Jacques Izoard né Jacques Delmotte

Culture, Poésie

Liège 29/05/1936, Liège 19/07/2008

Jouissant d’une renommée internationale, Jacques Izoard, de son vrai nom Jacques Delmotte, est l’un des poètes majeurs du XXe siècle, fervent animateur et promoteur de l’écriture et de la poésie wallonnes, et singulièrement liégeoises.

Ayant grandi dans un milieu où les études et les arts sont importants – son père est instituteur, sa mère est professeure de dessin –, Jacques Delmotte commence sa scolarité à l’école communale où son père enseigne (1942), avant d’intégrer l’École moyenne et l’Athénée de Liège, où il mène des humanités gréco-latines (1948-1954). Dès cette époque, il publie ses premiers poèmes, dans Contacts, la revue de l’école. Sa première candidature en Philologie romane de l’Université de Liège ne correspondant pas à ses aspirations, il décroche un régendat littéraire, au milieu des années 1950, tout en collaborant à la revue Lettres 55. Professeur de cours généraux dans l’enseignement communal professionnel et technique de la ville de Liège à partir de 1958, Delmotte voit son avenir matériel assuré ; il enseignera jusqu’en 2000, mais l’essentiel de son existence est ailleurs.

Ses rencontres avec André Breton, Jules Supervielle et Francis Ponge notamment sont déterminantes dans l’œuvre du poète qui se nourrit profondément de surréalisme, tout en rejetant hasard et écriture automatique. À vingt-six ans, il publie son premier recueil, Ce manteau de pauvreté (1962), et adopte son pseudonyme définitif de Jacques Izoard. Ses poèmes sont extrêmement concis : 5 à 6 vers brefs de 4 à 9 syllabes. « Izoard n’a jamais assigné à la poésie la fonction de révéler un au-delà des choses ou de l’être, une réalité idéale qu’elle tendrait et échouerait toujours à atteindre et à dire. Nulle transcendance chez lui, spirituelle ou purement poétique. Sa poétique du mot et de l’objet était bien davantage matérialiste. […] Chez Izoard, le monde est littéralement à portée de la main et du langage ; sa poésie fait ce qu’elle dit, elle ne promet rien, n’a d’autre message qu’une ouverture sensuelle sur le réel » (PURNELLE). 

Membre du comité de rédaction du Journal des poètes (1964), et de L’Atelier de l’agneau, à partir de 1972, animateur de la Revue 25 (ou M25), créée par Robert Varlez, en 1977, et de la revue Odradek, dont trente numéros paraissent entre 1972 et 1980, il organise des lectures publiques à Liège, « habitant poétiquement sa ville », ainsi que de nombreuses rencontres littéraires qui enrichissent sa démarche créatrice. Très attentif à la poésie des autres, celle de ses amis, mais aussi celle des jeunes créateurs, talents naissants qu’il soutient et encourage à se dépasser, il découvre, en 1972, alors qu’il est membre du jury du concours Liège des Jeunes Poètes, le jeune Eugène Savitzkaya, avec lequel naitront une longue amitié littéraire et quelques collaborations, notamment pour le recueil Plaisirs solitaires (1979). En 1977, il publie un essai, consacré à la poétesse Andrée Chédid. Organisateur à Liège de La Nuit de la Poésie, il participe à plusieurs rencontres internationales de poésie et anime des ateliers au Cirque divers à Liège, à partir de la fin des années 1970. Il est aussi nommé secrétaire des Biennales internationales de poésie qui se déroulent à Liège.

Lauréat du Prix de l’Académie Mallarmé pour Vêtu, dévêtu, libre (1978) – qui reste encore aujourd’hui son œuvre-maitresse –, Izoard se voit aussi décerner le Prix Alain Bosquet pour le recueil Le Bleu et la poussière (1998), le Prix triennal de Poésie et le Prix Max Jacob, en 2001, ainsi que le Prix de Poésie Louis Montalte, en 2006. Ses œuvres complètes – plus de 50 recueils, près de 7.000 poèmes – ont été publiées en trois volumes, parus en 2006 (tomes 1 et 2) et en 2011 (tome 3), sous la direction de Gérald Purnelle.

