Havrenne Marcel

Culture, Poésie

Jumet 27/04/1912, Etterbeek 01/06/1957

Son œuvre est celle d’un « poète de la poésie, décomposant les mots et les déstructurant pour mieux en analyser les rouages. Ses aphorismes retenus qui confinent à l’humour et à l’absurde cherchent l’efficacité plus que les épanchements poétiques et composent une page originale dans le paysage de la littérature en Belgique » (CANONNE).

Né dans un milieu populaire, Marcel Havrenne est élève à l’Athénée de Morlanwelz, où il côtoie ceux qui formeront « le premier noyau du groupe surréaliste Rupture », Albert Ludé, Jean Dieu ou André Bovy, qu’il retrouvera, en 1930, à l’Université libre de Bruxelles, où il entame des études de Droit. Entré dans l’administration sans avoir terminé ses études, introduit dans le groupe Rupture, Havrenne publie son premier texte, Notes sur Lautréamont, en 1935, dans Mauvais Temps, premier cahier et finalement seule publication collective du groupe. Salué par André Breton, cet article fait l’étude des Chants de Maldoror, et rend à Isidore Ducasse « toute sa valeur de précurseur » : « En fin de compte, les Chants sont la liquidation du romantisme en tant qu’attitude morale et esthétique ». Étonnement, il n’y a pas de suite à cette adhésion, Marcel Havrenne se contenant de suivre de loin les activités de Rupture.

Appelé au service militaire, mobilisé ensuite, Marcel Havrenne est, comme de nombreux Wallons de sa génération, envoyé au combat en mai 1940. Fait prisonnier de guerre, il passera, comme 65.000 autres Wallons, cinq années de son existence en captivité, dans les stalags du régime nazi.

À la Libération, installé à Bruxelles, il est employé à l’INAMI et accepte de participer aux réunions visant à réorganiser l’activité surréaliste en Belgique. En 1935, il s’était engagé dans Rupture parce que l’objectif était de « forger des consciences révolutionnaires, de participer à l’élaboration d’une morale prolétarienne et de collaborer le plus étroitement possible à l’évolution du mouvement surréaliste » (Lettre de Fernand Dumont adressée à André Souris, 20 juin 1935). Dix ans plus tard, Havrenne paraît bien décidé à atteindre ce but. Aux côtés de Christian Dotremont et de Joseph Noiret, il adhère au groupe Surréalisme révolutionnaire que ces derniers ont fondé en 1947 ; il est aussi du groupe Cobra, créé l’année suivante, et il est encore l’un des fondateurs, en 1953, de la revue Phantomas, publiée jusqu’en 1980, à laquelle collaboreront notamment Achille Chavée, Paul Nougé ou René Magritte. Marcel Havrenne s’investira encore dans l’aventure du Daily Bul, aux côtés de Pol Bury et d’André Balthazar.

À côté des plasticiens, Marcel Havrenne se concentre sur une œuvre qui reste encore mal connue. Poète, il publie, en 1950, son premier ouvrage, La main heureuse, un recueil d’aphorismes illustré par des dessins de Pol Bury ; viennent ensuite Pour une physique de l’écriture (1953),  Ripopée (1956), sous le pseudonyme de Désiré Viardot, et Du pain noir et des roses (1957) qui s’impose comme son principal ouvrage et qui rassemble les textes antérieurs.

Sources

Xavier CANONNE, dans Nouvelle Biographie nationale, t. V, p. 197-199
Francis VANELDEREN, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 99
Numéro spécial de la revue Phantomas,  1957

Œuvres principales

La main heureuse (1950)
Pour une physique de l’écriture (1953)
Ripopée (1956)
Du pain noir et des roses (1957)