Gréoli Alda

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Spa 26/10/1962

Ministre wallonne : *2017-2019

Députée wallonne : 2019-2022*

Dans l’histoire des institutions politiques wallonnes, il n’est pas rare qu’un extra-parlementaire soit désigné à une fonction ministérielle. Depuis Guy Coëme en 1981, William Ancion, José Daras, Marie Arena, Philippe Courard, Jean-Claude Marcourt, Benoît Lutgen, Marie-Dominique Simonet, Paul Magnette ou René Collin n’étaient pas parlementaires au moment où ils ont été désignés ministres dans l’exécutif wallon ; certains n’avaient jamais exercé de mandat antérieurement, d’autres avaient été élus à un autre niveau de pouvoir. C’est dans cette dernière catégorie qu’il faut placer Alda Greoli quand elle est désignée tour à tour ministre dans le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (avril 2016), puis dans le gouvernement wallon (juillet 2017). Engagée en politique de longue date, cette 11e ministre extra-parlementaire au niveau wallon dispose d’une expérience certaine dans les coulisses du pouvoir. La veille de sa prestation de serment à la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle était chef de Cabinet auprès de Maxime Prévot depuis juillet 2014 et ses activités politiques au sein de la famille sociale-chrétienne remontaient à la fin des années 1980, moment où elle militait au sein des Jeunes PSC de l’arrondissement de Verviers. 

Née à Spa, quelques mois après l’Indépendance du Congo, la petite Alda avait cinq ans quand elle a rejoint son père dans la région minière de Mbuji-Mayi, au Kasaï oriental. Six ans plus tard, alors que la « zaïranisation » du Congo était en marche à l’instigation de Mobutu, elle est rentrée « au pays », avec sa famille. C’est à Spa qu’elle grandit ; c’est à Spa que sa grand-mère maternelle a épousé un Italien, croupier au Casino ; ensemble ils ont ouvert un restaurant dans la ville d’eaux ; du côté paternel, les arrière-grands-parents sont aussi Italiens et ont ouvert un commerce de fruits et légumes à Liège, la génération suivante ouvrant un commerce de crème glacée. Après sa scolarité à Spa, Alda Greoli suit une formation en programmation informatique et exerce cette activité dans un cabinet d’avocats. Dans le même temps, elle participe à la création d’une radio libre et met sur pied une école de devoirs. Tout un temps, elle est administratrice du Festival de Théâtre de Spa. À plusieurs reprises, dans une région verviétoise où le PSC est dominé par la famille Wathelet, elle est sollicitée pour prendre davantage de responsabilités ; ainsi, en octobre 1994, Alda Colson-Greoli est élue au Conseil communal de Spa, où elle siège dans l’opposition face au bourgmestre libéral Joseph Houssa ; en 1997, sa sensibilité au projet politique du MOC la conduit à accepter l’invitation de Philippe Maystadt, qui n’était pas encore président du « nouveau PSC », d’assurer le secrétariat national du parti pour le secteur non-marchand, en l’occurrence d’assurer les relations avec le monde associatif, les fédérations et le secteur de l’économie sociale (1997-2001). 

Le 13 juin 1999, elle figure en bonne place dans la circonscription de Verviers au scrutin régional wallon et rassemble 2.638 vp sous son nom d’épouse, Alda Colson. Élue à la présidence de la section spadoise du PSC au milieu des années 1990, la dynamique conseillère communale de « Spa 2000 » est tête de liste en octobre 2000 (606 vp, 4e score tous partis confondus) et parvient à conquérir un siège supplémentaire (3 sièges, +5%). Membre du Conseil de police de la zone Jalhay-Spa-Theux (2001-2002), vice-présidente du PSC verviétois (1999-2002), elle mène une opposition farouche aux grands projets de Joseph Houssa (thermalisme, rond-point, Aqualis, détournement des convois de Spa Monopole…). Fortement pressentie pour mener les « humanistes » aux communales d’octobre 2006, avec l’espoir de décrocher un échevinat, celle qui est alors surnommée « la passionaria de la vie politique spadoise » renonce à son mandat de conseillère communale en février 2002, à la surprise générale.

Il n’y a pas qu’au niveau local que la secrétaire générale de la Démocratie chrétienne (1999-2001) décide de tourner une page. Celle qui est alors proche de Joëlle Milquet et de Benoît Lutgen met fin, en effet, à son contrat de secrétaire nationale du PSC, parti qui opère sa transformation en cdH. Certains observateurs politiques y ont vu une manière d’exprimer la crainte que la nouvelle formation politique ne s’éloigne trop, dans ses options fondamentales, de la gauche chrétienne. Membre du comité national de pilotage des Assises pour l’Égalité (2001-2003), Alda Greoli décide de recentrer ses activités et de se lancer un nouveau défi en rejoignant les Mutualités chrétiennes (octobre 2001). Elle y devient directrice du secteur socio-éducatif. À la violence du combat politique, elle privilégie l’agitation quotidienne de la Mutualité chrétienne, où les enjeux politiques restent néanmoins bien présents. Ayant quitté Spa pour s’installer à Schaerbeek, elle remplace, en janvier 2006, Édouard Descampe, admis à la pension, et devient la Secrétaire générale de l’Alliance nationale des Mutualités chrétiennes (ANMC).

