobilité, tout en s’adaptant à son statut de cité universitaire et en regimbant face à l’afflux de demandes d’implantation de parcs éoliens. En 2012, l’autorité communale adopte un schéma directeur ambitieux à l’horizon 2027, mettant l’accent à la fois sur une profonde rénovation urbaine entamée déjà en 2009 et le développement d’activités en matière de tourisme, d’offre commerciale, de services, et d’institutions scientifiques et universitaires. Autour de la nouvelle gare inaugurée en 2009-2010, c’est aussi tout un nouveau quartier de grande ampleur qui commence à sortir de terre au début des années 2020, sur d’anciens sites industriels désaffectés (Eurofonderie).

Administrateur de Brutélé (2001-2017), d’Idefin (2001-2007), de l’IDEG (2001-2007), vice-président de Canal Zoom Gembloux (2001-), Benoît Dispa se met en congé politique comme premier auditeur à la Cour des Comptes au moment où, en avril 2005, il devient chef de cabinet adjoint et conseiller budgétaire auprès du vice-Premier ministre wallon André Antoine, en charge du Logement, des Transports et du Développement territorial (2005-2009). Président du service d’Aide aux Jeunes en Milieu Ouvert « Imagin’AMO » (décembre 2005), administrateur (2005-) puis vice-président (2013-) de l’Union des villes et des communes de Wallonie, administrateur des Facultés agronomiques puis de Gembloux-Agro-Bio-Tech/Université de Liège (2005-), administrateur du Bureau économique de la province de Namur et de son comité de gestion (2007-2014), administrateur de Ciger-Adehis (2007-2012), membre du comité de gestion et administrateur de l’Intercommunale de mutualisation informatique et organisationnelle (2011-), il devient le chef de Cabinet adjoint du ministre wallon Benoît Lutgen, en charge des Travaux publics, de l’Agriculture, de la Ruralité, Nature, Forêt, Patrimoine (2009-2011), puis de son successeur Carlo Di Antonio (2011-2014).

En octobre 2006, 8e candidat cdH dans le district de Gembloux (2e score avec 2.074 vp), Benoit Dispa décroche un mandat de conseiller provincial de Namur qu’il renouvelle six ans plus tard, avec 2.741 vp. Il y met un terme en mai 2014 quand il est élu député fédéral. Depuis plusieurs années déjà, il a pris l’habitude de se présenter comme candidat sur les listes cdH aux élections fédérales et régionales. Grand faiseur de voix, comme deuxième suppléant dans la circonscription de Namur lors du scrutin wallon du 13 juin 2004, il réalise le 3e score de sa formation avec 4.189 vp ; troisième effectif aux élections fédérales du 10 juin 2007, il réunit 8.321 vp dans la province de Namur ; 6e suppléant lors du scrutin anticipé du 23 juin 2010, il attire 6.298 vp. Premier suppléant de Maxime Prévot au scrutin wallon du 7 juin 2009 (5.640 vp), il est choisi par Benoît Lutgen comme tête de liste au fédéral, lors du triple scrutin du 25 mai 2014. Avec 13.909 vp, Benoît Dispa ne laisse pas passer sa chance de siéger à la Chambre fédérale, le cdH réalisant 16,07%. Il est cependant relégué dans l’opposition, quand le MR de Charles Michel décide d’être la seule formation wallonne et bruxelloise dans le gouvernement fédéral, en s’associant à l’Open-VLD, au CD&V et à la N-VA. Membre de la Commission Finances-Budget, Dispa est notamment l’un des rapporteurs au sein de la Commission spéciale « Fraude fiscale internationale/Panama Papers ».

Lors du triple scrutin du 26 mai 2019, il prend le risque d’être tête de liste cdH dans la circonscription de Namur. En vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, il sait qu’il devra renoncer à son mandat de bourgmestre s’il ne réalise pas un taux de pénétration suffisant. Pour le cdH Namurois emmené par Maxime Prévot au fédéral et par Benoît Dispa à la région, le scrutin de mai 2019 est un vrai succès. Avec 8.210 vp, Benoît Dispa atteint tous ses objectifs, son résultat lui permettant de siéger comme député wallon tout en restant bourgmestre. Mais pour le cdH, ces élections sont un vrai camouflet, tant à Bruxelles qu’en Wallonie et au fédéral. Très vite, d’ailleurs, son nouveau président décide d’une cure d’opposition et lance une opération de refondation qui conduira à la transformation du cdH en mouvement Les Engagés. Benoît Dispa participe à tout ce processus, en se conformant aussi à la décision de ne participer à aucune majorité fédérale ou régionale. 

