Hubert Juin né Hubert Loescher

Culture, Littérature

Athus 05/06/1926, Paris 03/07/1987

L’œuvre littéraire de Hubert Juin est abondante et variée : romans, essais autobiographiques, livres de critique littéraire et de critique d’art et recueils poétiques. Son œuvre de fiction reste peu connue du grand public, à Paris et dans nos régions, car « l’œuvre de l’essayiste a trop souvent éclipsé celle du créateur ». Romancier et poète originaire d’Athus, Hubert Juin, pseudonyme de Hubert Lœscher, fait partie de ces écrivains wallons qui trouvent dans le régionalisme « une veine conforme à leur sensibilité ». Essayiste et critique littéraire, il est également l’un des meilleurs connaisseurs des écrivains du XIXe siècle. Alliant lecture textuelle et biographique, il signe des ouvrages capitaux dans l’essai littéraire, notamment Les libertinages de la raison (1968) et Lectures du XIXe siècle (1976 et 1977).

Interne au Collège Saint-Vincent de Virton, il suit ensuite ses parents à Bruxelles, où il fréquente plusieurs écoles et connaît une scolarité difficile. Il reviendra régulièrement en Gaume, jusqu’en 1952, pour de longs séjours. Entré dans la résistance à Bruxelles, il rejoint le maquis des Ardennes, en 1944. Au sortir de la guerre, il fait la rencontre notamment de l’écrivain Albert Camus lors d’un séjour à Paris, et se lie d’amitié avec le poète Joë Bousquet. Exerçant sans grande conviction divers métiers – dont celui de représentant en machines agricoles dans le Luxembourg –, il publie un premier essai, Jean-Paul Sartre ou la condition humaine (1946), mais l’ouvrage passe presqu’inaperçu. Fréquentant les écrivains et artistes avant-gardistes de Bruxelles, il collabore à diverses revues, notamment au journal surréaliste Ciel bleu (1945), Solstice (1945-1946), et à Cobra (en 1949). Pour Hubert Juin, les années 1950 signent le point de départ d’une vie sans ressources, faite de vagabondages, dans le Midi de la France, avec son ami l’écrivain binchois Gérard Prévot.

Chroniqueur à Combat, à partir de 1953, il crée la première page régulière touchant aux problèmes économiques, à la sidérurgie plus particulièrement. Depuis sa jeunesse, il est en effet captivé par la dualité qu’offrait Athus, cité partagée entre campagne et industrie. Plus tard, ces deux aspects seront au cœur de son cycle romanesque Les hameaux (1978) – réédition des cinq romans composant son œuvre, publiés entre 1958 et 1968 –, chronique de sa région et de ses habitants, dans laquelle « l’auteur mélange policier, roman noir, roman régionaliste, roman psychologique, roman lyrique et nouveau roman ».

C’est avec Les bavards, essai mêlé d’autobiographie, publié en 1956, dans lequel « tout est en germe déjà », que Hubert Juin fait son entrée en littérature, avant de partir durant deux années dans les pays de l’Est, jusqu’en 1958. De nouvelles rencontres capitales jalonnent la vie de cet auteur, celle d’Albert Béguin, à la revue duquel il collabore, de 1955 à 1958, d’Aragon aussi, avec lequel il commence une collaboration régulière aux Lettres françaises, que celui-ci dirige jusqu’en 1968. Journaliste littéraire et directeur d’émissions à France-Culture, Hubert Juin collabore également au Monde, au Magazine littéraire et à la Quinzaine littéraire. « […] il arrive souvent que des écrivains de chez nous s’installent à Paris pour y faire carrière et qu’ils y réussissent dans la critique aussi bien que d’autres en poésie ou au théâtre. C’est le cas […] d’un Hubert Juin, qui s’[est] fait connaitre dans les grands magazines littéraires français ».

