Germain Jean
Lettres wallonnes
Spontin, 04/06/1949
Dès ses études en philologie romane (Namur-Louvain), Jean Germain s'intéresse au wallon, tant à la philologie qu'à la littérature dialectale. Sur la lancée de son mémoire de licence consacré au vocabulaire wallon des ouvriers carriers de son village (1er Prix de philologie à Liège, 1971), il enchaîne avec des recherches ayant trait à la dialectologie wallonne et à la toponymie dialectale de diverses communes condruziennes.
Il entame une carrière à l'UCL, au sein de la Bibliothèque générale de l'université. Conservateur à la Bibliothèque centrale dès 1971, suite au splitsing de l’université de Louvain, il participe aux opérations de partage et de reconstitution de la section francophone de la bibliothèque, puis au déménagement vers Louvain-la-Neuve des collections échues à l'UCL en 1979. Il deviendra ensuite directeur de la Bibliothèque générale et de sciences humaines, assumant aussi le rôle pour l'UCL de membre de la Conférence des bibliothécaires en chef des universités belges (1990-1997) et d’associations européennes de bibliothécaires en chef. Il part à la retraite en 2009.
En 1980, il est nommé membre de la Section wallonne de la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie, en charge de la province de Namur (contrôle des noms de rues et révision des cartes IGN), commission dont il devient secrétaire dès 1984 jusqu’à ce jour. Il y gère les archives de la Section wallonne de la Commission, archives qu’il a commencé à confier aux Archives de la Région wallonne à Beez. En 1983, il est accueilli à la Société de langue et de littérature wallonnes (Liège), puis au Conseil des langues régionales endogènes de la Communauté française de Belgique, depuis 1994.
Son emploi à la bibliothèque ne l’empêche pas de mener parallèlement une riche carrière scientifique, gravitant autour de plusieurs sujets dont l’étude étymologique de termes dialectaux de Wallonie (wallon namurois, ancien wallon), de vocabulaires spécialisés (carrières, pêche, moulins, etc.) et de la microtoponymie qui y est liée. Il publie une trentaine d’ouvrages, une dizaine de bibliographies et de monographies toponymiques ainsi qu’une centaine d’articles sur la toponymie et l’anthroponymie wallonnes ainsi que sur la scripta en Wallonie, dont quatre articles sur l’évolution sémantique du terme wallon, sur le NF Wallon et sur la chronologie de Wallonie /Wallonia.
À partir de 1988-89, on le retrouve comme continuateur et co-auteur du Dictionnaire des noms de famille en Belgique romane avec Jules Herbillon (1996), publié par le Crédit communal, dont une nouvelle édition paraît aux éditions Racine en 2007 sous le titre Dictionnaire des noms de famille en Wallonie.
Il participe au projet européen PatRom (Patronymica romanica) qui vise à établir collectivement un dictionnaire étymologique et historique des noms de personnes dans les pays de langue romane, dont sept volumes ont déjà paru chez Niemeyer et de Gruyter. Dans le cadre de ce projet, il s’impose progressivement comme le responsable principal de la coordination générale des articles du dictionnaire et des relations avec De Gruyter à Berlin.
En 2008, pour le compte du Service de la langue française, il se charge également de fixer, à partir de l’usage, le Guide des gentilés ou noms d’habitants en Communauté française de Belgique. En 2016, il se charge de la révision complète du Dictionnaire du parler wallon de Jamioulx de son beau-père Willy Bal, mais aussi de l’édition d’un recueil de ses articles intitulé Enjeux et atouts du français en Afrique noire (Harmattan, 2014). Enfin, très important est le « mémoire » intitulé Les noms officiels des communes de Wallonie, de Bruxelles-Capitale et de la Communauté germanophone. Évolution et fixation orthographique des toponymes majeurs de 1795 à nos jours. Avec indication de la prononciation française (API), de la forme régionale wallonne et du gentilé, Louvain-Paris, Peeters, 2020.
Président d’honneur du cercle littéraire wallon Les Rèlîs namurwès depuis 2014, Jean Germain se consacre aussi à la littérature wallonne, à travers quelques articles consacrés à la littérature wallonne namuroise et à deux écrivains wallons majeurs, Auguste Laloux (Dorinne, 1906-1976) et Willy Bal (Jamioulx, 1916- 2013), dont il édite des recueils de poèmes et deux pièces de théâtre manuscrites, Maître Pathelin et le Sganarelle de Molière (2016).
En 1993, sur la base de l’important portefeuille d’ouvrages et articles qu’il peut présenter, il obtient une assimilation au doctorat en philologie romane à l’UCL. L’université a besoin d’un « locuteur natif » pour assumer les cours liés à la philologie et à la littérature wallonne. Au département d'études romanes de l'UCL, il est désigné suppléant du cours d’« Introduction aux études de linguistique romane » en 1998-1999. De 2001 à 2010, il assure les cours de langue et de littérature wallonnes ainsi que ceux de toponymie et d’anthroponymie françaises et wallonnes. Il est professeur invité dans le cadre du cours bisannuel d'Histoire de la Wallonie (2001-2022).
Parmi les distinctions scientifiques et académiques lui décernées, on épinglera le « Prix des Bibliothèques publiques de la Communauté française de Belgique » (1976), le « Prix Sciences humaines » de la Fondation Plisnier (1997), le « Prix Joseph Houziaux » de l’Académie royale de Belgique (2006), le titre de « Namurois de l’année » dans la catégorie Patrimoine (2009), le « Prix Albert Dauzat » 2018-2019 de la Société française d'onomastique à Paris et le titre de « Personnalité Richelieu » 2019-2020 pour la Belgique et le G.-D. de Luxembourg.
On ajoutera qu’il est membre actif du Comité international des Sciences onomastiques (CISO/ICOS) depuis 1987, membre du Comité GENUNG (groupe francophone) des Nations Unies pour la normalisation des noms géographiques depuis 2005, membre correspondant de l’Academia de la Llingua Asturiana depuis 2011, membre de comités scientifiques de plusieurs revues d’onomastique, dont la Rivista italiana di onomastica (Rome), Onomàstica : anuari de la Societat d'Onomàstica (Barcelone) et Nouvelle revue d'onomastique (Paris).
À l’échelon local, on le retrouve comme éditeur principal de deux ouvrages consacrés à l’histoire et au patrimoine de Spontin (2004) et de Crupet (2009), ainsi que comme auteur du carnet du patrimoine sur la commune d'Yvoir (2011) et d’un ouvrage intitulé Spontin, de sang et de feu (2014), à l’occasion des commémorations du 23 août 1914.
Jean Germain aime à partager sa passion à travers plus de 200 conférences données en Belgique et en France, sur l’origine des noms de famille, la toponymie et la vitalité des dialectes de Wallonie. Ces dernières années, il anime des émissions proposées par les télévisions régionales sur des sujets analogues : « Ma Rue » pour Canal-C Boukè (Namur, 2020-2022), « Choûtoz on miète » pour MaTélé (Dinant-Rochefort) depuis 2021.
Un riche parcours dédié aux mots wallons, aux Wallons eux-mêmes et à la Wallonie.
Biographie réalisée sur base des éléments de l’Institut Destrée
© Jacques Vandenbroucke