La maison de Jacques Izoard, au numéro 50 de la rue Chevaufosse, est le siège de la Fondation « Maison Jacques Izoard », créée en 2008, dans laquelle se trouve encore la bibliothèque de l’artiste. Elle se donne pour objectifs la conservation du lieu et de l’œuvre du poète ainsi que la poursuite de son action de promotion des lettres liégeoises et wallonnes. La ville de Liège, quant à elle, a fait l’acquisition du Fonds Izoard, qui rassemble l’ensemble des papiers liés à la vie littéraire du poète : poèmes et textes critiques manuscrits ou dactylographiés, carnets, recueils remis à l’éditeur, correspondances, listes, annonces d’événements littéraires, rencontres, affiches, archives de revues qu’il a animées, etc.  

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Le Soir, 31 mai 1991
Jean-Marie KLINKENBERG, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 53
Francis VANELDEREN, dans Ibid., p. 110
https://maisondelapoesie.be/poetes-list/izoard-jacques/

Œuvres principales

Ce manteau de pauvreté, poèmes et autres récits, poèmes (1962)
Les sources de feu brûlent le feu contraire, poèmes (1964)
Aveuglément Orphée, poèmes (1967)
Des lierres, des neiges, des chats, poèmes (1968)
Un chemin de sel pur, poèmes (1969)
Le papier, l’aveugle, poèmes (1970)
Voix, vêtements, saccages, poèmes (1971)
Des laitiers, des scélérats, poèmes (1971)
Six poèmes, poèmes (1972)
La maison des cent dormeurs, poèmes (1973)
La patrie empaillée, poèmes (1973)
Bègue, bogue, borgne, poèmes (1974)
Le point près du cœur, poèmes (1974)
Poèmes (1974)
La maison dans le doigt, poèmes (1974)
Rue obscure, poèmes (1974)
Poulpes, papiers, poèmes (1975)
Le corps caressé, poèmes (1976)
La chambre d’Iris, poèmes (1976)
Andrée Chédid, essai (1977)
Vêtu, dévêtu, libre, poèmes (1978)
Enclos de nuit, poèmes (1980)
Langue, poèmes (1980)
Petites merveilles poings levés, poèmes (1980)
Frappé de cécité dans sa cité ardente, poèmes (1980)
Le corps et l’image, poèmes (1980)
Plaisirs solitaires, poèmes (1981)
Axe de l’œil, poèmes (1982)
Pavois du bleu, poèmes(1983)
Voyage sous la peau, poèmes (1983)
M’avait-il-dit, poèmes (1988)
Sommeil d’encre, poèmes (1988)
Corps, maisons, tumultes, poèmes (1990)
Ourthe sourde, poèmes (1991)
Poèmes (1991)
Ce que le sable efface, poèmes (1991)
La patrie empaillée, poèmes (1992)
Vendettas et tempêtes, poèmes(1994)
Sulphur, poèmes (1994)
Traquenards, corps perdus, poèmes (1996)
Entre l’air et l’air, poèmes (1997)
Carnaval d’hurluberlus, poèmes (1997)
Le corps dans le corps, poèmes (1997)
Rue sous-l’eau, poèmes (1997)
Corps à couleurs, poèmes (1998)
Le bleu et la poussière, poèmes (1998)
Du temps où le temps n’existait pas, poèmes (1999)
Hocheporte, poèmes (1999)
Inouïe nuit, poèmes (2000)
Pièges d’air, poèmes (2000)
Manuel de dessin, poèmes (2001)
Dormir sept ans, poèmes (2001)
Vin rouge au poing, poèmes (2001)
Les girafes du sud, poèmes (2003)
La peau qui se déchire, poèmes (2003)
Vain labyrinthe, poèmes (2004)
Bastilles ensevelies, poèmes (2004)
Tout mot tu, tout est dit, poèmes (2004)
Propos sur les albums Nuits du peintre Jean Hick et du poète François Jacquemin, avec Eugène Savitzkaya et Marc Renwart (2004)
Petits crapauds du temps qui passe, poèmes (2006)
Thorax, poèmes (2007)
Lieux épars, poèmes (2008)
Osmose perpétuelle, poèmes (2010, éd. posthume)
Poudrière et autres poèmes, poèmes (2011, éd. posthume)