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Gauchez Maurice

Culture, Littérature

Chimay 31/07/1884, Saint-Gilles 24/11/1957

Auteur fécond, à la fois comme poète au début de sa vie, romancier régionaliste à partir des années 1920 et essayiste, Maurice Gauchez doit faire face à plusieurs clichés concernant son parcours littéraire. Le roman du grand veneur (inspiré par le pays de Chimay) est le livre le plus souvent attaché à son nom, tandis que l’étiquette d’écrivain de guerre lui est régulièrement accolée. Émile Lempereur retient pourtant Cacao (inspiré par Anvers) comme le meilleur d’une œuvre où il signe plusieurs « romans-frontières ». Comme dans Le roman du grand veneur, le pays de Chimay a inspiré Le Baron des Robaux, Tignasse, Timothée Flouque et L’Aventurier sans envergure. Avec Au cœur des Fagnes et La Grange au Bois (situé en Gaume), Gauchez visitera aussi d’autres régions du pays wallon.

Né Maurice Gilles, à Chimay en 1884, Maurice Gauchez restera toute sa vie fortement attaché à sa ville natale, bien qu’Anvers puis Bruxelles se soient imposées comme ses principaux lieux de vie. En effet, en 1890, le père de Maurice est désigné à l’Athénée d’Anvers en tant que professeur de mathématiques et c’est dans la métropole portuaire que Gauchez accomplit ses études ; à l’Athénée, le jeune étudiant publie ses premiers poèmes dans le journal de l’école (1899), avant que le quotidien Le Matin accueille ses premiers articles. Fondateur de La Jeune Revue avec Fernand Paul (1903), il publie son premier essai, La Poésie symboliste en choisissant son nom de plume définitif, Maurice Gauchez (1906). Secrétaire de la revue Le Thyrse, il est décidément davantage attiré par les lettres que par les chiffres ; engagé à la Caisse d’Épargne, il n’y fait pas long feu : seule l’écriture l’intéresse.

Quand survient la Grande Guerre, il se porte volontaire dans les rangs des autocanons, mais dans les combats de l’été 1914, il est fait prisonnier, et condamné à mort. Il parvient cependant à s’évader et à rejoindre le front de l’Yser. Durant les quatre années passées dans les tranchées, il se révèle un soldat résolu au combat, blessé à plusieurs reprises et même intoxiqué par les effets du gaz moutarde. Son expérience de vie nourrira certaines de ses œuvres littéraires publiées après l’Armistice (De la Meuse à l’Yser, ce que j’ai vu) : cette production ne doit cependant pas le réduire au seul statut d’« écrivain de guerre », même si, rattrapé par la Seconde Guerre mondiale, il y puisera le sujet d’autres livres.

Critique littéraire au Matin, professeur de français à Anvers, Gauchez collabore progressivement au Soir et, à la fin des années 1920, décide de s’installer à Bruxelles (Saint-Gilles), où il poursuit sa carrière de journaliste et d’enseignant, tout en animant la vie littéraire. En 1922, son Histoire des lettres françaises de Belgique des origines à nos jours est plusieurs fois primée. Ses préfaces, critiques et biographies des gens de lettres sont innombrables, autant que ses conférences ; peut-être ces exercices accaparent-ils le temps que le poète et l’écrivain aurait dû davantage consacrer à construire sa propre œuvre littéraire. D’autant que, responsable de la revue La Renaissance d’Occident, il anime aussi une maison d’édition et une troupe théâtrale qui compte à son répertoire de nombreuses œuvres d’avant-garde. Il fonde encore l’Association des écrivains belges anciens combattants.

Depuis 1994, un Prix littéraire Maurice et Gisèle Gauchez-Philippot est décerné à de jeunes écrivains belges ou étrangers de langue française. Lui-même avait obtenu le Prix Davaine de l’Académie française en 1918 pour Les Rafales, le Prix des Indépendants pour son poème Ainsi chantait Thyl (1919), les Prix De Kein et Prix Michaut pour son Histoire des lettres française de Belgique et le Prix Bouvier-Parvillez pour son roman Le Baron des Robaux.

