Fauconnier Jean-Luc

Culture, Lettres wallonnes

Charleroi 18/01/1941

Se présentant comme un défenseur d’une culture traditionnelle dont la langue est le vecteur privilégié, Jean-Luc Fauconnier a fait des langues dialectales de la Belgique romane le cœur de ses préoccupations. De son passage au Cabinet de Valmy Féaux (1988-1992), est né notamment le décret des langues régionales endogènes qui apporte désormais une protection aux différents parlers de Wallonie. Animateur, conférencier, écrivain, professeur, Jean-Luc Fauconnier réunit toutes ses activités autour d’un seul point commun : préserver le plus longtemps possible les parlers locaux de Wallonie.

Licencié en Philologie romane de l’Université libre de Bruxelles (1963), Jean-Luc Fauconnier exerce comme professeur de français et de wallon à l’Institut supérieur provincial des Sciences sociales et pédagogiques de Marcinelle pendant 25 années (1963-1988). Ses activités d’auteur et d’animateur en langue wallonne lui ouvrent les portes de la Société de Langue et de Littérature wallonnes, dont il est membre titulaire depuis 1986 et où il occupera la présidence de 1992 à 1995. En 1987, succédant à Émile Lempereur, il accède la présidence de l’Association littéraire wallonne de Charleroi et devient l’éditeur du mensuel èl Bourdon et de plusieurs monographies parues sous le label des éditions du Bourdon, relancées en 1993.

Dès cette époque, il milite en faveur de l’instauration « d’un cours basé sur l’étude de la vie régionale qui comprendrait une partie historique et géographique et une partie consacrée à l’étude du dialecte et de sa littérature ». Il réclame aussi des médias davantage d’ouverture aux dialectes (retransmission de pièces de théâtre en wallon, par exemple). Avec le professeur Willy Bal, il a aussi entrepris l’édition du Dictionnaire de l’ouest-wallon d’Arille Carlier (1985-1992), avant de piloter l’équipe éditoriale du Dictionnaire français–ouest-wallon carolorégien en chantier depuis 1996.

Son entrée au Cabinet de Valmy Féaux, en mai 1988, au moment de la formation des nouvelles coalitions PS-PSC en Wallonie et en Communauté française, marque une nouvelle étape dans la reconnaissance du statut des langues régionales. Attaché de Cabinet auprès du Ministre-Président de la Communauté (1988-1992), Jean-Luc Fauconnier apporte son expertise dans la rédaction du court décret adopté le 24 décembre 1990, qui assure protection et promotion aux langues régionales endogènes. Dans le même temps, il représente la Belgique au sein du comité d’experts du Conseil de l’Europe chargé de la rédaction de la Charte européenne pour les langues moins répandues (1988-1992). Président du comité belge du Bureau européen pour les Langues moins répandues (1990), il a la satisfaction de constater que la Charte européenne finalement adoptée le 5 novembre 1992 partage la même philosophie que le décret francophone. Néanmoins, il devra encore mener bataille pendant de nombreuses années pour que la Belgique accepte de ratifier une Charte européenne que la Communauté française s’est empressée d’approuver, tout en étant tributaire d’une ratification officielle belge qui n’était pas encore effective au début de l’année 2016.

Administrateur et vice-président du Bureau européen pour les Langues moins répandues (1992-2005), Jean-Luc Fauconnier s’emploie par conséquent à dresser un argumentaire en faveur de la ratification, tout en menant des missions aux langues régionales pour le Ministère de la Communauté/Fédération Wallonie-Bruxelles (1992-2006) et en présidant le Conseil des Langues régionales endogènes de la Communauté/Fédération Wallonie-Bruxelles depuis 1993. Parallèlement, Jean-Luc Fauconnier continue d’assumer, à titre bénévole, les cours de wallon à Charleroi (1989-2001). Depuis 2004, vice-président d’Èl Mojo dès Walons, il est le responsable des cours de wallon de la Maison carolorégienne des Traditions (institution créée en 1997).

Prix du Hainaut de Littérature en Langues régionales pour le récit en prose Li djoû qu’i ploûra dès pupes di têre (1992), Fauconnier signe de rares compositions littéraires, en raison d’autres activités éditoriales accaparantes : il est l’animateur de la revue MicRomania consacrée à la mise en valeur des littératures contemporaines en langues régionales romanes (depuis 1992) ; en 2002, il tente de lancer Walons, fusion expérimentale de textes des Cahiers wallons (Namur), du Mouchon d’Aunia (la Louvière) du Bourdon (Charleroi), du Sauverdiat et de Singuliers (Luxembourg) ; mais en 2004, ce sont El Mouchon d’Aunia et El Bourdon qui se rapprochent, avant de donner naissance à A no boutique (2006). Collaborateur du projet de dictionnaire rassemblant jurons et expressions populaires (2000), il se fait aussi le traducteur en wallon de Charleroi de livres pour enfants bien connus : des contes d’Hoffmann, Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, Li P’tit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, voire Les bijoux de la Castafiore d’Hergé (2008).

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Jean-Luc FAUCONNIER, Quelques remarques concernant les langues dialectales de Wallonie à l’aube du XXIe siècle, 1987, http://www.wallonie-en-ligne.net/Wallonie-Futur-1_1987/WF1-80_Fauconnier-J-L.htm  https://www.toponymie-dialectologie.be/fr/jean-luc-fauconnier/