Habaru Omer

Culture, Littérature

Saint-Mard 22/02/1893, Arlon 12/05/1977

Ayant connu les deux guerres mondiales, Omer Habaru a livré des témoignages poignants sur ses années de captivité. Installé dans le quartier cheminot de Schoppach, à Arlon – son père travaille pour les chemins de fer –, Omer Habaru exerça toute sa vie le métier de journaliste, apportant principalement des articles au quotidien libéral Les Nouvelles. Par ailleurs, il s’est fait le champion de la défense de la langue française dans le sud de la province Luxembourg.

Officier de réserve pendant la Première Guerre mondiale, il avait tenté de joindre l’armée belge en passant par les Pays-Bas, mais il est arrêté et fait prisonnier pendant quatre ans. En 1937, il publie Je suis un interné, roman-témoignage dans lequel il relate, derrière les traits de René Monty, son expérience personnelle de soldat interné aux Pays-Bas durant la Grande Guerre ; il s’agit aussi d’un plaidoyer en faveur de tous les soldats belges qui, comme lui, furent méprisés au moment de l’Armistice, pour ne pas « avoir fait l’Yser ».

Par ailleurs, au début des années trente, il mène campagne contre un mouvement culturel financé par l’Allemagne, dénommé Bund der Deutsch-Belgier et animé par un professeur liégeois, Henri Bischoff. Le Bund revendique un statut spécial pour la région arlonaise en raison de ses spécificités linguistiques. Jusqu’en 1935 et la disparition du Bund, Omer Habaru, Paul Reuter et des Arlonais francophones se mobilisent en affirmant : « Nous ne voulons pas être des Prussiens ». Par la suite, il mène campagne contre l’abbé Schaul, curé de Tinhange, responsable d’un journal hebdomadaire en langue allemande, Die fliegende Tauber, dont l’objectif est la germanisation de la région.
Dès les premiers jours de l’attaque allemande de mai 1940, Omer Habaru devient la cible de ses adversaires d’avant-guerre. Arrêté comme otage (1941), arrêté pour interrogatoire (1942), il est envoyé en camps de concentration : Vucht, Ravensbrück et Buchenwald (1943-1945). Revenu sauf de cette déportation – son frère, par contre, a été fusillé en Haute Savoie le 21 juin 1944 –, Habaru reprend sa place au journal Les Nouvelles, dans lequel il publie ses souvenirs. Rassemblés, ils forment le livre Les triangles rouges (1946), qui reçoit le prix Interallié de la Résistance (1956). Il publiera aussi Les triangles rouges parlent, ainsi que de pièces historiques et ou de récits en prose comme Au pays des braves gens (1965). Dramaturge en effet, mais sans confondre les genres, auteur de plusieurs pièces, notamment La marquise du Pont d’Oye, il s’est attaché à raconter la vie des habitants de son quartier d’enfance. Il reçut aussi le Prix Camille Engelmann en 1950.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Le Soir, 12 mars 2012
Le combat wallon, n°219, mai-juin 1977, p. 4 
Étienne VERHOEYEN, Le Service de renseignements Marc (1942-1944), dans Cahiers du CRÉHSGM, n°14, décembre 1991, p. 148-149
Robert FRICKX, Raymond TROUSSON, Lettres françaises de Belgique. Dictionnaire des œuvres, t. 1 : Le roman, Duculot, Paris-Gembloux, 1988, p. 493-494
https://www.servicedulivre.be/Auteur/habaru-omer 

Œuvres principales

Je suis un interné, roman (1937)
Les triangles rouges, roman(1946)
La foire des amoureux, théâtre (1948)
La cachette, théâtre (1948)
La marquise du Pont d’Oye, théâtre (1952)
Au pays des braves gens, roman (1965)
Les triangles rouges racontent : récits concentrationnaires, roman (1974)