Kiesel Frédéric

Culture, Littérature, Poésie

Arlon 24/02/1923, Bruxelles 15/02/2007

Journaliste, poète, critique et essayiste, Frédéric Kiesel témoigne d’un intérêt profond pour la région arlonaise et, en écrivain « enraciné », ainsi qu’il se qualifie lui-même, s’illustre notamment par la réécriture de contes et légendes de l’Ardenne (comprise au sens large), rejoignant dans ce genre les illustres devanciers que furent Marcelin Lagarde, Louis Banneux ou Albert Bonjean.

Élève à l’Institut Sainte-Marie d’Arlon, Frédéric Kiesel s’inscrit à la Faculté de Droit de Louvain où il fait un doctorat. Volontaire de guerre au sein des « Brigades d’Irlande » (1944-1945), il s’inscrit au Barreau d’Arlon, exerce la profession d’avocat jusqu’en 1956, et donne dans le même temps des cours de vulgarisation juridique, aux Aumôniers du Travail d’Arlon, notamment. Fondateur du Club de l’Écran (1946), l’un des plus anciens ciné-clubs de Belgique, il est également  le fondateur de La Dryade, à la fois revue et maison d’édition.

Devenu journaliste à La Métropole d’Anvers (1956-1963), puis à La Cité (1963-1979), il réalise de nombreux reportages pour ce quotidien, qui le conduisent au Moyen-Orient, dans les pays de l’Est de l’Europe, au Canada, en Inde, en Thaïlande, au Bangladesh, etc. Ci et là, l’écrivain fera appel au souvenir de son expérience de journaliste, dans des essais comme Dallas, un crime sans assassin (1966), sur l’assassinat de Kennedy, dans L’impasse israélo-arabe (1972), mais aussi dans sa poésie, notamment dans le recueil L’autre regard (1985). Une grande partie de ses monographies traitent d’artistes et auteurs de l’Ardenne ou de la Lorraine belge : Albert Yande, Pierre Nothomb, Anne-Marie Kegels, Thomas Owen, mais pas seulement (Rainer Maria Rilke). Après La Cité, c’est au magazine Pourquoi pas ? qu’il collabore, à partir de 1979. Critique littéraire, Frédéric Kiesel publie sous le pseudonyme de Guillaume Dufays, dès 1978, et prend le statut de journaliste indépendant, en 1988, au moment où disparaît l’hebdomadaire créé, en 1910, par George Garnir, Léon Souguenet et Louis Dumont-Wilden.

La poésie est la principale activité littéraire de Frédéric Kiesel. Publié en 1952, son premier recueil, Ce que le jour m’avait donné, est d’emblée couronné du Prix Émile Polak de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Très attaché à la nature, qui est d’ailleurs un thème récurrent, il livre des poèmes courts, dans lesquels le temps, la recherche d’un ailleurs, « d’un lieu abstrait et comme dispersé, hors le temps et l’espace », le questionnement sur le sens de la vie, sur la mort, sont d’autres constantes.

Passeur de légendes, Frédéric Kiesel témoigne d’un profond intérêt pour les récits légendaires de sa région luxembourgeoise, prise au sens très large puisque sa trilogie L'or des fées, La prophétie d'Orval et Le meunier de Quarreux s’étend d’Orval à Stavelot (2003). Ses recueils de contes et légendes sont d’ailleurs la partie la plus populaire de son œuvre. Ceux-ci s’adressent également aux enfants ; son recueil Fables et comptines (1992) leur est entièrement destiné. Simples et familiers, ses écrits sont largement reproduits dans les manuels scolaires. Frédéric Kiesel a lu et présenté Nous sommes venus prendre des nouvelles des cerises (1982) aux enfants des écoles primaires.

Après le Prix Polak, Frédéric Kiesel a notamment encore reçu le Prix Le Borée pour Le cadran solaire (1964), le Prix des Scriptores Catholici pour Pâques sauvages (1974), le Prix Georges Garnir, de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique, pour Légendes d’Ardenne et de Lorraine (1974).

Trois ans après son décès, la Fondation Pierre Nothomb, en collaboration avec la maison de la culture d’Arlon et l’Académie royale luxembourgeoise, lui a rendu hommage, notamment par l’organisation d’une exposition et la création d’un spectacle, mettant en avant la carrière et les genres littéraires abordés par l’auteur (2010).

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse dont L’Avenir, 25 février 2004, et 27 mai 2010
Paul MATHIEU, dans Nouvelle Biographie nationale, t. XII, p. 163-164
Robert FRICKX, Raymond TROUSSON, Lettres françaises de Belgique. Dictionnaire des œuvres, t. 2 : La poésie, Paris-Gembloux, Duculot, 1988, p. 172 ; 241 ; 371
Francis VANELDEREN, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 103
Anne-Marie TREKKER et Jean-Pierre VANDER STRAETEN, Cent auteurs. Anthologie de littérature française de Belgique, Bruxelles, Éditions de la Francité, 1982, p. 233 et sv.
Roger BRUCHER, Poètes français du Luxembourg belge de 1930 à nos jours, Arlon-Bruxelles, Éditions de l’Académie luxembourgeoise, 1978
https://www.servicedulivre.be/Auteur/kiesel-fr%C3%A9d%C3%A9ric 
https://www.ecrivainsbelges.be/news/962/78/Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Kiesel/d,details_news 
https://maisondelapoesie.be/poetes-list/kiesel-frederic/ 
http://www.babelio.com/auteur/Frederic-Kiesel/233814 (s.v. mars 2016)

Œuvres principales

Poème pour la forêt, poèmes (1952) 
Ce que le jour m’avait donné, poèmes (1954)
Albert Yande, essai (1955)
Légendes du pays d’Arlon (1959)
Élégies du temps et de l’été, poèmes (1961)
Printemps-Orphée, poèmes (1962)
Le cadran solaire, poèmes (1964)
Pierre Nothomb, essai (1965)
Herbe sur le chemin, poèmes (1965)
Dallas, un crime sans assassin, essai (1966)
Lucien Maringer ou la poésie de l’image, essai (1967)
Louis Dubrau, essai (1970)
L’impasse israélo-arabe, essai (1972)
Légendes d’Ardenne et de Lorraine (1974)
Anne-Marie Kegels, essai (1974)
Pâques sauvages, poèmes (1974)
Légendes des quatre Ardennes (1977)
Histoires de mes villages, contes et légendes (1979)
Nous sommes venus prendre des nouvelles des cerises, poèmes (1982)
Le livre souvenir de Jean-Paul II en Belgique, essai (t. 1 et 2, 1985)
L’autre regard, poèmes (1985)
Charles Delaite, essai (1986)
Trésor des légendes d’Ardenne, contes et légendes (1988)
Légendes et contes de Gaume et Semois (1989)
Rainer-Maria Rilke. Le livre d’heures, traduction, en coll. avec Gaston Compère (1990)
Fables et comptines (1992)
Thomas Owen, les pièges du grand malicieux, essai (1995)
Le sablier, poèmes (1998)
La corne de brume, poèmes (1999)
L’échelle de Jacob, poèmes (2001)
Souvenirs d’Arlon dans l’Entre-deux-Guerres, mémoires (2002)
Philippe Leuckx, essai (2002)
L’or des fées et autres légendes des quatre Ardenne (2003)
La prophétie d’Orval et autres légendes de Gaume et de Semois (2003)
Le meunier des Quarreux et autres légendes d’Ourthe et d’Amblève (2003)
Quand Arlon piétonnait : souvenirs de l’Entre-deux-Guerres, mémoires (2003)