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Gillion de Trazegnies

Culture, Littérature

Trazegnies XVe siècle

La maison de Trazegnies est une grande famille de chevaliers hennuyers, dont les membres occupent, au Moyen Âge et plus tard encore, des postes dans l’administration, dans l’armée et dans les cours princières. La bravoure de certains de leurs représentants et leur participation aux guerres, croisades et autres tournois, durant les XIIe et XIIIe siècles, donnent naissance à la rédaction d’un récit légendaire. Sous le titre Gillion de Trazegnies, un roman anonyme en prose est rédigé, en l’honneur de cette famille noble du comté de Hainaut, dans le courant du XVe siècle, probablement entre 1454 et 1560, et dédié à Philippe le Bon.

Ce récit conte le départ du chevalier Gillion de Trazegnies pour Jérusalem, ses batailles et surtout son arrestation et sa capture par le sultan de Babylone, sur le chemin du retour. Réduit au rang d’esclave dans un premier temps, Gillion de Trazegnies finit par devenir le meilleur guerrier du sultan et, après plus de dix ans à son service, il se voit offrir sa fille, Gracienne, en mariage. Se croyant veuf de sa première épouse hennuyère, Marie d’Ostrevant, Gillion accepte. Quand il apprend par ses jumeaux, nés de son premier mariage, que Marie est toujours vivante, il revient en Hainaut avec Gracienne. Les deux femmes décident de prendre le voile et se retirent au monastère de l’Olive, tandis que Gillion gagne l’abbaye de Cambron. Appelé au secours de son beau-père, l’ancien chevalier reprend du service, mais décède en Égypte, blessé au combat.

Le personnage de Gillion est légendaire, il faut le rappeler. Le roman, dédié à Philippe le Bon et commandé par l’entourage du duc de Bourgogne, sert en fait la propagande de celui-ci : à travers l’apologie de cette famille hennuyère, c’est toute la cour de Bourgogne qui est glorifiée et le pouvoir du duc renforcé.

Par ailleurs, « […] Gillion de Trazegnies constitue […] un bon représentant des évolutions de la forme romanesque à la fin du Moyen Âge, particulièrement en contexte bourguignon, s’agissant par exemple de sa dimension dynastique, de sa glorification des valeurs chevaleresques et de l’esprit de croisade, ou encore de sa vraisemblance globale, qui en fait aussi un miroir de la société qui l’a vu naître » (MENEGALDO).

Dans son édition récente du roman (2011), Stéphanie Vincent, qui lui a consacré sa thèse de doctorat, avance une nouvelle piste quant à l’identité de son auteur : il s’agirait, selon elle, du chevalier lillois Gilbert de Lannoye.

Sources

Edouard PONCELET, dans Biographie nationale, t. 25, col. 555-567
Stéphanie VINCENT, Le roman de Gillion de Trazegnies, Brepols, Turnhout, 2011
Silvère MENEGALDO, « Le Roman de Gillion de Trazegnies, éd. Stéphanie Vincent », dans Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2010
Ernest LANGLOIS, Alphonse Bayot. Le Roman de Gillion de Trazegnies, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 1904, t. 65, p. 209-210, en ligne sur http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1904_num_65_1_461365_t1_0209_0000_2 (s.v. mars 2016).