En 1976, paraît Les guerriers du Chalco, son recueil maître. La poésie de Hubert Juin est faite de laisses de quinze à dix-huit pieds, dans lesquelles la femme tient une place centrale. Elle est d’ailleurs l’un des principaux sujets de prédilection de l’auteur. 

Sources

Hubert JUIN, Le repas chez Marguerite, Labor, 1997, p. 156-158 (Espace Nord, n° 8)
Guy DENIS, Hubert Juin, Paris, Seghers, 1978 (Poètes d’aujourd’hui, n° 238)
Anne-Marie TREKKER et Jean-Pierre VANDER STRAETEN, Cent auteurs. Anthologie de littérature française de Belgique, Bruxelles, Éditions de la Francité, 1982, p. 225-227
Robert SABATIER, Histoire de la poésie française. La poésie du XXe siècle, t. 3 : Métamorphoses et modernité, Paris, Albin Michel, 1988
Francis VANELDEREN, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 104
Jacques DUBOIS, dans Ibid., p. 145 

Œuvres principales

Jean-Paul Sartre ou la condition humaine, essai (1946)
Le livre des déserts, poèmes (1957)
La Nouvelle École de Paris, critique d’art (1956)
Les bavards, essai biographique (1956)
Pouchkine, critique littéraire (1956)
Aimé Césaire, poète noir, critique littéraire (1956)
Léon Bloy, critique littéraire (1957)
Soulages, critique d’art (1958)
Joë Bousquet, critique littéraire (1958)
Quatre poèmes, poèmes (1958)
Les sangliers, roman (1958)
Aragon, critique littéraire (1960)
Le voyage de l’arbre, poèmes (1960)
La pierre aveugle, poèmes (1961)
Les terrasses de jade, poèmes (1961)
Chroniques sentimentales, critique littéraire (1962)
Chants profonds, poèmes (1962)
La cimenterie, roman (1962)
Poèmes choisis, poèmes (1962)
André Masson, critique d’art (1963)
Construire un jardin, poèmes (1963)
Chaperon rouge, roman (1963)
Velasquez et Goya, critique d’art (1965)
Célébration du grand-père, essai biographique (1965)
Le repas chez Marguerite, roman (1966)
Miró, critique d’art (1967)
L’animalier, poèmes (1967)
Le soleil rouge, poèmes (1967)
Les incertitudes du réel, critique littéraire (1968)
Les libertinages de la raison, critique littéraire (1968)
Les trois cousines, roman (1968)
Charles Van Lerberghe, critique littéraire (1969)
Charles Nodier, critique littéraire (1970)
369, critique littéraire (1970)
L’usage de la critique, critique littéraire (1971)
Dessins de la mise à nu, poèmes (1971)
Le cinquième poème, poèmes (1971)
L’automne à Lacaud, poèmes (1972)
Les trois arbres, poèmes (1972)
Écrivains de l’avant-siècle, critique littéraire (1972)
Marcel Arnould, critique d’art (1973)
Paysage avec rivière, essai biographique (1974)
Barbey d’Aurevilly, critique littéraire (1975)
André Hardellet, critique littéraire (1975)
Le cheval bleu, poèmes (1975)
Lectures du XIXe siècle, critique littéraire (t. 1, 1976; t. 2, 1977)
Les oiseaux de laine, poèmes (1976)
Les guerriers du Chalco, poèmes (1976)
Le pays de verre, poèmes (1976)
Le livre de Paris 1900, critique littéraire (1977)
Ma fenaison, poèmes (1977)
La parisienne, critique littéraire (1978)
Nous, poèmes (1978)
Les hameaux, roman (1978, éd. collective des cinq romans précédents)
La France 1900 vue par les frères Seeberger, critique d’art (1980)
L’arbre au féminin, essai biographique (1980)
Le lit, critique d’art (1981)
Forêt peinte, poèmes (1981)
Vie de Victor Hugo, critique littéraire (1981, t. 1)
La destruction des remparts, essai autobiographique (1987)