Elle n’a pas rompu avec le cdH – le parti de Joëlle Milquet la désigne d’ailleurs comme suppléante au Conseil d’administration de la RTBF (octobre 2004) – et, pendant quelques mois, en 2005-2006, elle apparaît comme conseillère auprès du Cabinet de la ministre socialiste Laurette Onkelinx. En 2007-2008, quand se constitue et se réunit le Groupe Wallonie-Bruxelles, où échangent mandataires politiques et personnalités issues de la société civile, Alda Greoli est l’une des 18 « non politiques », siégeant au nom de la Mutualité chrétienne dont elle est la Secrétaire nationale. En mai 2012, la présidente de la Fédération intersectorielle patronale du secteur non-marchand (UNIPSO) dénonce le décret « mixité » que prépare la ministre wallonne éliane Tillieux, ainsi que la lenteur des entités fédérées (Fédération Wallonie-Bruxelles, Région wallonne et Région de Bruxelles-Capitale, Cocof) dans l’adoption d’une Charte associative.

En 2010, Alda Greoli a l’occasion de retourner au Congo, dans une mission portée par la ministre socialiste Laurette Onkelinx, en charge de la Santé et des Affaires sociales. à cette mission qui consiste à apporter l’expérience belge pour construire un système d’assurance-maladie au Congo, Aldra Greoli apporte son expertise en matière de sécurité sociale, de travail, de pensions et de santé publique. Entre 2010-2014, dans le même esprit, elle se rend dans d’autres pays africains (Bénin, Sénégal, Burundi, Mali…) en tant que porte-parole de la plate-forme MasMut (Micro-Assurance Santé-Mutuelles de Santé), pour promouvoir le concept mutuelliste dans ces pays.

Au lendemain de la 6e réforme de l’État qui comprend notamment la scission de BHV, la réforme profonde du Sénat, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions et le transfert d’importantes compétences vers les entités fédérées, dont celles en matière de Santé et de Sécurité sociale, Alda Greoli devient la cheffe de Cabinet de Maxime Prévot, n°2 du gouvernement wallon dirigé par Paul Magnette. Maxime Prévot est notamment responsable de la Santé et de l’Action sociale. Avec comme priorité d’organiser concrètement les matières transférées dans le domaine social, en particulier les allocations familiales, Alda Greoli est en charge des dossiers relatifs à la coordination de l’assurance complémentaire en soins de santé et à la politique médico-sociale (maisons de repos, maintien à domicile et innovations sociales) et associative des mutualités (mouvements des jeunes, des personnes handicapées et des aînés). Tout en regrettant vivement que le transfert des compétences du fédéral vers les régions ne s’accompagne pas du transfert des budgets conséquents, elle contribue à la mise en place de l’AViQ et prépare également les dispositions pratiques de la future assurance autonomie que la majorité PS-cdH compte instaurer en Wallonie. 

Quand Joëlle Milquet, soupçonnée d’emplois fictifs dans son Cabinet, se résout à démissionner de son important ministère au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles au printemps 2016, c’est rapidement vers Alda Greoli que le président du cdH se tourne, lui confiant la Culture, l’Éducation permanente et la Petite Enfance, tandis qu’il réserve l’Éducation à M-M. Schyns (18 avril 2016). Alda Greoli devient aussi la vice-présidente du gouvernement Demotte et par conséquent la porte-parole du cdH à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Quittant la Santé pour la Culture, elle est appelée à rapidement devoir réaliser des arbitrages dans les contrats-programmes des théâtres, à s’occuper du financement des musées et des nouvelles infrastructures, ainsi que de certaines associations d’éducation permanente ; l’attendent aussi le décret des Arts de la scène et la réflexion « Bouger les lignes ». Quant à la question de la régionalisation des matières culturelles ou d’autres dépendant de la Communauté française, il ne peut en être question pour la ministre qui se fait gardienne du maintien absolu de la FWB. 

Alors que se met en place une politique culturelle au centre de laquelle se place l’éducation (avec le plan lecture pour la petite enfance ; les classes résidentielles en immersion artistique et l’éducation permanente), Alda Greoli devient également, le 28 juillet 2017, vice-Présidente du nouveau Gouvernement wallon qui se met en place à la suite de la décision de Benoit Lutgen de ne plus gouverner avec les socialistes. À l’exception des Travaux publics, elle reprend une grosse partie du portefeuille de Maxime Prévot (la Santé, l’Égalité des Chances, l’Action Sociale, la Fonction Publique et la Simplification administrative), quand le gouvernement de Paul Magnette est remplacé par celui de Willy Borsus. Ce changement d’alliance est historique pour les institutions wallonnes et se justifie, aux yeux de la nouvelle n°2 du gouvernement wallon, par une volonté de responsabiliser les gens et de mettre fin à l’assistanat aveugle. Annonçant qu’elle entend dépolitiser l’administration wallonne, elle soutient ainsi la démarche de son président de parti, expliquant que le PS « vampirise l’initiative citoyenne, associative et entrepreneuriale ». Membre du groupe de réflexion E-Change, rassemblant divers courants politiques (2017), la nouvelle ministre wallonne est la seule à détenir un portefeuille dans deux gouvernements différents, s’appuyant sur des majorités différentes, ce qui est une première dans l’histoire de la Belgique.

