Dreze Benoit

Politique, Député wallon

Pittsburgh (USA) 05/10/1957

Député wallon : 2014-2019

Ingénieur industriel formé à l’Institut Zénobe Gramme, à Liège (1979), Benoit Drèze entame sa vie professionnelle comme animateur dans un foyer d’accueil pour adolescents en difficultés. En 1983, il décide de lancer « 1001 choses à faire », une entreprise sociale qui entend former sur le terrain des jeunes en décrochage en leur permettant d’accéder aux métiers du bâtiment, durant des stages rémunérés de neuf à quatorze mois. À la formation proprement dite s’ajoutent un accompagnement social et une aide à la recherche d’emploi. Menée à Liège, l’initiative de Benoit Drèze s’inscrit dans le même esprit que l’initiative carolorégienne de l’asbl « Quelque chose à faire », animée par le prêtre ouvrier Roger Vanthournout (1930-1989). Après avoir cherché un lieu d’implantation entre Liège et Herstal, avant de s’installer rue de Steppes (Liège), se mettent en place l’Entreprise de Formation par le Travail (EFT) « 1001 choses à faire » (1983-2006), l’EFT-Organisme d’insertion socioprofessionnelle « Créasol » (depuis 1989), l’agence-conseil « Agès » (1993-), les entreprises d’insertion « Steppes-Service » (2004-), « 1001 choses à construire » (2007-) et « Steppes Services 2 » (2008-), de même que la coopérative d’activités « Step by Steppes » (2008-). L’ensemble est finalement rassemblé au sein de « Step Group ». Président ou administrateur délégué de ces structures portées vers la formation, la lutte contre la fracture sociale et numérique, Benoît Drèze se retrouve progressivement à la tête de plus de 200 salariés qui, en plus de trente ans, ont contribué à l’insertion par le travail de plusieurs milliers de jeunes dans la société. Par ailleurs, il est aussi administrateur, puis président de la SA namuroise Financière d’Entreprise et de Rénovation immobilière (FERI, 2007-2015).

Curieux d’expériences d’économie sociale se déroulant ailleurs, Benoît Drèze ramène de France, en 1994, l’idée des chèques-services. Le concept est régulièrement débattu dans les partis politiques belges, avant de prendre la forme des « titres-services » en 2004, à l’initiative du gouvernement fédéral pour favoriser le développement de services et la création d’emplois de proximité et lutter contre le travail au noir. À partir de ce moment, Benoit Drèze est régulièrement présenté comme celui qui imagina les chèques-services ou « l’inventeur des titres-services ». Ce n’est pourtant pas la seule idée qu’il développe, ainsi qu’en témoigne Tous au chômage ? Pour en découdre avec l’exclusion sociale (Luc Pire, 1995), ouvrage qui frappe aussi les esprits.

Élu conseiller communal PSC à Herstal en octobre 1994, attaché parlementaire, conseiller du ministre de l’Emploi et du Travail, Miet Smet, entre 1995 et 1999, Benoît Drèze s’efforce de mener une action politique de terrain, par exemple en parcourant les rues de Herstal pour inciter les citoyens de l’Union européenne à s’inscrire sur la liste des électeurs pour les communales d’octobre 2000. Élu au Conseil provincial de Liège (2000-2004) sur les listes du « nouveau PSC », il s’est vu confier, par Joëlle Milquet, dès son accession à la présidence, la coordination nationale du département animation du parti social-chrétien ; ainsi apporte-t-il une contribution majeure à la refondation d’un PSC alors moribond, avant de confier ce poste à... Benoît Lutgen qu’il avait engagé un an plus tôt. En 2003, cet expert en économie sociale devient le secrétaire national du cdH, en charge de l’emploi. Auteur d’un nouvel ouvrage (Tous au boulot ? D’une économie duale à une société de pleine activité, Luc Pire, 2003), il formule une série de solutions pratiques qu’il a l’occasion de défendre quand il fait campagne comme premier suppléant au scrutin fédéral du 18 mai 2003 (7.862 vp), place qu’il occupait déjà aux législatives du 13 juin 1999. 

Après le scrutin régional du 13 juin 2004 (où il n’est pas candidat), le choix de Louis Smal de siéger au Parlement wallon libère son mandat à la Chambre et Benoit Drèze devient ainsi député fédéral, abandonnant le niveau provincial. Très critique à l’égard des politiques de l’emploi en Belgique, il en appelle à un changement radical de mentalité et à une simplification des procédures (L’Écho, 1er juillet 2004), simplification qui pourrait s’appliquer dans toutes les administrations. Proposant des correctifs pour améliorer l’impact des titres-services que vient de lancer le gouvernement fédéral, militant pour la suppression du pointage des chômeurs, Benoit Drèze s’impose rapidement comme le porte-parole le plus critique de l’opposition à la politique sociale du gouvernement Verhofstadt II, ainsi qu’à sa politique de Santé et à son « Pacte de solidarité entre générations » (décembre 2005) ; l’expertise critique du député cdH s’exprime d’ailleurs aussi à l’encontre de mesures prises à l’échelon régional wallon. Régulièrement, il dénonce les « pièges à l’emploi » qui parsèment les politiques sociales.

