Fernand Dumont né Adolphe Demoustier

Culture, Poésie

Mons 28/12/1906, Bergen Belsen 15/03/1945

Phénomène international particulièrement bien reçu en Wallonie, le surréalisme offre aux poètes de cette région l’occasion de se montrer ‘distincts’. « […] Par l’esprit de révolte et de revendication qui le caractérise, le surréalisme trouve un terrain propice dans nos régions : il correspond à une dominante de la mentalité wallonne » (VANELDEREN). C’est dans le Groupe du Hainaut dominé par Achille Chavée avec lequel il créera le groupe Rupture, que Fernand Dumont affirme sa spécificité.

Alors qu’il est élève à l’Athénée de Mons, où il rencontre Achille Chavée et Armand Simon, Adolphe Demoustier développe un goût prononcé pour l’écriture et rédige, à quinze ans, ses premiers poèmes d’inspiration parnassienne. Docteur en Droit de l’Université libre de Bruxelles (1930), inscrit au Barreau de Mons, l’avocat/écrivain entre en étroite relation avec le milieu surréalisme au début des années 1930 : il lit des publications surréalistes, envoie ses premiers textes à André Breton, qu’il rencontre, à Paris, ainsi que Paul Éluard, René Crevel et Benjamin Péret. De retour en Wallonie, il crée le Groupe Rupture à La Louvière, en 1934, avec Achille Chavée et les surréalistes du Hainaut, et initie, l’année suivante, la publication d’une revue, le Bulletin international du Surréalisme. En 1935, il adopte définitivement le pseudonyme Dumont, par référence à sa ville natale…

La vie de Fernand Dumont est faite de poésie, mais aussi de musique, et particulièrement de jazz, qu’il découvre, en 1937. Trompettiste et cornettiste au sein des Dixie Stompers, qu’il rejoint, en 1939, il donne des concerts en 1941 et remporte, avec le groupe, le tournoi de jazz amateur du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Mais en 1939, le bien nommé groupe surréaliste n’est pas parvenu à éviter l’implosion. La… rupture est consommée, Fernand Dumont et Achille Chavée, partisans de Staline, créent le Groupe surréaliste en Hainaut, auquel adhéreront Armand Simon, Constant Malva, Pol Bury, Lucien André, et bien d’autres. En mai 1940, quand Mons est bombardée, Fernand Dumont gagne Toulouse, où « la vie est plus moche que jamais ». Il revient à Mons, en septembre 1940, et reprend ses activités professionnelles et ses travaux d’écriture. Jugé suspect par l’Occupant – il avait été un membre actif au sein du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes –, il est arrêté, en 1942, alors qu’il plaide au tribunal de Mons. Incarcéré à la prison de la ville, il est ensuite transféré à la citadelle de Huy, en avril 1943. Viendront ensuite les camps de concentration de Herzogenbusch, de Sachsenhausen, de Neuengamme, de Bergen Belsen, enfin, où il meurt de la tuberculose, le 15 mars 1945, un mois exactement avant la libération du camp par les troupes alliées.

La Wallonie et le mouvement surréaliste perdaient ainsi un auteur en devenir, auteur de trois écrits : À ciel ouvert (1937), recueil de trente-et-un poèmes rédigés en un mois, La région du cœur (1939), dont le titre est inspiré par son épouse, Christine de Bruycker, et le Traité des fées (1942), dédié à sa seule fille, Françoise. Depuis 1938, il planchait sur l’écriture de La dialectique du hasard au service du désir, une étude rassemblant l’essentiel de la philosophie surréaliste. Il venait d’en achever le manuscrit, en avril 1942, peu avant son arrestation. Pendant sa captivité, il rédige La liberté, ainsi que L’étoile du berger. Ces trois ouvrages seront publiés à titre posthume.

Sources

Xavier CANONNE, Le Surréalisme en Belgique, Actes Sud, Paris, 2007, p. 44
Conférence de RICHARD MILLER, Fernand Dumont, poète, Université de Mons Hainaut, 29 octobre 2003
Céline GERIN, Fernand Dumont et les surréalistes hennuyers, Mons, Hainaut, Culture et démocratie, 2011
Francis VANELDEREN, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 99
Jean-Marie KLINKENBERG, dans Bruno DEMOULIN (dir.), Histoire culturelle de la Wallonie, Bruxelles, Fonds Mercator, 2012, p. 167
http://www.babelio.com/auteur/Fernand-Dumont-II/153345 (s.v. avril 2016)

Œuvres principales

A ciel ouvert, poèmes (1937)
La Région du cœur, contes (1939)
Traité des fées (1942)
La liberté, poèmes (1948, éd. posthume)
L’étoile du berger, poèmes (1955, éd. posthume)
Dialectique du hasard au service du désir, étude (1979, éd. posthume)