Dans l’obligation de montrer clairement le changement de politique induit par la constitution de la nouvelle majorité MR-cdH, la ministre cdH Alda Greoli passe le premier obstacle de l’avis du Conseil d’État sur les « nouvelles » allocations familiales et s’emploie à ce que le nouveau système soit d’application au 1er janvier 2019. D’autre part, elle poursuit l’objectif de son parti de mettre en place une assurance autonomie, en l’occurrence de garantir le maintien à domicile des personnes diminuées physiquement par la vie ou par un accident. Ce dossier, qui ne suscite l’enthousiasme ni du PS ni du MR, ne passera finalement pas, la coalition MR-cdH perdant sa majorité quand la MR Patricia Potigny décide de rejoindre la liste Destexhe (mars 2019).

Dans le même temps, Alda Greoli est revenue habiter à Liège et, à la demande de la direction du cdH, elle fait le ménage auprès des mandataires de son parti qui se sont fourvoyés dans les intercommunales. En octobre 2018, lors du scrutin communal, elle occupe la 9e place sur une liste cdH rajeunie, mais, avec moins de 7%, le parti qui a succédé au PSC réalise son score historiquement le plus bas à Liège, perdant 4 sièges et la confiance du partenaire socialiste qui se tourne vers le MR. Le scrutin wallon du 26 mai 2019 n’est guère plus brillant pour le cdH qui signe son plus mauvais score dans la circonscription de Liège depuis le 21 mai 1995, avec à peine 7%. Tête de liste, Alda Greoli décroche un seul siège, in extremis, avec ses 6.146 vp, soit le 8e score tous partis confondus.

Prêtant serment à Namur en juin 2019, la députée wallonne se conforme à la décision de son président de parti de ne participer à aucune majorité. Présidente de la Commission de Vérification des pouvoirs (2019-2022), elle organise son activité parlementaire en concertation avec François Desquesnes, le chef du groupe cdH au Parlement de Wallonie. Pour exister en tant que principale force d’opposition aux côtés des 10 députés du PTB, les dix députés wallons cdH coordonnent leurs travaux et leurs interventions de manière dynamique et collective. Actifs dans chaque Commission, ils sont régulièrement six ou sept à signer des propositions de décret dans toutes les matières régionales : démocratie locale, intoxication au monoxyde de carbone, mesures urgentes et pratiques durant la pandémie de la Covid-19, stratégie wallonne en cas de crise sanitaire, santé mentale, promotion de la formation en alternance, lutte contre le gaspillage, 5G, protection contre le bruit, précarité étudiante, assurance autonomie, meilleure sensibilisation à l’endométriose, APE, lutte contre les sans-abris, etc. Porteuse de plusieurs propositions de résolution, Alda Greoli intervient dans plusieurs débats pour faire respecter à la fois des critères environnementaux, sociaux et sanitaires, et la démocratie, les libertés et les droits humains.

En septembre 2022, Alda Greoli décide de retrouver sa ville de cœur, où elle a emménagé après avoir quitté Liège. Elle renonce à son mandat wallon et devient présidente du CPAS de Spa avec des attributions en matière de Culture, d’Emploi, d’Action sociale et de politique des Aînés, à la faveur d’un élargissement de la majorité absolue MR de Sophie Delettre (11 sièges) à la liste Osons-Spa (2 s.). Alors que Benoît Dispa reprend sa fonction de cheffe de groupe cdH à la Fédération Wallonie-Bruxelles, où elle a mené une vive opposition à la politique qu’elle a qualifié de « communautariste » de la ministre de la Culture Bénédicte Linard, c’est Michel de Lamotte qui reprend son mandat parlementaire. à l’heure où un lent et long processus lancé par Maxime Prévot conduit à l’émergence du mouvement Les Engagés, Alda Greoli assure que son changement de cap personnel n’est pas lié à la transformation de sa formation politique, souscrivant d’ailleurs totalement à cette évolution. Lors du scrutin du 9 juin 2024, elle occupe la deuxième place sur la liste des Engagés pour le Parlement européen.

 

Mandats politiques

Conseillère communale à Spa (1995-2002)
Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles (04/2016-2019)
Ministre wallonne (07/2017-2019)
Députée wallonne (2019-09/2022)
Présidente de CPAS à Spa (09/2022-2024)

 
Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont La Libre, 13 octobre 2001 ; L’Avenir, 29 juin 2010 ; L’Avenir, 14 mai 2011 ; Le Vif, 8 mai 2012 ; Moustique, 29 juin 2016 ; Le Vif, 22 septembre 2017 ; La Libre, 13 septembre 2022
Cumuleo (-2023)
http://antoine.wallonie.be/une-convention-pluriannuelle-de-3-ans-pour-l-asbl-unipso
http://greoli.wallonie.be/home/biographie.html (s.v. décembre 2017)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)