En février 2005, en tant que secrétaire général de la Démocratie chrétienne de Wallonie et de Bruxelles, il contribue à la rédaction du Manifeste du renouveau démocrate-chrétien. En septembre, ayant déménagé de Herstal à Liège, il se propose d’être candidat aux communales d’octobre 2006. Placé en 9e position, il signe le 5e score de sa liste (1.593 vp, et 17e tous partis confondus) et obtient un échevinat dans le Collège à majorité PS-cdH présidé par Willy Demeyer ; pour sa première participation à une majorité politique, il est en charge des Affaires sociales, de la Politique familiale et de Santé, les mêmes matières que celles qu’il traite en Commission à la Chambre.

Troisième sur la liste cdH au scrutin fédéral du 10 juin 2007, il reste sur le carreau malgré ses 12.042 vp et alors que le cdH sortant de l’opposition visait 3 mandats ; appelé comme expert en matière socio-économique auprès de la présidente du cdH, Joëlle Milquet, il est un acteur majeur lors des interminables négociations dite de l’Orange bleue (2007). Finalement, un gouvernement Verhofstadt III est mis en place en décembre et Josly Piette y devient ministre de l’Emploi et du Travail (décembre 2007-mars 2008) : Benoît Drèze est alors engagé comme expert à son Cabinet. Cet éloignement par rapport à son échevinat liégeois lui attire critiques et quolibets. À partir de Leterme Ier, il se recentre sur Liège, assurant notamment la coordination d’un ambitieux Plan communal de lutte contre la Pauvreté (2011-2015), se préoccupant du sort des aînés et augmentant les places dans les crèches (dont celle de la gare des Guillemins).

Mais ses résultats personnels lors du scrutin régional du 7 juin 2009 (12e suppléant, 3.234 vp dans la circonscription de Liège) et du scrutin fédéral anticipé du 23 juin 2010 (3e suppléant, 6.654 vp sur la province de Liège) ne sont pas probants ; le cdH ne parvient pas à se trouver un « champion » sur Liège, la 3e place d’effectif attribuée à Jean-Denis Lejeune (2010) se soldant par un résultat identique à celui de Benoit Drèze en 2007. En vue du scrutin communal d’octobre 2012, Anne Delvaux est propulsée sur la liste cdH, derrière Michel Firket et devant André Schroyen et Benoit Drèze, les trois échevins sortants. Principal artisan du programme électoral des « Liégeois », Benoit Drèze fait beaucoup mieux qu’en 2006 (2.452 vp, et 3e score de sa liste et 11e tous partis confondus), mais dans le nouveau collège, le cdH perd un échevin et c’est lui qui est victime de cette redistribution.

Conseiller communal, représentant du cdH au Conseil d’administration de Dexia Banque (2003-2006), du CHR Citadelle (2013-), de l’IGIL (2013-), de l’ISoSL (2013-2014), il a obtenu de son parti d’être en ordre utile au scrutin fédéral du 25 mai 2014. Entre-temps, il est appelé en tant qu’expert emploi au cabinet de la ministre Joëlle Milquet, puis l’occasion se présente de retrouver la Chambre fédérale quand, en juillet 2013, Marie-Martine Schyns est appelée à remplacer Joëlle Milquet au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Si sa priorité de député fédéral de la majorité le porte d’emblée sur les affaires sociales, il entre aussi à la Chambre au moment où doit être voté l’ensemble des dispositions de la 6e réforme de l’État qui comprend notamment la scission de BHV, la réforme profonde du Sénat, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions et le transfert d’importantes compétences vers les entités fédérées.

Après le départ d’Anne Delvaux des rangs du cdH liégeois et le transfert des matières sociales et d’emploi vers les régions, Benoit Drèze abandonne l’idée de siéger au fédéral, se portant candidat au parlement wallon, derrière Marie-Dominique Simonet, le 25 mai 2014. Il signe le 2e score de sa liste (6.597 vp, 10e score tous partis confondus) dans la circonscription liégeoise et maintient grosso modo le cdH à son résultat de 2009. Désormais député wallon de la majorité PS-cdH, il se voit confier des responsabilités en rapport avec ses sujets de prédilection puisqu’il est membre de la Commission de l’Emploi et de la Formation (2014-2019), et qu’il préside la Commission du Budget et de la Fonction publique (2014-juillet 2017). Particulièrement attentif au Plan pour l’emploi porté par éliane Tillieux, il insiste pour que la formation en alternance en soit l’un des piliers, en même temps que la réforme des aides à l’emploi. Il se montre rapidement critique à l’égard des « contrats d’insertion ». Par ses nombreuses interventions – écrites ou orales – il défend une série de dossiers concernant la région de Liège (liaison E313-citadelle, rénovation du MAD-Musée, le tram, etc.). Dès 2014, il dépose une série de décrets visant à supprimer l’effet dévolutif de la case de tête aux élections communales et provinciales, ainsi qu’au scrutin wallon, et à supprimer les listes de suppléants au scrutin wallon. Sans succès.

