Legros Élisée
Culture, Folklore
Jalhay 18/04/1910, Liège 17/11/1970
Spécialiste de la dialectologie wallonne et du folklore, Élisée Legros a été un infatigable animateur de la « vie wallonne » au milieu du XXe siècle, un véritable « walloniste (ouvert) à la culture régionale et à la vie wallonne envisagées sous leurs divers aspects » (Piron). Directeur-adjoint du Musée de la Vie wallonne et responsable des publications (1949), il dirige le Bulletin des Enquêtes, ayant succédé à Jean Haust, avant de passer le relais à Louis Remacle. Chercheur aussi infatigable que méticuleux et érudit, Élisée Legros portait avant tout un regard de « scientifique » sur « sa » Wallonie, ses traditions, ses dialectes. Il s’était aussi imposé comme un expert des origines de la frontière linguistique.
Ayant accompli ses humanités à l’Athénée de Liège, cité où sa famille s’est installée en 1921, il poursuit des études en Philologie classique à l’Université de Liège et, en 1932, il est fait docteur en Philosophie et Lettres ; sa thèse lui vaut d’être premier au concours universitaire 1933-1935. Professeur de langues anciennes, et parfois de français, dans l’enseignement moyen, successivement affecté à l’Athénée de Tirlemont, de Jodoigne, de Huy et de Chênée en 1934 et 1957, il obtient un détachement temporaire au Service des enquêtes du Musée de la Vie wallonne (1947-1949), puis à l’Université de Liège (1952-1954), et séjourne en France grâce à une bourse UNESCO.
Davantage passionné par la dialectologie wallonne que par les lettres classiques, Legros est autorisé à enseigner – bénévolement – le folklore wallon, nouveau cours ouvert à l’Université de Liège (1950), avant d’être nommé chef de travaux en 1957, l’année même où lui est décerné le Grand Prix de Philologie du Centenaire de la Société de Langue et de Littérature wallonnes. Chargé de cours associé en 1964, il devient professeur associé en 1968.
L’essentiel de ses travaux et de ses recherches, il les mène en collaboration étroite avec Jean Haust, dont il héritera d’ailleurs de la bibliothèque personnelle (1946). Secrétaire wallon de la Commission de toponymie et dialectologie (1940), membre titulaire de la Société de Langue et de Littérature wallonnes (1949), au siège du Malmédien Henri Bragard, membre de sa Commission de toponymie et dialectologie, membre de la Commission du Folklore (1958), Élisée Legros devient le directeur scientifique de l’Atlas linguistique de Wallonie en 1953, projet auquel il collabore depuis ses origines. Il est aussi le co-fondateur du Centre interuniversitaire de Dialectologie wallonne (1949-1953).
Responsable des Enquêtes de la Vie wallonne, Elisée Legros est l’auteur d’une quantité importante d’articles publiés notamment par la revue La Vie wallonne, portant sur la dialectologie, le folklore, mais aussi sur l’histoire de la Wallonie malmédienne. Dans le Bulletin de la commission royale de Toponymie et Dialectologie, il publie annuellement la chronique de philologie wallonne (1938-1965). Au-delà du résultat publié de ses nombreuses recherches, E. Legros nourrissait également une réflexion sur la méthode, ainsi que sur les finalités. S’il avait accepté de participer à l’expérience politique de l’UDB en rédigeant de nombreux articles dans Forces Nouvelles (1945-1946), il se montra toujours circonspect à l’égard des récupérations politiques, attitude nourrie par la vive polémique qu’il entretint pendant la Seconde Guerre mondiale contre les collaborateurs, pour dénoncer la thèse de « la germanité de race des Wallons » entretenue par les nazis.
Sources
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 960
La Vie wallonne, III-IV, 1970, n°331-332, p. 541-542
Maurice PIRON, dans La Vie wallonne, I, 1971, n°333, p. 53-63
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 164, 187 ; t. IV, p. 185, 388
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 479
Marie-Thérèse COUNET, dans Nouvelle Biographie nationale, t. VI, p. 270-276
L’œuvre de philologie et d’ethnologie wallonnes d’Élisée Legros (1910-1970), Liège, 1996, coll. Mémoire wallonne, n° 3
Bibliographie d’Élisée Legros, dans Bulletin de la Commission royale de Toponymie et Dialectologie, 1971, t. 45, p. 68-87
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