Sources

Roger FOULON, Maurice Gauchez, Dossiers L, Marche-en-Famenne, Service du livre luxembourgeois, 2e trimestre 2000, 28 p.
Fernand DEMANY, Un poète belge : Maurice Gauchez, Bruxelles, La Renaissance d’Occident, 1923
Georges DOPAGNE, Maurice Gauchez, Bruxelles, 1937
Préface de Jean-Marie HOREMANS à la réédition du Roman du grand veneur, Mons, Tourisme et Culture-Hainaut. 1970

Œuvres principales

Simples croquis, poèmes, Éd. Lamertin, Bruxelles, 1907
Jardin d’adolescent, poèmes, Éd. Sansot, Paris, 1907
Émile Verhaeren, monographie, Éd. Le Thyrse, Bruxelles, 1908
Symphonies voluptueuses, poèmes, Éd. Larcier, col. La Belgique artistique et littéraire, Bruxelles, 1908
Le livre des masques belges, gloses et documents sur quelques écrivains d’hier, d’aujourd’hui et de demain, Éd. La Société nouvelle, Mons, t.1 : 1909, t.2 : 1911 (masques de Franz Gaillard, préface de J. Ernest-Charles)
Images de Hollande. La louange de la terre, poèmes, Éd. Lamberty, Bruxelles, 1911 (Ill. De Fons Van Beurden)
Paysages de Suisse. La louange de la terre, poèmes, Éd. Lamberty, Bruxelles, 1912 (Ill. D’Amédée Lynen et de G. Van Den Broeck)
Les poètes des gueux, anthologie du XIIe siècle à nos jours, Éd. Michaud, Paris, 1912 (choix et préface de Maurice Gauchez)
De la Meuse à l’Yser : ce que j’ai vu, témoignage, Éd. A. Fayard, Paris, 1914 (préface de Henri de Régnier)
Les rafales, poèmes, Éd. E. Figuière, Paris, 1917. Prix Davaine de l’Académie française
Ainsi chantait Thyl, poèmes, Éd. G. Crès, Paris-Zurich, 1918. Prix des Indépendants 1919
L’hymne à la vie, poèmes, Éd. La Renaissance d’Occident, Bruxelles, 1920
Histoire des lettres françaises de Belgique des origines à nos jours, Éd. La Renaissance d’Occident, Bruxelles, 1922. Prix De Kein et Prix Michaut
Romantiques d’aujourd’hui, essai, Éd. La Renaissance d’Occident, Bruxelles, 1924
Tous mes désirs sont les tiens, poèmes, Éd. de la Fourmi, Bruxelles, 1925
Chansons humaines, poèmes, Éd. Buschmann, Anvers, 1925
Cacao, roman, Éd. La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1925
La maison sur l’eau, roman, Éd. La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1926
Thyl, comédie en quatre actes, en vers et en prose, Éd. La Renaissance d’Occident, Bruxelles, 1927
À la recherche d’une personnalité, vingt-cinq essais sur des écrivains belges, Éd. La Renaissance d’Occident, Bruxelles, 1927
Le réformateur d’Anvers, roman, Éd. Burton, Anvers, 1928
Le roman du grand veneur, roman, Éd. La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1929
Les muscles d’or, poèmes, Éd. La Renaissance d’Occident, Bruxelles, 1930
La servante au grand cœur, roman, Éd. La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1931
L’Émigrant, roman et contes, Éd. La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1933
Le Baron des Robaux, roman, Éd. Labor, Bruxelles, 1933. Prix Bouvier-Parvillez
Tanchelin, légende historique, Éd.. Imcomin, Anvers, 1935 (Ill. D’Ernest Heylens)
Marées de Flandre, roman, Éd. La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1935
Au cœur des Fagnes, roman, Éd. Les Cahiers ardennais, Spa, 1935 (Préface d’Albert Bonjean et un portrait d’Ernest Heylens)
V.D.G. volontaire de guerre, roman, Éd. Union des Fraternelles de l’Arme de Campagne, Bruxelles, 1936
Tristontout, nouvelles, Éd. Lovanis, Louvain, 1937
Le démon, roman, Éd. La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1937
Tignasse, roman, Éd. Neggor, Louvain, 1938
Par-dessus les moulins, roman, Éd. Neggor, Louvain, 1938
Hôtel de la paix, roman, Éd. Labor, Bruxelles, 1938
La grange-au-bois, roman, Éd. Braconnier, Florenville, 1939
Max Harry, vedette, roman, Librairie des Combattants, Bruxelles, 1940 (Ill. De J. M. Canneel)
Les espions du ciel, roman, Éd. de l’Étoile, Bruxelles, 1942
L’Entre-Sambre-et-Meuse, essai, Éd. Office de Publicité, Bruxelles, 1941
Camille Lemonnier, essai, Éd. Office de Publicité, Bruxelles, 1943
L’aventure sans envergure, roman, Éd. Les Auteurs associés, Bruxelles, 1943
La tempête, poèmes, Éd. Office de Publicité, Bruxelles, 1944
Quand soufflait l’ouragan, 5 tomes :
1. La ville nue
2. La geôle sous le soleil
3. L’armée du maquis
4. V. V. V.
5. On les a eus, romans, Éd. Wallens-Pay, Bruxelles, 1948

Le Zwin, poèmes, Éd. La Renaissance d’Occident, Bruxelles, 1951
Brume sur la vie, poèmes, Éd. La Renaissance d’Occident, Bruxelles, s.d.