Dans le dossier CETA, il vote en faveur de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la crise internationale qui s’en est suivi, il figure parmi les 58 députés wallons qui votent en faveur du projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

En septembre 2017, le député cdH porte une résolution, votée par le Parlement de Wallonie, en faveur d’une « Wallonie zéro carbone en 2050 ». Avec les députés Wahl, Fourny et Destrebecq, il demande que la Cour des comptes réalise un audit des finances publiques wallonnes (été 2017). Durant toute cette législature où il intervient dans dossiers relatifs au climat, à la gouvernance, à la santé, à la prise en charge des usagers des drogues, à l’aide sociale et au logement, il adopte une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur fait de la Wallonie une région pionnière. Il aurait souhaité qu’elle le soit davantage en matière d’accueil des réfugiés de guerre. De même, il ne parviendra pas à une réforme satisfaisante des APE avant la fin de la législature.

Membre du bureau politique du cdH, il avait soutenu résolument l’appel du 19 juin 2017 de Benoit Lutgen à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, suite aux « affaires ». Le 28 juillet, avec les 37 autres députés wallons MR et cdH, Benoit Drèze vote la motion de défiance constructive qui met fin au gouvernement de Paul Magnette et installe l’exécutif de Willy Borsus : c’est une première dans l’histoire politique wallonne. Jusqu’à la fin de la législature wallonne, il fait partie de la majorité MR-cdH et siège au sein de la Commission Budget-énergie-Climat et de la Commission économie-Emploi-Formation. Néanmoins, après les incertitudes de l’été 2017 et plusieurs sondages qui créditent le cdH de mauvais résultats, il fait partie des parlementaires cdH qui, durant l’automne, réclament un véritable débat interne sur le mode de fonctionnement et sur la doctrine humaniste du cdH (13 octobre).

Lors du triple scrutin du 26 mai 2019, il accepte de soutenir son parti, mais sans occuper une place susceptible de lui attribuer un mandat. Dernier suppléant au scrutin fédéral dans la circonscription de Liège, il réalise pourtant un score personnel de 4.111 vp et se retrouve ipso facto 2e suppléant. Mais les résultats d’ensemble du cdH sont loin de correspondre aux espérances et poussent son président, Maxime Prévot, à décider d’une cure d’opposition pendant laquelle est entamé un lent et long processus de rénovation et de refonte de l’ancien PSC-cdH (janvier 2020). Dès juin 2019, Benoit Drèze s’est ouvertement opposé à ce choix délibéré de l’opposition. Plaidant en faveur d’une collaboration PS-écolo-cdH pour faire face aux défis climatiques et de la biodiversité, il réclame la tenue d’un Congrès avec débat contradictoire, sur la question de la participation gouvernementale. En vain.

Rescapé de la débâcle communale liégeoise d’octobre 2018, celui qui était candidat en dixième position et avait réalisé le 2e score de son parti (1.286 vp) s’est ouvert tout seul les portes du Conseil communal de la ville de Liège, mais là aussi c’est l’opposition qui l’attend car, avec moins de 7%, le cdH liégeois a perdu la moitié de ses électeurs et plus de la moitié de ses élus. 

En décembre 2020, après plus de trente ans d’activité politique, Benoît Drèze tourne la page et décide de se consacrer exclusivement à la vie associative et coopérative. Julien étienne le remplace au conseil communal de Liège. Benoit Drèze abandonne aussi son mandat d’administrateur à l’Intercommunale de soins spécialisés de Liège (ISoSL, 2019-2020), ayant encore 1001 choses à faire dans les asbl qu’il préside (Aide aux justiciables, Feccoopem, Créasol, Promovere), step by step.

Professeur en charge du cours de gestion sociale en entreprise à Helmo Gramme (Liège), Benoît Drèze est par ailleurs un compétiteur aguerri de side-car, lauréat de plusieurs compétitions européennes amateurs depuis 1999, moment où il a commencé à concourir en duo.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Herstal (1994-2000)
Conseiller provincial de Liège (2000-2004)
Député fédéral (07/2004-2007)
Echevin de Liège (2006-2012)
Conseiller communal (2012-12/2020)
Député fédéral (07/2013-2014)
Député wallon (2014-2019)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont L’Écho, 1er juillet 2004, https://www.lecho.be/actualite/archive/Dreze-CDH-Les-politiques-de-l-emploi-en-Belgique-Une-faillite-entretien-par-Jean-Yves-Huwart/8780508 ; La Libre, 26 avril 2006, La Libre, 23 mars 2013, La Meuse, 25 février 2014
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2019 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
https://www.youtube.com/watch?v=sX4GPKW8osE
http://www.bdreze.be/entrepreneur-social/
https://www.qcaf.be/histoire/roger-vanthournout

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)