Imhauser Fernand

Culture, Poésie

Liège 24/12/1928, Esneux 17/11/1968

Poète maudit, selon certains, Fernand Imhauser s’est joué des mots au cours d’une vie brève, où son talent s’est révélé précocement, mais sans parvenir à donner autant à lire que ses amis le souhaitaient. Parmi eux, Marcel Thiry saura le conseiller ; l’auteur de « Toi qui pâlis au nom de Vancouver » avait repéré chez Imhauser de grandes facilités d’écriture : « Il semble être capable d’écrire brillamment de toutes les façons ».

Dès sa jeunesse, Fernand Imhauser s’essaie à la poésie et, sur le conseil de Marcel Thiry, opte pour une « synthèse entre le modernisme du propos et le classicisme inflexible de la forme, sans s’enfermer pour autant dans un modèle unique ». Alors toujours aux études, Imhauser fait paraître son premier recueil en 1949, Le phoque mâle, préfacé par Marcel Thiry. Au début des années 1950, il fonde, avec notamment Jean Mottard, futur ténor du barreau et parlementaire défenseur de la Wallonie, et Madeleine Rey, fille du libéral Jean Rey, le plus petit théâtre de la cité ardente, l’Étuve, où fera ses débuts une pépinière de talents, parmi lesquels les comédiens Raymond Avenière, Christian Crahay, Jean-Luc Debattice, Anne Marev et Jo Rensonnet.

Devenu éducateur à l’Athénée de Seraing, Fernand Imhauser publie un second recueil, Varietur, en 1954. Il aborde les thèmes les plus divers et passe d’un ton, d’un genre et d’un modèle à un autre avec une facilité déconcertante. Poète tourmenté, il a « cette capacité à faire du poème l’exutoire formellement impeccable de ses révoltes, de ses cris, de ses mélancolies. Poète qui « avai[t] un fort tonneau de verbe à dégueuler », Fernand Imhauser réussit le mieux « quand il canalise dans l’alexandrin rimé les images, désirs ou colères qui semblaient le submerger. Il produit alors de saisissants tableaux, moins intimistes qu’ouverts sur le monde dans sa modernité brutale voire déprimante » (IMHAUSER, 2000). Son « don » pour l’écriture est également perceptible dans sa correspondance.

Fernand Imhauser publie également des textes pour la revue Savoir et beauté, ainsi que, à la demande de l’éditeur Dutilleul, une série de commentaires sur les œuvres de peintres belges qu’il signe sous le pseudonyme Quentin Ravon-Prague. Cependant, il n’y aura pas de troisième recueil. Engagé comme surveillant des études à Bukavu, il séjourne dans ce qui est alors la colonie belge jusqu’en 1960, année de l’indépendance du Congo. C’est là qu’il contracte une maladie tropicale, décelée en 1965 seulement. Trois ans plus tard, Imhauser décède ; il n’a pas quarante ans. Ses amis rassemblent alors des textes inédits et les publient aux éditions Temps Mêlés, sous la forme d’une œuvre complète (1971). Plus récemment, en 2000, une autre initiative est prise pour rassembler ses deux recueils, des poèmes de jeunesse, des textes épars, inédits, parus en revue, ainsi que des textes critiques ; ce volume est édité chez Tétras Lyre.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Le Soir, 12 janvier 2002 ; informations communiquées par Mme Imhauser, printemps 2016
Fernand IMHAUSER, Œuvres poétiques complètes publiées par ses amis, Verviers, Temps mêlés, 1971
Fernand IMHAUSER, Œuvres poétiques, Soumagne, Tétras Lyre, 2000 (Coll. Lyre Sans Bornes)
Laurent DEMOULIN, « IMHAUSER (Fernand), Œuvres poétiques », dans Textyles, n° 21, 2002, 132-133
Anthologie. Poésie en pays de Liège, Amay, Maison de la poésie, 1994
http://saulitude.rombauts.be/blog/orgues-de-barbarie/
http://www.promotiondeslettres.cfwb.be/index.php?id=itinerairebisoeuvrespoetiques (s.v. mars 2016)

Œuvres principales

Le phoque mâle, poèmes (1949)
Varietur, poèmes (1954)
Œuvres poétiques complètes publiées par ses amis (1971, éd. posthume)
Œuvres poétiques (2000, éd. posthume)