Ses premières interventions au Parlement de Wallonie, le nouvel élu les consacre au dossier Nethys, en dénonçant l’accord de vente entre VOO et le groupe américain Providence, et en réclamant des comptes au nouveau gouvernement Di Rupo (septembre 2019). Membre de la Commission Logement-Pouvoirs locaux (2019-2024), Benoît Dispa est amené par les circonstances à se focaliser sur la pandémie de la Covid-19 : avec les autres chefs de groupe de la majorité ou de l’opposition, il convient de nombreuses mesures nécessaires pour faire face, au niveau wallon, à toutes les conséquences de cette crise sanitaire. Il s’agit à la fois de veiller à la bonne organisation pratique des activités du Parlement de Wallonie durant les mois de la pandémie, mais aussi de s’assurer de la légalité et du parfait fonctionnement démocratique des communes et provinces, intercommunales, sociétés de logement, asbl, CPAS, etc. Après avoir fait la demande d’une telle commission, il est choisi par son parti pour le représenter au sein de la « Commission spéciale chargée d’évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie » (juillet-novembre 2020). 

Durant une législature wallonne marquée par cette pandémie, mais aussi par les inondations de juillet 2021, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, le nouveau député wallon fait partie du groupe des 10 élus cdH que dirige François Desquesnes (rejoint en 2023 par J-L. Crucke). Ensemble, ils organisent leurs travaux et leurs interventions de manière dynamique et collective, pour exister en tant que principale force d’opposition, aux côtés des 10 députés du PTB, face à la majorité PS-MR-écolo. Actifs dans chaque Commission, ils sont régulièrement six ou sept députés wallons cdH à signer des propositions de décret dans toutes les matières régionales : démocratie locale et transparence de l’autorité publique, mobilité douce, circuits courts alimentaires par la création de marchés de produits fermiers et artisanaux, mesures urgentes et pratiques durant la pandémie de la Covid-19 avec aides aux ménages et, indépendants et PME, développement d’une politique de la santé mentale, lutte contre le gaspillage et les déchets, généralisation d’un système de consigne pour les canettes, contrôle et encadrement du déploiement de la 5G, augmentation des aménagements cyclables, révision de la constructibilité en zones inondables, protection contre le bruit, véhicules électriques, mesures contre l’intoxication au monoxyde de carbone, instauration d’une assurance-autonomie, soutien au coworking, mesures pour contrôler les lobbys actifs auprès des autorités wallonnes, lutte contre le sans-abrisme, logement et code wallon de l’habitation durable, aide à la constitution de la garantie locative, etc. Par ailleurs, Benoît Dispa contribue aussi à légiférer en faveur d’une plus grande publicité et d’un accès facilité aux documents pour les conseillers communaux et provinciaux, sa proposition de décret étant reprise – dans les grandes lignes – par la majorité (décret du 18 mai 2022). En septembre 2022, quand Alda Greoli démissionne de son mandat de députée wallonne, c’est Benoît Dispa qui reprend son rôle de chef du groupe des parlementaires cdH/Les Engagés du côté du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En fin de législature wallonne, s’il adopte avec la majorité le décret « funérailles et sépultures », il est cependant le seul à s’abstenir lors du vote du décret invitant les communes à mettre à disposition une salle neutre pour les cérémonies funéraires (avril 2024).

Le 9 juin 2024, Benoît Dispa est tête de liste Les Engagés dans la circonscription de Namur, afin d’obtenir la reconduction de son mandat de député wallon. Avec une progression de 13,6% par rapport au cdH de 2019, Les Engagés gagnent un siège et deviennent la première force politique de la circonscription de Namur (29,26%). Benoit Dispa, quant à lui, arrive en tête des voix de préférence (11.723 vp).

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Gembloux (2000-)
Échevin (2000-2006)
Bourgmestre (2006-)
Conseiller provincial de la province de Namur (2006-05/2014)
Député fédéral (2014-2019)
Député wallon (2019-)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont Le Soir, 13 septembre 1988, 30 octobre 2018, 12 septembre 2019, 4 février 2021 
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2019 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Cumuleo (-2023)
https://www.lesengages.be/visage/dispa-benoit/ 

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)