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Hubaux Jean

Académique, Philologie, Culture, Littérature

Marcinelle 28/01/1894, Liège 16/10/1959

Philologue, professeur à l’Université de Liège, également poète, conteur et romancier, Jean Hubaux a été l’un des meilleurs connaisseurs wallons de la langue latine et des auteurs grecs et latins ; spécialiste de Virgile, cet intellectuel aux idées politiques affirmées prit aussi sa part dans le débat démocratique de son temps.

Étudiant au Collège Marie-Thérèse de Herve, Jean Hubaux est inscrit à la Faculté de Philologie classique de l’Université de Liège, quand éclate la Première Guerre mondiale. Engagé comme volontaire au 12e régiment de Ligne, il se retrouve sur plusieurs champs de bataille et connaît la vie pénible des tranchées. En dépit des circonstances, il s’adonne à l’écriture de poèmes et de quelques articles. Il termine aussi ses études avec le grade de docteur en Philosophie et Lettres (1919), après avoir rendu une thèse sur les Bucoliques. Lauréat du Concours des bourses de voyage, il étudie à Paris, à l’École pratique des Hautes Études, puis à l’Institut historique belge de Rome (1921-1922), tout en commençant une carrière dans l’enseignement secondaire ; entre 1919 et 1924, il enseigne à l’Athénée de Dinant (1919), Ath (1919-1923) et Bruxelles (1923-1924). Chargé de cours à l’Université de Liège (1924), professeur extraordinaire (1929) puis ordinaire (1932), il exerce jusqu’à son éméritat, en 1957, assumant les cours d’exercices latins, d’explications d’auteurs, de littérature, de paléographie et occupant la chaire de Langue et de Littérature latines. De 1933 à 1959, il est aussi le directeur de la revue interuniversitaire L’Antiquité classique – qui succède au Musée belge.

Profondément attaché aux idées humanistes, cet intellectuel participe volontiers aux débats de société de son époque ; auteur de missives à l’adresse de Mussolini, du Négus et du Pape lors des conflits opposant l’Italie à l’Ethiopie, ce fervent défenseur de la liberté de pensée et d’expression préside une conférence pacifiste dans les années trente, en tant que membre du Comité régional de Vigilance des Intellectuels antifascistes, avec Victor Bohet, Jean Van Beneden et Jean Terfve. En 1938, il se fait membre de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie (1938-1940). Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, Jean Hubaux est rapidement emprisonné par l’occupant, à la citadelle de Liège puis à celle de Huy. À la Libération, après le Congrès organisé à Liège, il adhère au Congrès national wallon (décembre 1945).

Intéressé par le théâtre moderne et antique, il est un animateur important du Théâtre universitaire de Liège, à partir de 1938. Membre de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique (1952-1959), Jean Hubaux laisse de nombreuses traductions, de Horace et Catulle, mais aussi de Shakespeare, de Heine, Pétrarque, saint François d’Assise, entre autres. Dans son œuvre, le poète Virgile et les questions que soulèvent les écrits de celui-ci tiennent une place de choix. Romancier, il publie, en 1937, en collaboration avec Alexis Curvers, sous le pseudonyme de Jean Sarrazin, un roman intitulé Bourg-le-Rond. En 1954, un groupe d’amis réunit, sous le titre Feuilles du Bois l’Évêque – rappel de la rue Bois L’Évêque où Jean Hubaux habitait – douze contes, rédigés par Jean Hubaux. En 1958, paraît Rome et Véies, dernier ouvrage de Jean Hubaux, réalisé en collaboration avec son épouse et préparé par de nombreuses publications dont il fait la synthèse. Dans cette étude, sont étudiés dans le plus grand détail l’épisode de la lutte entre les deux villes et la personnalité de Furius Camillus. Quelques vers et traductions sont rassemblés, en 1965, par sa veuve et ses enfants, dans Semper virens.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Le Gaulois, 4 décembre, p. 2
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 618-619
Liber Memorialis, Université de Liège de 1867 à 1935, t. I, p. 566-567
Michel DUBUISSON, dans Nouvelle biographie nationale, t. VII, p. 205-206
J. VAN OOTEGHEM, « Notice sur Jean Hubaux », dans Annuaire de l’Académie de Belgique, t. 129, Bruxelles, 1963, p. 80-124

Œuvres principales

Le plongeon rituel et le bas-relief de l’abside de la basilique souterraine de la Porta Maggiore à Rome, article (1923)
Le réalisme dans les Bucoliques de Virgile (1927)
Les thèmes bucoliques dans la poésie latine (1930)
Bourg-le-Rond, roman (1937, avec Alexis Curvers)
Le mythe du Phénix dans les littératures grecque et latine (1939)
Les grands mythes de Rome (1945)
Tibère et le grammairien de Rhodes (1946)
La crue du lac Albain (1948)
L’aruspice et la sentinelle (1950-1951)
Comment Furius Camillus s’empara de Véies (1952)
Les feuilles du Bois l’Évêque, contes (1954)
Saint Augustin et la crise cyclique (1954)
Sur la mort de Jules César (1957)
Rome et Véies. Recherches sur la chronologie légendaire du Moyen Âge romain (1958)
Horatius decantatus. Douze poèmes d’Horace avec les traductions de Jean Hubaux complétée par deux de ses disciples (1962, éd. posthume)
Semper virens, poèmes et traductions (1965, éd. posthume)