Gillot Frédéric

Politique, Député wallon

Ougrée 16/09/1962

Député wallon : 2014-2019

Depuis les années 1970, la sidérurgie liégeoise est en pleine mutation ; après des années fastes, la reconversion tarde à venir. Le plan Gandois (1983), la régionalisation de la sidérurgie (1988), les fusions liées à la formation du groupe Cockerill Sambre paraissent apporter les solutions tant attendues. À la fin des années 1990, la Région wallonne revend ses parts au groupe français Usinor qui devient Arcelor en 2002. L’optimisme du moment est rapidement balayé par l’annonce, au printemps 2003, de la fermeture du haut-fourneau de Seraing (HF6) et du site de Chertal de la sidérurgie à chaud à l’horizon 2009. Alors que les autorités liégeoises et wallonnes se mobilisent, le rachat par le groupe Mittal Steel (juin 2006) nourrit les espoirs d’un redécollage de la phase à chaud. Si le HF6 de Seraing est rallumé en février 2008, il est cependant à nouveau éteint début 2009. Quant au site de Chertal, il reprend ses activités début 2008, mais doit se remettre en stand by à la fin de l’année suite à la crise mondiale. En octobre 2011, les derniers espoirs s’envolent ; pour l’investisseur indien Lakshmi Mittal, la fermeture de Liège est inéluctable ; des centaines de salariés perdent leur emploi, avec des répercussions sur des milliers d’autres activités indirectes, principalement dans le bassin liégeois.

Ces années de mutation, Frédéric Gillot les a vécues de l’intérieur. Ayant fait le choix d’études techniques (en électromécanique), il entre à 21 ans à la filiale Para-Métal, située à Wandre. En raison de la fermeture de l’usine, cet ouvrier sidérurgiste résidant à Saive est reclassé sur le site de Chertal ; c’est à cette époque que remonte son engagement syndical, chez les métallos liégeois de la FGTB. En 2005, il refuse d'aller dans « le froid » et, en 2006, il travaille comme mécanicien à la cokerie d’Ougrée, plaçant beaucoup d’espoirs dans le processus de redéploiement. Délégué FGTB, très actif dans l’action syndicale de terrain, il doit finalement se rendre à l’évidence, mais il refuse d’arrêter de lutter contre un système qu’il qualifie de capitaliste, responsable à ses yeux d’un drame social touchant près de 10.000 personnes. Attribuant à la Région wallonne la responsabilité de la fermeture de la sidérurgie liégeoise, il estime que sa privatisation n’était pas la solution. Permanent FGTB, Frédéric Gillot reste mobilisé dans tout le processus de négociation tripartite (2012-2014), réclamant notamment « la nationalisation de l’outil » ; et si la CSC accepte le plan Mittal, Gillot, par contre, n’entend pas faire de concessions ; pourtant, en 2013, il est finalement « prépensionné de force ».

Ancien membre actif de l’USC de Blegny-Dalhem (affilié en 1995, il a été le président de l’USC de Dalhem de 2003 à 2005), Frédéric Gillot claque la porte du PS suite à l’adoption, par le fédéral, du Pacte des générations (automne 2005) ; il rejoint les rangs du PTB « pour mener un combat plus radical » (2008). En juin 2009, il figure en 5e position sur la liste que le PTB+ présente dans la circonscription de Liège au scrutin régional wallon. Emmenée par Raoul Hedebouw et poussée par le professeur Robert Halleux, la liste rassemble 2,6% des voix, dont 389 sur le nom de Frédéric Gillot. Cinq ans plus tard, c’est lui qui figure comme tête de liste PTB Go !, toujours dans la circonscription de Liège, tandis que Raoul Hedebouw se présente à la Chambre fédérale, dans la circonscription provinciale de Liège. Proportionnellement, Gillot (12.884 vp et près de 11% pour sa liste) fait mieux que Hedebouw (16.586 vp et 8%), et tous les deux font leur entrée au Parlement, à Namur pour l’un, à Bruxelles pour l’autre. Le PTB Go ! a réussi son pari, envoyer « un sidérurgiste, un travailleur, au Parlement de Wallonie ».

Avec Ruddy Warnier et Frédéric Gillot, PTB Go ! compte deux représentants à Namur, un nombre insuffisant pour constituer un groupe, mais utile pour bloquer la constitution de certaines majorités, empêcher l’adoption de certains décrets et faire entendre la voix de la gauche radicale dans ou dehors de l’assemblée. Ne faisant partie d’aucune Commission, le député wallon dépose des propositions de résolution, questionne les ministres du gouvernement ou use de son temps de parole pour exposer le point de vue de son parti dans les dossiers qui sont débattus. En 2015, il dépose, avec Jeholet, Hazée et Puget, une proposition de résolution pour instaurer une commission spéciale de recommandations et de suivi des procédures budgétaires et comptables et un autre pour que les observations, recommandations et suggestions de la Cour des comptes soient suivies d’effets.

Dans le dossier CETA, il dépose une résolution contre ce projet en 2014. Quand l’ensemble du Parlement de Wallonie se saisit de la question, Frédéric Gillot vote la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada. Mais après la courte crise internationale qui s’en est suivi, considérant que la Wallonie aurait dû pousser plus loin son avantage, il manifeste son opposition au projet de motion qui valide le compromis où l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

Du 16 février au 3 juillet 2017, Frédéric Gillot représente le PTB Go ! au sein de la Commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner la transparence et le fonctionnement du groupe Publifin (ex-Tecteo). étant donné que PTB-Go ! n’est pas en nombre suffisant pour former un groupe politique au Parlement de Wallonie, il siège au sein de la Commission en tant que membre invité avec voix consultative. Au cours de 29 réunions, entouré de quatre experts, la Commission présidée par Olga Zrihen entend 52 témoins différents, parfois à huis clos, le plus souvent en séance publique, avec retransmission télévisuelle. Adopté à l’unanimité des membres de la Commission – y compris Gillot –, le rapport de plus de 60 pages qui comprend au fil des chapitres toute une série de recommandations est approuvé également à l’unanimité en séance plénière du Parlement de Wallonie (12 juillet).

Le 17 mai 2017, il est l’un des trois députés wallons (dont Ruddy Warnier) qui s’abstiennent au moment du vote de l’important décret wallon rendant obligatoire l’étourdissement des animaux avant leur abattage, décret porté Josy Arens, Christine Defraigne, Edmund Stoffels et Stéphanie Waroux. Quelques semaines plus tard, il adopte la même attitude, lors de la présentation au vote du Code wallon du bien-être animal (3 octobre 2018). Avec son collègue Warnier, il est alors le seul à s’abstenir. 

Après avoir ouvert les portes du Parlement de Wallonie aux idées du PTB, il n’est plus candidat au Parlement de Wallonie le 26 mai 2019. Le PTB lui a confié une autre mission : récolter des voix dans la province de Limbourg. Quatrième candidat effectif sur la liste PVDA pour la Chambre fédérale, il réunit 2.466 voix sur son nom, la liste communiste atteignant 5,59% sans obtenir d’élu.

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont L’Avenir, 18 mai 2007, La Libre, 17 avril 2014
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2019, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
https://www.ptb.be/actualites/frederic-gillot-bilan-dun-ouvrier-au-parlement-wallon

 

 

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