Jodogne Omer

Académique, Philologie

Saint-Gilles 07/03/1908, Namur 21/06/1996

Philologue et linguiste, médiéviste et paléographe, Omer Jodogne a consacré une partie de ses travaux à la dialectologie wallonne et à l’onomastique. Passionné par la littérature dramatique, il a exploré durant toute sa carrière les œuvres du théâtre médiéval en langue d’oïl, surtout d’inspiration religieuse, dont il a donné plusieurs éditions. Pour ce natif de Bruxelles, les dialectes de l’espace wallon – plus particulièrement ceux d’Eben-Emael, où il vécut enfant deux ans, après le décès de sa mère, et de la région de Tellin, d’où provient son épouse – occupent une place prépondérante dans son champ d’investigation scientifique.

Après des humanités à l’Institut Notre-Dame de Cureghem, ce diplômé, avec grande distinction, de Philologie romane de l’Université catholique de Louvain (1930) et candidat archiviste-paléographe des Archives générales du Royaume, commence sa carrière professionnelle comme professeur à l’Athénée de Malines, où il reste en poste durant deux ans, avant de travailler comme archiviste-paléographe aux Archives générales du Royaume. Également éditeur, c’est durant cette période qu’il publie, avec Georges Doutrepont, les Chroniques de Jean Molinet, en trois volumes, publiés de 1935 à 1937, et couronnés par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres.

Chargé de cours à l’Université catholique de Louvain (1938), nommé professeur ordinaire (1942), il reste attaché à cette université jusqu’à son éméritat (1972), tout en accomplissant des séjours, comme professeur associé, dans des universités étrangères : Kinshasa (1967), Clermont-Ferrand (1969-1971) – pendant les troubles du Walen buiten qu’a connus Leuven –,Bordeaux (1974-1975), etc. Il obtient la création de deux cours à option, celui de dialectologie wallonne, en 1939, et d’onomastique gallo-romane, en 1951, ses domaines de recherche de prédilection.
L’anthroponymie retient l’attention d’Omer Jodogne, dès les années 1930, alors que cette branche est encore neuve, et il donne plusieurs articles sur les méthodes, les problèmes à envisager, la documentation disponible dans cette discipline. Auteur d’un Répertoire belge des noms de famille, pour l’arrondissement de Nivelles (1956) et de Liège (1964), il précise notamment l’implantation des noms dans les communes traitées et leur fréquence.

Dialectologue, membre des Amis de nos dialectes, il est l’auteur de plusieurs études de phonétique wallonne notamment et est à l’origine d’une bibliographie générale des productions littéraires et des études linguistiques locales, couvrant les années 1936 à 1950, qui paraît dans huit numéros de la revue Les dialectes belgo-romans, qu’il dirige, de 1946 à 1956.

Passionné par la littérature dramatique du Moyen Âge, Omer Jodogne donne plusieurs éditions d’œuvres du théâtre religieux, qui l’ont imposé comme autorité en la matière. Éditeur de Passions, celles de Jean Michel, en 1959, d’Arnoul Gréban, dont le premier volume paraît en 1965, il livre des études philologiques et linguistiques minutieuses sur la versification, un important apparat critique, des glossaires, des tables, etc. « Omer Jodogne ne négligeait pas les autres aspects de la littérature d’oïl : de nombreux articles nous apportent des considérations personnelles sur l’un ou l’autre problème relatif, soit à la chanson de geste ou aux romans de Tristan ou du roi Artur, soit au fabliau ou à la farce, et à François Villon » (HENRY), ainsi Le Miracle de saint Nicolas et d’un Juif (1982) ou autres Maitre Pathelin (1975).

Conférencier, auteur de nombreux articles consacrés aux débuts du théâtre religieux en France, au théâtre en Wallonie, etc., de comptes rendus, membre du comité de rédaction de plusieurs revues scientifiques, notamment la Revue des Langues vivantes, Les lettres romanes, la Revue Belge de Philologie et d’Histoire, il est également membre de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique et de la Société de Langue et de Littérature wallonnes, entre autres, ainsi que de sociétés internationales d’études médiévales, notamment la Société internationale Rencesvals, dont il est l’un des fondateurs. Par ailleurs, en 1976, il a été l’un des 143 signataires de la Nouvelle Lettre au roi (29 juin), destinée à dénoncer l’extrême lenteur mise dans l’application de l’article 107 quater de la Constitution ; il plaide ainsi en faveur d’un fédéralisme fondé sur trois Régions : Bruxelles, Flandre et Wallonie.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée
Madeleine TYSSENS, dans Nouvelle Biographie nationale, t. IX, p. 225-229
François PIROT, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 165
Albert HENRY, « Omer Jodogne », dans Annuaire de l’Académie royale de Belgique, 1998, pp. 51-66

Œuvres principales

Chroniques de Jean Molinet (1474-1506), édition critique, avec G. Doutrepont (1935-1937, 3 vol.)
Inventaire des archives des chambres suprêmes des Douanes et de la Judicature de Bruxelles (1937)
Troisième congrès international de toponymie et d’anthroponymie, actes et mémoires (1951)
Répertoire belge des noms de famille (1956 (Nivelles), 1964 (Liège))
Jean Michel. Le mystère de la Passion (Angers, 1486) (1959)
Le mystère de la Passion d’Arnoul Gréban, édition critique (1965, t.1 ; 1983, t. II)
Le fabliau, publié dans Léopold Genicot (dir.), Typologie des sources du Moyen Âge occidental (1975)
Maitre Pierre Pathelin. Farce du XVe siècle, translatée en français moderne (1975)
Miracle de saint Nicolas et d’un Juif (1982)