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Fabry Marcel

Culture, Lettres wallonnes

Liège 02/02/1891, Liège 07/11/1953

Pionnier du wallon à l’école, Marcel Fabry consacre son existence à la défense du parler dialectal et à l’émancipation politique de la Wallonie, sans jamais souhaiter que le wallon se substitue à la langue française. Son recueil de contes, Li Hatche di bronze (1937) fut « un moment important dans l’effort du wallon pour émanciper sa littérature » (MAQUET).

Employé administratif à l’Échevinat de l’Instruction publique de Liège, Marcel Fabry accomplit toute sa carrière à la ville, accédant à la retraite avec le grade de directeur. Cette activité professionnelle lui procure une situation préférentielle pour défendre l’utilisation de la langue wallonne, sa principale préoccupation. Celui qui est l’un des premiers étudiants du nouveau cours de dialectologie wallonne donné par Jean Haust à l’Université de Liège va multiplier les articles en faveur de la langue wallonne et être à l’origine de plusieurs initiatives concrètes afin de faciliter la transmission du wallon auprès des jeunes générations, sur base volontaire. L’exemple occitan inspire nombre de ses initiatives.

À la suite du Congrès de langue et de littérature wallonnes qui se déroule à Charleroi en 1933, se constitue l’Action littéraire interprovinciale wallonne, avec Émile Lempereur, Fernand Stévart, Michel Duchatto, Franz Dewandelaer, Gabrielle Bernard et Marcel Fabry notamment. Les premières manifestations de cette Action sont des adaptations réciproques de textes, principalement des poèmes, et des expositions de livres et de revues. Le rapprochement entre les multiples initiatives dialectales du pays wallon sera une des constantes de l’activité de Fabry. Une autre sera de développer des outils pédagogiques.

Auteur du premier livre de Lectures wallonnes (1933), Fabry contribue à mettre à la disposition des enseignants un ensemble de textes rimés ou en prose, spécialement adaptés pour les enfants et les adolescents. À partir de 1934, Fabry est parmi les initiateurs d’un concours de rédactions wallonnes qui se perpétue d’année en année dans l’enseignement primaire communal liégeois. Littérateur épris de formules originales, auteur de poésies françaises et de contes wallons, il fait aussi partie de ceux qui encouragent les concours de diction, de récitation, d’illustration des proverbes wallons. S’adressant aux élèves de rhétorique, un autre concours consistera à traduire en wallon des textes grecs et latins. Quant à son recueil de contes, Li Hatche di bronze (La hache de bronze) publié chez Thone en 1937 et qu’il écrit en wallon liégeois, il étonne ses contemporains par sa prétention à traiter en langue wallonne de thématiques historiques fort variées. Sans doute, cet ouvrage contribue-t-il à sa désignation comme membre titulaire de la Société de Littérature wallonne (1939).

Militant wallon actif dans les années 1930, Marcel Fabry apporte plusieurs articles à L’Action wallonne, généralement consacrés à l’emploi des langues. Il y dénonce toute imposition de bilinguisme français-néerlandais et se veut un défenseur du wallon comme langue auxiliaire idéale pour une meilleure connaissance du français. Résistant durant la seconde occupation allemande, il participe aux travaux du Rassemblement démocratique et socialiste wallon (1942-1943), mais la promotion de la langue wallonne reste sa seule passion après la Libération.

Son œuvre dramatique Orne d’afêres (1946), d’après Mirbeau, est accueillie avec faveur. D’un séjour d’étude en Provence (1948), il réunit des informations permettant la rencontre occitano-wallonne organisée en mai 1952, par Robert Grafé. En mai 1948, Paris accueille Au temps où Berthe filait..., un spectacle de marionnettes que Fabry a écrit en franco-wallon de la fin du XIXe siècle ; la demande datait de 1942 et émanait de Gaston Baty, le meneur de théâtre français ; tout en donnant un rôle à Tchantchès et Nanèsse, Fabry s’est inspiré du récit légendaire d’Adenet le Roi (XIIIe siècle) sur la reine Berthe au Grand Pied. En 1951, enfin, il publie une Grammaire pratique du wallon liégeois qui s’inspire fortement des cours de wallon qu’il dispense à l’École provinciale de Service social de Liège.

Sources

Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 599-600
L’Action wallonne, 1933-1940
Paul COPPÉ et Léon PIRSOUL, Dictionnaire bio-bibliographiques des littérateurs d’expression wallonne (1622-1950), Gembloux, Duculot, 1951, p. 155
Fonds d'histoire du Mouvement wallon, Fonds Andrien
Maurice PIRON, Un nouveau conteur liégeois, dans La Vie wallonne, mars 1939, n°223, p. 168-177 ; Maurice PIRON, In Memoriam, dans La Vie wallonne, 1953, n°264, p. 312-313
Au temps où Berthe filait..., dans La Vie wallonne, 1963, 1ère partie, n°301, p. 44-68, 2e partie, n°302, p. 95-132
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. 3, p. 217
Le choix de la seconde langue dans l’enseignement, publiée par la Ligue d’Action wallonne de Liège, Liège, 1934, 28 p.
La Nouvelle Revue wallonne, t. 2, n° 4, 1950, p. 263
La Wallonie nouvelle, 3 avril 1938, n° 14
Albert MAQUET, dans Nouvelle Biographie nationale, t. VI, p. 200-201